La ministre de tutelle revient sur les avancées enregistrées par le Royaume en matière de protection et de promotion des droits humains des femmes, mais aussi sur les défis qui restent à relever pour plus d’équité.
Finances News Hebdo : «L'autonomisation politique des femmes et des défis de la régionalisation avancée» est le thème de cette conférence. Qu'est-ce qui justifie le choix de cette thématique ?
Bassima Hakkaoui : Le choix de ce sujet est dicté par le contexte dans lequel intervient la célébration de cette Journée nationale, à savoir le déroulement des élections communales et régionales du 4 septembre lors desquelles la femme a réussi à enregistrer des résultats très importants avec l’obtention de 6.673 sièges dans les conseils communaux.
En effet, les efforts déployés ont permis à la femme marocaine de faire une avancée importante en politique, passant de 0,56% des sièges en 2009, à 12% en 2012, puis à 27% en 2015.
Cependant, malgré ces avancées, il prévaut un sentiment de déception, notamment par rapport à l’absence de la femme dans les postes de décision. Un état de fait qui a résulté des décisions qui ont été prises dans le cadre des alliances entre partis. Cela dit, un grand défi reste à relever, notamment au niveau des partis politiques et du mouvement féministe.
De son côté, le gouvernement a été avant-gardiste, notamment sur le plan juridique, avec la promulgation de lois très importantes, qui ont permis à la femme marocaine d’atteindre ce pourcentage de 27%.
F.N.H. : Pensez-vous que le Maroc est en phase de régresser par rapport aux avancées enregistrées ?
B. H. : Nous ne pouvons parler de régression que lorsque nous rétrogradons par rapport à un objectif déjà acquis, ce qui n’est pas le cas dans notre pays. Lors de ces dernières élections, nous souhaitions que la présence de la femme dans les postes de décision soit au même niveau que celle des conseils des élus; qu’il y ait une proportionnalité entre la représentativité des femmes et celle des hommes. Ce qui n’était pas le cas. Sinon, le Maroc a enregistré une avancée remarquable ces dernières années en matière de droits de la femme et de sa présence dans la scène politique. Une avancée qu’il faudra, d’une part, conserver, et d’autre part, promouvoir vers une équité des chances au niveau des postes de présidence et de responsabilité, et pas seulement par rapport à la représentativité.
F.N.H. : Le Maroc est aujourd’hui face à un défi majeur, celui de la régionalisation avancée. Quel rôle la femme marocaine peut-elle jouer pour l’aboutissement de ce chantier d’envergure ?
B. H. : Le travail communal et régional, dans le cadre de la régionalisation avancée, accorde aujourd’hui une chance plus grande à la femme marocaine pour contribuer au développement régional. Et pour cause, la femme est plus efficace en matière de relation de proximité. Raison pour laquelle, les régions doivent miser sur les femmes pour réussir ce chantier d’envergure, satisfaire les besoins des citoyens et concrétiser les projets. Cette idée ne peut être portée ni défendue que par les femmes et quelques hommes qui ont foi en les capacités du sexe féminin et du rôle que la femme peut jouer dans la régionalisation avancée.
Propos recueillis par L. Boumahrou