Education, santé et emploi : le trio qui alimente les inégalités sociales

Education, santé et emploi : le trio qui alimente les inégalités sociales

 

Les inégalités entre riches et pauvres continuent de se creuser au Maroc. Trois secteurs sont dans le viseur : éducation, santé et marché de l'emploi.


 

L’éducation, la santé et l’emploi sont les trois principales sources qui alimentent le creusement des inégalités sociales dans le Royaume. C’est le principal constat qui ressort d'une étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), intitulée «La question des inégalités sociales : Clés de compréhension, enjeux et réponses de politiques publiques», publiée récemment.  

Cette étude se présente comme «une contribution au débat national autour de la question centrale de l’inclusivité du développement national», précisent les rédacteurs du document. Elle met en avant les inégalités liées aux «capacités d’accès aux services socioéconomiques de base» ainsi que celles se rapportant «aux opportunités et à l’égalité des chances», soit les « entraves structurelles à la mobilité sociale».

 

Education : les plus aisés avantagés par les dépenses publiques

La mobilité sociale est bridée essentiellement par les inégalités en termes d’éducation. Une situation à laquelle contribue, entre autres, l’inefficacité en matière d’allocation des dépenses publiques.

«Les dépenses publiques destinées au cycle de l’enseignement secondaire et supérieur profitent davantage aux couches sociales aisées», tranchent les rédacteurs de l’étude. En effet, selon les chiffres de l’étude, dans l’enseignement secondaire, 29% des personnes scolarisées appartenant à 20% des ménages les plus aisés, contre 10% des personnes issus des 20% des ménages les moins aisés, profitent des dépenses publiques allouées.

Les inégalités éducatives persistent malgré les programmes sociaux que l’Etat a mis en place. Il s’agit notamment de Tayssir (budget de 3,18 milliards de DH, depuis son lancement en 2008), l’Initiative royale «1 million de cartables» (budget de 1,47 milliard de DH, depuis son lancement en 2008) ainsi que celui des internats, cantines et transport scolaire en milieu rural (1,2 milliard de DH).

Cette persistance des inégalités en matière d’éducation est due en outre à l’héritage social. «En deuxième année secondaire, la différence des scores entre les élèves dont au moins un des parents possède un diplôme universitaire et ceux dont les parents ont, dans le meilleur des cas, achevé le cycle secondaire collégial est de l'ordre de 64 points en mathématiques et de 62 points en sciences», selon les résultats de l’étude du Programme national d'évaluation des acquis des élèves 2016 (PNEA) issu du rapport du Conseil upérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CESEFRS), que cite l’étude de la DEPF.
 

La santé, autre miroir des inégalités

Le domaine de la santé est, pour sa part, pointé du doigt dans la mesure où il contribue à l'exacerbation des inégalités entre les Marocains. Pour étayer l’écart en matière d’accès à la santé entre riches et pauvres, l’étude de la DEPF met en avant la différence en termes de mortalité infantile. En effet, cet indicateur s’établit à 33,9 décès pour 1.000 naissances vivantes pour les enfants issus des ménages pauvres, alors qu’il n’est que de 18,7 pour 1.000 naissances vivantes pour ceux relevant des ménages aisés, selon les résultats de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale 2011 que mentionne l’étude.

Au même titre que les programmes consacrés au domaine de l’éducation, le RAMED s’avère lui aussi stérile. Pour cause : «une offre sanitaire faible aussi bien au niveau national que régional», jugent les rédacteurs de l’étude. Une faiblesse due notamment à un effectif réduit du personnel médical et de l’insuffisance de l’infrastructure dédiée à la santé.

 

Les femmes et les instruits, premières victimes du chômage

Au Maroc, les femmes ont du mal à intégrer le marché de l’emploi. Le taux d’accès des femmes au travail est largement inférieur à celui de la gente masculine. Seules 23,6% des femmes sont arrivées à décrocher un emploi en 2016 (27,9% en 2005) contre 70,8% pour les hommes (76,2% en 2005).

Instruits mais chômeurs, c'est le slogan du marché de l'emploi au Maroc. Ainsi, le taux de chômage des détenteurs de diplômes moyen et supérieur s’établit respectivement à 22% et 14,1% en 2016, contre seulement 3,7% pour les sans-diplôme. Un état de fait qui s’explique par «la prédominance de l’emploi peu qualifié» et  «la prépondérance du secteur informel».

Pour nuancer la donne des inégalités sociales au Maroc, l’étude établit une comparaison avec un échantillon de 11 pays où le Maroc est classé en 4ème position, devancé par la Tunisie (3ème) et la Jordanie (2ème). L’Egypte étant le pays le plus égalitaire de l’échantillon.

 

 

 

 

 

 

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