Nombreux sont les Marocains qui scolarisent leur progéniture à l’école privée pour la compétence des enseignants.
Pour d’autres, les faibles performances du système éducatif public sont en partie tributaires de l’incompétence du corps professoral.
Les pays développés et ceux en passe de l’être, communément appelés les nations émergentes (Inde, Brésil, Chine), ont su tirer leur épingle du jeu en misant sur l’amélioration de leur système éducatif. Au regard de l’importance des dépenses publiques consacrées au département de l’Education nationale qui s’est accaparé un peu plus de 46 Mds de DH en 2016, force est d’admettre que le Maroc est tout aussi conscient de la centralité de l’enseignement pour son émergence. Cela dit, bon nombre d’instances internationales, pour ne citer que le Fonds monétaire international (FMI), ne cessent de faire remarquer que les résultats enregistrés par le système éducatif public sont en deçà des efforts budgétaires. D’ailleurs, les multiples lacunes de l’enseignement public (surpopulation des classes, manque de matériels scolaires, etc.) incitent de plus en plus de parents à s’orienter vers le privé pour la scolarisation de leur progéniture. La dernière enquête sur la perception des mesures du développement durable, réalisée par le haut-commissariat au Plan (HCP), est édifiante quant à l’attractivité de l’enseignement privé pour les 14.560 personnes interrogées. A la question de savoir pour quel système d'enseignement opteriez-vous pour vos enfants si vous en aviez le choix (c’est- à-dire les moyens), 47% des répondants ont plébiscité l’école privée, contre 42% qui ont affiché une préférence pour l’enseignement public. Mieux encore, la majorité des personnes interrogées a opté pour le système éducatif privé à cause de la compétence des enseignants, sachant que dans le même temps, ils jugent incompétents ceux de l’école publique. Or, force est d’admettre qu’il existe une nette corrélation entre la qualification de l’enseignant et le niveau des élèves.
Le problème est-il ailleurs ?
Interpellé par nos soins sur la qualité de la formation des enseignants au Maroc, Lahcen Daoudi, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, a dans un premier temps nuancé l’appréciation des citoyens interrogés par les hommes de Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan. «Le problème se situe plutôt au niveau de l’enseignement et non pas dans la qualité de la formation des enseignants», alerte-t-il. Et d’ajouter : «Au niveau supérieur notamment, tout l’enjeu concerne la pédagogie et le niveau de l’étudiant qui dispose maintenant d’Internet, une mine d’informations et de savoir». Le nouvel élu d’Azilal reste convaincu que l’enseignement au Maroc doit être revu depuis la base, car il est difficile, voire impossible de rehausser le niveau des étudiants. «Peu de bons profils arrivent à l’université», s’offusque-til. Par ailleurs, certains dysfonctionnements soulevés par les professionnels ne sont pas de nature à améliorer la formation des enseignants. Il s’agit, entre autres, de la redondance d'activités entre la formation initiale universitaire et la qualification professionnelle, la prédominance des cours magistraux et l’absence de concordance entre les modules et les situations professionnelles. En définitive, ce qui pré- cède montre quelque part que du chemin reste à faire, même si la Charte nationale de l'éducation et de la formation et le Plan d’urgence 2009-2012, étaient censés améliorer substantiellement la qualification des enseignants, qui, faudrait-il le rappeler, sont formés par les Centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation (CRMEF).
Par M. Diao
Gestion inefficace et départs massifs à la retraite
Le récent référé de la Cour des comptes afférent à la gestion du matériel didactique et des produits chimiques de certaines académies régionales de l’éducation et de la formation met à nu les dysfonctionnements criards de nature à pénaliser l’enseignement public au Maroc. Parmi les lacunes rendues publiques par les hommes de Driss Jettou, il y a lieu de citer l’acquisition de matériels obsolètes et non conformes à ceux formulés par les enseignants-utilisateurs et l’attestation de la réception du matériel par certains établissements scolaires sans que ledit matériel ne soit livré. Outre cette gestion qui prête le flanc à la critique, il est utile de rappeler que le déficit de ressources humaines de l’enseignement public ne cesse de se creuser. Sur les deux périodes 2014-2015 et 2015-2016, pas moins de 28.000 enseignants ont pris leur retraite. Les contrats à durée déterminée (CDD) envisagés par la tutelle permettront-ils de combler ces départs à la retraite ? A l’évidence, la réponse est non.