Le Centre marocain de conjoncture table sur une croissance annuelle de 4,6%, mais rappelle que ce n’est qu’un effet de rattrapage.
La croissance serait tirée par une reprise du secteur agricole et une hausse des exportations.
Le PLF 2020 doit apporter des solutions concrètes pour soutenir la croissance.
Par B.C
Le taux de croissance projeté pour l'année 2020 pourrait atteindre 4,6%, a estimé Ahmed Laaboudi, Directeur général du Centre marocain de conjoncture (CMC), lors d'un point de presse dédié à la présentation du rapport annuel du Centre, tenu récemment à Casablanca.
Selon ce même rapport, les performances de l'économie marocaine qui se profilent en perspective pour 2020, semblent prometteuses. «On peut dans un premier temps juger que la croissance sera relativement élevée, mais il ne s’agit en réalité que d’un effet de base, car nous allons juste récupérer la perte réalisée cette année», tempère toutefois Ahmed Laaboudi.
Les exportations en soutien
Rappelons que pour l’année actuelle, les économistes anticipent une croissance fort mitigée, qui revient, entre autres, au faible dynamisme du secteur primaire qui a accusé une forte baisse.
«L’année n’est pas encore bouclée, toujours est-il que sur l’ensemble des indicateurs qui sont disponibles actuellement, les indices précurseurs émanant des enquêtes et des analyses montrent que la croissance 2019 sera limitée et ne dépasserait pas les 3%», a, pour sa part, indiqué M'hammed Tahraoui, membre du comité scientifique du CMC.
Si l’on se réfère au scénario exploratoire établi par les experts du CMC, la croissance viendrait d’un relèvement de la production agricole ainsi que d’un prolongement suffisamment dynamique des tendances des autres secteurs.
Le CMC estime en effet que la campagne céréalière 2019-2020 serait moyenne et déboucherait, eu égard à la mauvaise campagne 2018/2019, sur une évolution en volume de 10% de la valeur ajoutée agricole en 2020, d’où l’effet de rattrapage. Des perspectives sur le secteur agricole, soulignons-le, qui demeurent bien plus optimistes que celles prévues par la Banque centrale qui table elle sur une valeur ajoutée en hausse de 6,3% en 2020
Finalement, c’est du commerce extérieur que l’embellie pourrait arriver, et notamment du comportement des exportations. «Il faut se focaliser sur les secteurs exportateurs afin d’espérer tirer la croissance vers le haut», a affirmé M’hammed Tahraoui.
Les autres secteurs devraient emprunter le sillage de l'agriculture et contribueraient d'une manière différenciée à l'évolution du produit intérieur brut (PIB). Le secteur secondaire avec toutes ses composantes, particulièrement l’industrie, fait preuve d’une certaine résilience et contribuera au soutien de la croissance pour l’année 2020, selon la même source.
En attente du «PLF»
Par ailleurs, les yeux seront rivés sur le Projet de Loi de Finances (PLF) pour l’année 2020-2021, et sa capacité à mettre en place les mesures de soutien à l’économie marocaine et permettre une croissance soutenue.
«Maintenant, nous attendons de voir ce qui sera fait au niveau de la politique économique pour pouvoir accompagner et gérer la conjoncture, et quelles sont les mesures à prendre et dans quel sens. Le PLF doit venir avec des solutions afin de corriger ce qui doit l’être», explique Ahmed Laaboudi.
Pour M'hammed Tahraoui : «La performance économique doit être soutenue et accompagnée par les bonnes politiques budgétaires et monétaires que devra mettre en place le PLF».
Il y a enfin toujours une part d’incertitude liée aux risques de l’environnement international, qui présentent une menace pour l’économie du Royaume.
Parmi les menaces citées par le CMC, on retrouve notamment des risques liés au commerce international suite à la hausse des politiques protectionnistes dans plusieurs pays. Il y a également la guerre commerciale sino-américaine qui risque, selon le CMC, d’avoir un impact non négligeable sur la croissance de l’économie mondiale.
La hausse des tensions politiques et géopolitiques au Moyen-Orient est également un danger à prendre en compte et qui aurait un impact sur le cours des matières premières, notamment le
pétrole. ◆