Echanges commerciaux : La Chine et les USA gagnent du terrain

Echanges commerciaux : La Chine et les USA gagnent du terrain

graphe momar

La période 2008-2015 marque une réelle modification de la structure géographique des importations du Maroc.

On relève ainsi le recul de la part des fournisseurs traditionnels dans les importations marocaines et ce, au profit de la Chine et des Etats-Unis.

Au cours des dernières années, le commerce extérieur national a connu plusieurs mutations de taille pour ne citer que la progression des ventes à l’étranger, la modification de la structure des exportations et la diversification des clients du pays. Cette transfiguration est aussi perceptible au niveau du profil des achats à l’étranger et de la structure géographique des importations du Maroc. En effet, certains Etats qui jusque-là étaient les premiers fournisseurs du Royaume, ont cédé du terrain par rapport à d’autres pays partenaires. Faut-il y voir un regain de compétitivité de ces nouveaux fournisseurs, qui montent en puissance dans le commerce extérieur du pays, ou plutôt mettre cette mutation sur le compte du dessein du Royaume visant à diversifier les fournisseurs, afin de réduire sa dépendance ? Ces questions restent toujours pendantes.

Toujours était-il que le dernier rapport économique financier fait état d’une progression significative de la valeur moyenne des importations entre 2008 et 2015. Celle-ci s’est chiffrée à 346 Mds de DH, ce qui représente près de 41% du PIB et 67% du commerce extérieur. Ces deux ordres de grandeur témoignent incontestablement de la centralité des achats à l’étranger pour le tissu économique. D’ailleurs, à en croire Abdellatif Mazouz, ancien ministre chargé du Commerce extérieur, les importations nationales sont constituées à 80% de produits structurellement indispensables à l’économie nationale, et dont la demande locale ne peut être réduite à court terme. A cela, il y a lieu d’ajouter que la production nationale inexistante, insuffisante ou non compétitive n’est pas de nature à satisfaire une part importante de la demande intérieure.

D’où l’impératif de recourir aux fournisseurs étrangers. Au-delà de ces lacunes inhérentes au commerce extérieur dont la plus grande manifestation est le déficit de la balance commerciale qui devrait s’aggraver en 2016, il est opportun de se pencher sur le groupe de pays ayant perdu du terrain dans la structure des importations du pays.

Essoufflement de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni

Entre 2008-2015, on note le recul de la part des fournisseurs traditionnels dans les importations marocaines. Pour preuve, entre la période 2000-2007 et 2008-2015, la part des importations en provenance de la France s’est dégradée de 19,1% à 13,9%, ainsi que celle du Royaume-Uni de 3,5% à 2,1% et de l’Italie de 6,1% à 5,6%. En revanche, sur les périodes précitées, la Chine a consolidé sa position passant de 4,3% à 7,2% et dans une moindre mesure les Etats-Unis de 4,5% à 6,8% et l’Espagne de 11,3% à 12,5%. Concernant le blé, même si la France est le premier pays de provenance (42%) devant la Russie et le Canada, il n’en demeure pas moins que l’Hexagone a perdu sa première place de fournisseur de voitures de tourisme au profit de l’Allemagne. Cela dit, en dépit de cette mutation, notons que la France et l’Espagne continuent d’être les deux premiers fournisseurs du Maroc. Par ailleurs, entre 2008 et 2015, deux pays ont enregistré des performances significatives en tant que principaux fournisseurs du Royaume. Il s’agit de la Chine, «L’atelier du monde», et des Etats-Unis liés au Maroc par un accord de libre-échange entré en vigueur le 1er janvier 2006. Sur la période précitée, l’empire du Milieu et le pays de l’Oncle Sam se sont respectivement classés à la 3ème et 4ème place des fournisseurs du Royaume devant des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Italie, l’Allemagne et le RoyaumeUni.

Rappelons tout de même que l’augmentation de la part de la Chine (première puissance commerciale mondiale) dans les importations du Maroc intervient dans un contexte de rapprochement économique entre les deux Etats. En effet, en mai dernier, la visite royale dans l’empire du Milieu avait débouché sur la signature d’une multitude de conventions portant sur plusieurs domaines (agro-business, industrie, énergies renouvelables, secteur bancaire, etc.).

Cette nouvelle impulsion royale donnée aux relations sino-marocaines laisse légitimement penser que la Chine pourrait au cours des années à venir voir son classement dans les importations nationales progresser.

M. Diao

Panier des importations

Entre 2008 et 2015, le panier des importations était composé des énergies et lubrifiants (24% en moyenne), des demi-produits (21%), des biens d’équipement industriel (21%), des produits finis de consommation (18%) et des produits alimentaires (10%). A noter que cette structure a connu la progression de la part des énergies et lubrifiants (+5%) et des biens d’équipement industriel (+ 1point) par rapport à 2000-2007, et ce, au détriment de celle des produits finis de consommation (-4 points). Il convient toutefois de préciser que l’Arabie Saoudite (principale provenance des matières plastiques) et l’Irak ont vu leur part dans les importations de brut de pétrole progresser pour se situer respectivement à 51% et 26%, et ce au préjudice de la Russie et de l’Iran.

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