Plusieurs facteurs expliquent le caractère timoré des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays subsahariens.
En 2018, l’Asie n’a représenté que 10,3% des exportations nationales.
Par Momar Diao
La diversification des débouchés des produits et des services nationaux est un impératif afin de remédier en partie au déficit structurel de la balance commerciale.
Pour avoir un ordre de grandeur, les échanges commerciaux ont dégagé un déficit commercial de 205,9 Mds de DH l’année dernière. Ce qui marque une aggravation de 16,6 Mds par rapport à 2017.
Le constat des experts du Centre marocain de conjoncture (CMC) est sans appel. «Au déséquilibre persistant des échanges commerciaux du Maroc s’ajoute une forte concentration des transactions sur le continent européen», relèvent-ils. Et de préciser : «On estime à plus de 67% la proportion de l’ensemble des transactions commerciales qu’effectue le Maroc avec le seul continent européen. Cette concentration apparait encore plus marquée s’agissant des flux d’exportation où le contient européen génère, à lui seul, plus de 71% du chiffre d’affaires à l’export du Maroc».
Cette forte dépendance jugée inopportune par plusieurs économistes devrait inciter les pouvoirs publics et les exportateurs à mettre en place des mécanismes afin de favoriser de nouveaux débouchés aux produits nationaux, notamment en Afrique et en Asie.
L’analyse des chiffres de l’Office des changes montre que le Maroc ne tire pas suffisamment profit du potentiel dont recèlent les pays africains qui voient leurs classes moyennes s’élargir. Il en est de même que pour les pays asiatiques surreprésentés dans le peloton des pays émergents. En effet, les exportations marocaines vers l’Afrique au titre de l’année 2018 ont chuté de 2,4% en comparaison à l’année 2017. L’Afrique ne représente que 7,8% des exportations marocaines et 3,9% des importations du Royaume. De plus, les échanges avec le continent ne pèsent que 5,3% du commerce extérieur en dépit des multiples efforts déployés par le Maroc afin de dynamiser les relations économiques avec son continent d’appartenance.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’Asie, les échanges avec cette partie du monde ont pesé près de 16,2% du commerce extérieur en 2018. La valeur des importations en provenance de ce continent s’est chiffrée à plus de 94 MMDH, sachant que les exportations se sont situées à plus de 28 MMDH en 2018. L’Asie ne représente que des 10,3% des exportations nationales et 19,6% des importations.
Ainsi, l’Afrique et l’Asie ont représenté près de 21,5% du commerce extérieur national l’année dernière.
Rappelons tout de même que le déficit avec le continent asiatique a contribué à hauteur de 32% au déficit global en 2018 pour culminer à 65,9 MMDH en 2018 (contre 57 Mds DH en 2017).
Même si l’Afrique demeure le seul continent avec qui le Maroc enregistre une balance commerciale excédentaire, plusieurs facteurs expliquent le caractère timoré des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays subsahariens. Il s’agit entre autres, de la forte concurrence que se livrent les puissances commerciales sur le continent (UE, USA, Chine, Inde, etc.) et de la déficience des infrastructures de transport.
Cet obstacle logistique contribue à l’augmentation des coûts des échanges.
Parmi les autres obstacles à la percée des produits nationaux en Afrique subsaharienne, citons l’insuffisance de diversification, de sophistication et de complexité des produits exportés, parfois inadaptés à la demande locale.
En outre, l’amélioration de la présence des produits et des services marocains sur le continent a été jusque-là bridée en partie par l’inexistence d’une zone de libre-échange continentale, vecteur de facilitation du commerce. A ce titre, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) dont le Royaume fait partie pourrait remédier à cette contrainte.
«La stratégie de pénétration adoptée à l’égard des marchés africains s’impose comme un axe principal de diversification des débouchés», fait-on savoir du côté de l’Observatoire privé et indépendant. Pour ce qui du marché asiatique, jugé comme une destination d’importance pour la relance du secteur exportateur, les experts du CMC prônent une approche assise sur la dynamique de l’investissement afin de renforcer l’attractivité du pays envers les investissements en provenance d’Asie, notamment dans les secteurs d’activité orientés à l’export. L’observatoire appelle aussi à la dynamisation de l’investissement direct dans les pays africains afin de consolider les marchés ciblés pour l’export.