Développement rural : L’intérêt d'une agence dédiée

Développement rural : L’intérêt d'une agence dédiée

focus agricole

La création d’un tel organisme permettra la coordination avec tous les acteurs concernés, surtout que l’on note une multitude de départements et d’administrations dédiés. Le monde rural souffre de plusieurs déficits qu’il est impossible de combler dans un temps limité à six ans.

Après le Plan Maroc Vert, le monde rural bénéficiera d’un fonds spécial de développement de 55 Mds de DH, répartis sur six ans. 

La réalisation des projets financés par ce fonds nécessite la mobilisation de plusieurs intervenants. Dix départements ministériels sont concernés : l’Agriculture, l’Intérieur, les Finances, l’Equipement, l’Artisanat, la Formation, l’Energie, l’Education, la Santé et les Habous. Outre les plans sectoriels, les ministères doivent veiller à une meilleure cohérence entre les différentes stratégies.

Le ministère de l’Agriculture est le chef de file de ce programme. Mais plusieurs interrogations sont posées quant à la manière dont il sera exécuté. Le département de tutelle a-t-il tout le savoir-faire et l’aptitude requis pour faire la réalisation, le suivi et le contrôle des différents projets. La création d’une Agence de développement rural se pose donc avec acuité. Une idée évoquée par le parti de l’Istiqlal, qui a déjà déposé une proposition de loi pour la création d’un tel organisme. Une manière de doubler le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, désigné ordonnateur du fonds de développement rural. L’initiative du parti de la balance est plus politique qu’économique mais plusieurs observateurs estiment que cette institution peut assurer la réussite du projet et donner une nouvelle dynamique pour soutenir le monde rural.

«L’Agence serait un établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière agissant sous la tutelle du ministère de l’Agriculture. Mais, elle devrait disposer d’un conseil d’administration où tous les ministères et les institutions concernés siègent. Cet organisme devrait permettre une coordination entre toutes les parties prenantes pour assurer une cohésion et une harmonie dans l’exécution des projets. A cet égard, l’agence disposerait des ressources humaines qualifiées, chacune dans son domaine, émanant de plusieurs ministères et parfois de compétences provenant du secteur privé», souligne Mohamed Amrani, professeur universitaire.

Mais pourquoi faut-il créer une agence alors que la mission du fonds de développement agricole est limitée dans le temps à six ans ?

«Plus de 40% de la population du Maroc vit dans le monde rural. Ces régions du pays accusent des lacunes et des déficits à plusieurs niveaux. Il est difficile de combler ces retards en six ans. Il est donc souhaitable que l’Agence de développement rural soit instituée pour une longue durée afin d’avoir plus de visibilité et un prolongement bien encadré des programmes arrêtés par l’Etat», explique Amrani.

En effet, plus de 15 millions de personnes vivent dans les campagnes, dont 30% sont dans une situation de vulnérabilité. Le Maroc a intérêt à concentrer ses efforts pour soutenir ces régions et assurer leur développement. Il s’agit de combler les déficits existants, et ce dans plusieurs domaines, notamment au niveau des infrastructures de base.

L’expérience des agences de développement qui ont été créées soit à caractère sectoriel, comme celle des zones oasiennes et de l’arganerie, soit régional, comme celle du Nord, du Sud ou de l’Oriental, a montré son efficacité.

Ayant l’expérience du terrain, l’Agence devrait présenter au gouvernement des propositions pour l’amélioration des textes législatifs et réglementaires à même de remédier aux dysfonctionnements qui perturbent le développement du monde rural. L’institution devrait être non seulement un organe d’exécution mais aussi de réflexion pour trouver les meilleures pistes et solutions à lancer. L’idée est de s’inspirer des différentes expériences réussies dans d’autres pays. Il est question de tirer profit des différents modèles surtout dans les pays dont la structure rurale ressemble à celle du Maroc.

Charaf Jaidani

 

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