Les opérations seront faibles et à coût réduit car les réserves en eau présentent un niveau faible. Le reboisement est marginalisé dans les projets de construction des ouvrages.
Par C. Jaidani
La construction des barrages est un levier important pour assurer la sécurité hydrique du Royaume. Semi-aride et marqué par l’irrégularité des pluies, le pays a besoin d’optimiser l’utilisation de toutes ses ressources en eau pour faire face à la sécheresse. C’est pour cette raison qu’il est utile de lutter contre toutes les formes de gaspillage ou de mauvaise utilisation de l’eau. L’envasement des barrages figure parmi les facteurs qui impactent directement les réserves en eau. Le département de l’Équipement et de l’Eau estime le volume perdu à cause de ce phénomène à 75 millions de m3 par an.
Interpellé récemment à ce sujet à la Chambre des représentants, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, a reconnu que le «l’envasement des barrages ne date pas d’aujourd’hui. Le degré diffère d’un ouvrage à un autre et d’une région à une autre. Le phénomène biaise les données sur le niveau de stockage en eau». Sur la base des études de bathymétrie (technique d’analyse des profondeurs), le département de tutelle est en train de faire un diagnostic de la situation à partir duquel il prendra les mesures qui s’imposent, comme le désenvasement, la surévaluation des barrages concernés ou carrément la construction d’un nouveau barrage soit en amont ou en aval. «L’envasement des barrages présente de nombreux risques qu’il faut prendre en considération. Non seulement il fait perdre de l’eau, mais il réduit les capacités de lutte contre les crues et aussi la production d’électricité pour les ouvrages qui ont cette fonction, sans compter les effets néfastes sur l’écosystème», affirme Mounir Benzohra, expert en hydrologie.
Il faut rappeler qu’à cause de l’envasement du barrage oued El Maleh, la ville de Mohammédia a été inondée en 2002. Les crues ont généré des dégâts humains et matériels importants, causant même une dégradation de la raffinerie de Mohammédia. Construit au début des années 30 du siècle dernier, l’ouvrage avait à son lancement une capacité de stockage de 15 millions de m3 d’eau. Avec l’envasement, sa retenue a été réduite à 5 millions de m3 seulement. Sous l’effet de pluies torrentielles, qui ont duré 12 heures, il a commencé à déverser de l’eau à 108 m3 /s et la catastrophe n’a pas tardé à venir. Ce scénario pouvait se répéter lors des fortes intempéries ayant marqué le sud-est du Royaume en octobre dernier, notamment au niveau des barrages de Mansour Dahbi, sur oued Draâ, et Hassan Dakhil, sur Oued Ziz. Heureusement que ces ouvrages avaient des réserves en eau faibles et leur capacité de stockage atteint 445 millions de m3 pour le premier et 312 millions m3 pour le second.
«Fortement pénalisées par plusieurs années de sécheresse, les réserves en eau des barrages sont à un niveau très bas. C’est le meilleur moment pour procéder aux opérations de désenvasement ou de dragage. Elles seront plus faciles et moins coûteuses. Il est utile de profiter de cette situation, surtout pour les ouvrages qui sont dans un état de tarissement ou baisse drastique de l’eau. Il est également utile d’accélérer les programmes de reboisement aux alentours des bassins hydrauliques afin de réduire l’érosion des sols», explique-t-il. Certaines agences de bassins hydrauliques ont déjà programmé des opérations de désenvasement, à l’image de celle de Moulouya. Elle a conclu un accord avec de nombreux intervenants publics et privés pour procéder au dragage du barrage Titaouine. Pour des raisons budgétaires, ces projets sont limités.