Démantèlement tarifaire : Dernière ligne droite pour le tissu national

Démantèlement tarifaire : Dernière ligne droite pour le tissu national
■ A quelques mois d’un démantèlement tarifaire total, la capacité des entreprises nationales à affronter la concurrence étrangère se pose avec acuité.
■ Les programmes gouvernementaux peuvent être salutaires. Mais le problème de financement est toujours présent.  

Dans le secteur de l’industrie, la libéralisation totale est prévue pour le mois de mars 2012 et chaque fois c’est du côté marocain que règnent l’inquiétude et la suspicion. Dans un nouveau contexte marqué par une concurrence de plus en plus exacerbée, les entreprises marocaines seront-elles prêtes à affronter la concurrence européenne sur le marché intérieur ?
Par le passé, les pouvoirs publics s’étaient engagés dans une mise à niveau du tissu économique qui, malheureusement, n’avait pas réussi pour moult raisons (manque de communication, absence de concertation entre les différentes parties…). Quelques années après, ayant réalisé que la mise à niveau est un vœu pieux, le gouvernement s’était engagé à bras le corps dans différents programmes sectoriels, avide de préparer le tissu national à la concurrence étrangère. Aujourd’hui, à quelques mois d’un démantèlement tarifaire total, la question refait surface quant à la capacité des entreprises nationales à être au diapason de leurs concurrentes étrangères.
A priori, ce démantèlement tarifaire aura un impact assez important sur notre économie. Si les importations en provenance de notre principal partenaire vont connaître des augmentations significatives, les exportations profiteront aussi de cette ouverture. D’abord, parce que l’offre exportable pourrait gagner en compétitivité en utilisant des intrants moins chers. Ensuite, au regard des opportunités qu’offrent les pays partenaires, qui sont amenés aussi à ouvrir leurs marchés aux produits fabriqués au Maroc et surtout à l’attrait des investissements que constituent ces ouvertures. D’où la dynamique de développement qui semble se manifester aujourd’hui par la mise en œuvre de plans sectoriels à même d’accroître l’offre exportable basée sur les métiers mondiaux du Maroc (industrie, services, agriculture, commerce, tourisme, logistique…).
Interrogé sur l’impact du démantèlement tarifaire total, Eneko Landaburu, à l’occasion d’un entretien accordé à la CFCIM a annoncé : «C’est un engagement qu’a pris le Maroc. Et j’espère que le Royaume a des atouts pour faire face à cet engagement». Il s’empresse d’ajouter : «Vous savez, on n’a rien trouvé de mieux, même si ce n’est pas parfait, que la concurrence pour stimuler l’innovation, la compétitivité, la productivité, la croissance et donc la création de l’emploi». «On sait que ce n’est pas parfait, mais on n’a rien trouvé de mieux. Et l’alternative qui consisterait à bloquer les frontières serait pire que tout car elle va conduire à la misère. Alors voilà, on doit jouer dans ce monde qui est imparfait, mais qui soit le seul dans lequel nous pouvons faire des progrès pour nos objectifs de croissance, de richesse et d’emploi» précise-t-il. Mais encore faut-il que les entreprises soient fortes et à même de créer de la valeur ajoutée.

Le financement : une vraie lame de fond
D’emblée, il est à souligner que si la PME constitue, à n’en pas douter, un véritable moteur de développement, sa situation reste mal cernée étant donné que la majorité du tissu économique échappe encore au secteur formel et que les statistiques actuelles ne permettent pas une bonne lecture du comportement de cette catégorie d’entreprises. Cependant, toutes les études concordent aujourd’hui sur le fait que presque 95% du tissu national sont constitués de PME. Une analyse bien détaillée montre que 96% des PME marocaines sont des TPE dont une grande partie réalise un chiffre d’affaires inférieur à 3 MDH. La participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale de l’économie marocaine tourne seulement autour de 20%. Par secteur, cette participation est très variable allant de 0,2% pour la branche de la production et de la distribution d’électricité, gaz et eau, à 73% pour celles de l’immobilier et des services. Cette faible contribution des PME au PIB marocain s’explique essentiellement par les multiples écueils qui entravent la bonne marche de ces entreprises dominées par de petites structures familiales.
Interrogé sur la capacité du tissu national à affronter la concurrence étrangère, un opérateur explique : «Ce que je peux dire, c’est que l’ANPME a échoué dans sa mission d’accompagnement de la PME. Elle se cantonne à produire des études sans apporter un véritable soutien et conseil à la PME».
Du fait de l’ouverture totale du marché marocain, la structure de la PME a certes évolué notamment sur les aspects organisationnels, ressources humaines et systèmes d’information. C’est devenu une question de survie. Si elle n’est pas de plus en plus professionnelle et experte dans son métier et si elle ne maîtrise pas au plus près ses coûts, une PME aura du mal à vivre sur le long terme et à affronter ses concurrentes étrangères. Les programmes gouvernementaux peuvent être menés à bon escient, mais là où le bât blesse, c’est l’aspect financement et capitalisation surtout à l’heure actuelle où la diminution des liquidités fait que les banques sont de plus en plus frileuses pour financer les PME. Une chose est cependant sûre : pour être au diapason de leurs concurrentes étrangères, les entreprises nationales doivent être compétitives en termes de prix mais aussi en termes hors prix. Elles doivent s’intéresser davantage aux questions de la qualité de leurs produits, à l’encouragement de l’esprit de l’innovation et à la mise en place d’une stratégie de différenciation des produits par la qualité. ■
Soubha Es-siari Mise à niveau : un tremplin vers la compétitivité
Le Pacte National Pour l’Emergence Industrielle a mis en place un programme volontariste de renforcement de la compétitivité des PME autour de trois initiatives. D’abord, ce plan vise la croissance des PME et le renforcement de leur productivité. Les programmes Imtiaz et Moussanada sont les principaux outils de ce plan en matière de financement. Ledit plan a également permis la mise en place de l’ambitieux projet INMAA.

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