Délais de paiement : Vers une dégradation dans le secteur privé ?

Délais de paiement : Vers une dégradation dans le secteur privé ?

◆ Au Maroc, les délais de paiement moyens des TPE et PME étaient déjà longs, respectivement de 212 et 120 jours. Avec la crise du coronavirus, la situation pourrait s’aggraver.

 


Par : Momar Diao


 

En temps normal, rares sont les entreprises marocaines qui payent leurs fournisseurs à temps. En période de crise et de quasi arrêt de l’activité économique, induite par le confinement obligatoire suite à la propagation de la pandémie du coronavirus, il est tout à fait logique de s’attendre à une hausse substantielle des crédits interentreprises et de la dégradation des délais de paiement du secteur privé au Maroc.

Faudrait-il rappeler que la pandé- mie qui sévit à l’échelle mondiale, a pu modifier le comportement des entreprises françaises dont le délai de paiement moyen tournait autour de 10 jours. Aujourd’hui, en raison de la crise sanitaire et économique qui prévaut dans l’Hexagone, le délai de paiement moyen client des entreprises a été multiplié par 5. Amine Diouri, directeur des Etudes et Communication d’Inforisk, ne cache pas son inquiétude sur la situation des entreprises marocaines pendant cette période exceptionnelle. «Pour l’heure, il est prématuré de chiffrer l’impact de la crise actuelle sur les délais de paiement du secteur privé. Mais on se doute qu’on risque d’avoir un niveau de dégradation des délais de paiement similaire à celui de la France», alerte le spécialiste. Et d’ajouter : «Contrairement à l’Hexagone, les délais de paiement du secteur privé au Maroc étaient déjà longs, 212 jours pour la TPE et 120 jours pour la PME».

La situation de quasi arrêt économique sera lourde de consé- quences pour les TPME qui, auparavant, avaient un système immunitaire affaibli par les longs délais de paiement, facteurs de pression sur la trésorerie. Aujourd’hui, cette catégorie d’entreprises est aussi pénalisée par le recul des ventes et donc la baisse de chiffre d’affaires, causée par le ralentissement de l’activité économique suite au confinement. Interrogé sur la récente mesure prise par Mohamed Benchaâboun à travers la circulaire exhortant l’Etat et ses démembrements (EEP) à accélérer le paiement en faveur des TPE et PME, notre interlocuteur rappelle que le vrai problème à résoudre se situe au niveau du secteur privé.

Au final, au regard de la gravité de la situation qui se profile, les autorités publiques doivent encore aller plus loin sur les délais de paiement du secteur privé, en prenant promptement des mesures efficaces. Ce qui éviterait à des milliers de TPE et PME de mettre la clef sous la porte.

 

 

Amine Diouri, directeur des Etudes et Communication d’Inforisk
«Dans cette période de crise, l’Etat français a mis en place un Fonds de garantie de 300 milliards d’euros, dédié aux crédits des entreprises à taux quasi nul. Toutes les sociétés sont susceptibles d’être garanties par le fonds pour l’obtention d’un crédit bancaire, sauf celles qui ne respectent pas les délais de paiement en vigueur en France. Le règlement à temps des fournisseurs est érigé en critère pour bénéficier de la garantie de l’Etat fran- çais. Ce genre de démarche devait être appliqué il y a longtemps dans notre pays afin d’atténuer le problème des délais de paiement du secteur privé. Aujourd’hui, dans l’élan de solidarité avec la mise en place du Fonds dédié à la gestion de la pandémie coronavirus, l’Etat s’active pour aider, entre autres les personnes vulnérables. La solidarité économique doit aussi être de mise. Il faut faire appel au sens civique des entreprises afin que celles qui ont assez de trésorerie règlent à temps leurs fournisseurs, notamment les TPE et PME qui traversent une situation difficile.

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