Défaillances d’entreprises: près de 99% des entreprises impactées sont des TPE

Défaillances d’entreprises: près de 99% des entreprises impactées sont des TPE

Le dispositif juridique de protection mis en place n’a pas encore donné les effets escomptés.

Vulnérable à la mauvaise conjoncture, les secteurs du commerce, de l’immobilier et du BTP demeurent les plus exposés.

 

Par C. Jaidani

 

A près une hausse de 18% des défaillances d’entreprises enregistrées au cours du premier semestre 2023 par rapport à la même période de l’année dernière, le taux recule pour atteindre 13% à fin septembre 2023. Cela est dû en grande partie à la quasi-stabilisation du phénomène lors du troisième trimestre 2023, puisque le niveau s’est limité à 1% de croissance seulement.

Les experts d’Inforisk, qui ont livré ces chiffres, restent toutefois sceptiques, estimant qu’il existe de nombreux facteurs qui peuvent aggraver la situation, comme le séisme d’Al Haouz, l’inflation, la conjoncture internationale défavorable, la sécheresse ou l’accentuation du phénomène des délais de paiement. Ils tablent à cet égard sur une croissance de 21% pour l’année 2023. Le nombre de défaillances d’entreprises au cours des 9 premiers mois de l’année culmine à 9.380, qui sont constitués à raison de 98,6% de TPE, 1,3% de PME et 0,1% seulement de grandes entreprises. «Les TPE sont les entités les plus vulnérables.

Dans une mauvaise conjoncture, elles sont les premières à être impactées. Elles ne disposent pas d’assez d’immunité pour se protéger. La succession de crises comme celle de la pandémie, puis la guerre en Ukraine a affaibli leur situation. Elles sont actuellement sous l’effet de la hausse des coûts des intrants et le rallongement des délais de paiement qui dépassent 240 jours, responsables pour plus de 40% de leur banqueroute», souligne Abdellah Fergui, président de la Confédération des TPE/PME. Il note que les différents dispositifs mis à la disposition de l’entreprise au Maroc profitent essentiellement aux grandes et moyennes entreprises.

Pour la plupart ne tenant qu’une comptabilité précaire, les demandes de financement des TPE sont rejetées systématiquement par les banques qui exigent des garanties plus importantes. Fergui relève également les difficultés de ces entreprises pour assurer un recouvrement adéquat et un approvisionnement dans de bonnes conditions auprès de leurs fournisseurs, sans oublier bien entendu l’accès compliqué à la commande publique. De nombreuses dispositions ont été prises pour remédier à ces dysfonctionnements, mais elles n’ont pas encore donné leurs effets, à l’image de la loi 69/21.

«Ce texte a été conçu pour préserver l’état financier des entreprises, surtout les TPE, en réduisant les délais de paiement abusifs appliqués par des sociétés à leurs fournisseurs. Cette loi est censée améliorer le climat des affaires. Mais dans la réalité, les mêmes maux persistent toujours», explique Fergui. Au niveau sectoriel, la dernière note d’Inforisk fait ressortir que trois activités représentent 65% de ces défaillances. Il s’agit du commerce, qui vient en tête avec 33%, suivi de l’immobilier (20%) et du BTP (15%). Ce sont les secteurs les plus frappés directement et brutalement par la mauvaise conjoncture.

Au niveau du commerce, la percée des grandes surfaces, qui ont élargi leur réseau à travers le territoire national, a poussé de nombreux commerçants du circuit traditionnel à mettre la clef sous le paillasson. Ces grandes surfaces disposent d’une assise financière solide, d’une chaîne logistique très forte et propose des modes d’achat et de paiement très modernes. L’approvisionnement en grands volumes leur permet de bien négocier leurs achats et de faire des économies d’échelle. Alors que le mode classique résiste dans le monde rural et dans les petits patelins. Pour le secteur de l’immobilier et le BTP, les défaillances d’entreprises sont plus liées à la perturbation de la chaîne de valeur.

Le coût de production est en nette progression, alors que la marge bénéficiaire, sous l’effet de la concurrence et du recul du marché, ne suit pas. Dans l’immobilier, de nombreux promoteurs ont été contraints, soit de travailler au ralenti, soit d’arrêter carrément leur activité et de se contenter d’écouler leur stock dans l’attente de jours meilleurs. Par ailleurs, il faut noter que les difficultés d’entreprises par ville relèvent que Casablanca est en tête avec 27% des défaillances, Rabat affiche 7%, Marrakech et Tanger 6% chacune. 

 

 

 

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