Cryptomonnaies: l’appétit d’ogre des Marocains

Cryptomonnaies: l’appétit d’ogre des Marocains

Malgré les interdictions mises en place par les autorités, les Marocains adoptent massivement les devises numériques.

Le Maroc est classé 14è mondial sur 146 pays.

 

Par Y. Seddik 

La popularité et l’adoption croissante des crypto-actifs ne sont plus à démontrer. Un grand nombre de particuliers, d’entités privées et publiques se sont lancés dans cet univers palpitant de la cryptosphère. Au Maroc, alors que les transactions en monnaie virtuelle sont formellement interdites et constituent officiellement une infraction à la réglementation des changes du pays, l’intérêt pour les cryptos atteint son paroxysme. En effet, la célèbre firme d'analyse de la blockchain «Chainalysis» a publié son classement annuel des pays où l’adoption du bitcoin est la plus forte. Il en ressort que le Maroc est classé 14ème sur les 146 pays.

«Dans ce nouveau classement, nous avons gagné 9 ou 10 places. Cela confirme que les Marocains n’ont pas cessé d’utiliser les cryptomonnaies malgré les récentes turbulences et la chute qu’a connue récemment le marché», nous explique Badr Bellaj, co-fondateur de l’entreprise «Mchain». Pour notre expert, «même dans le contexte actuel difficile, l’intérêt pour les cryptomonnaies n’a pas diminué, ce qui démontre que les Marocains n’utilisent pas la crypto que pour la spéculation». Les pays où l’adoption des cryptomonnaies est la plus forte ne sont pas forcément ceux auxquels on pense instinctivement. Si la Chine et les États-Unis ont beaucoup fait parler d’eux sur ce sujet, ce ne sont ainsi pas les pays où le taux d’adoption des cryptos est le plus fort. Dans le top 3 de ce classement, l’on retrouve le Vietnam, les Philippines et l’Ukraine. Les États-Unis ne se trouvent qu’en 8ème position.

Quant à la Chine, premier pôle mondial de minage, elle n’arrive qu’en 13ème position. Deuxième élément à retenir de ce classement : «Dans cet indice, il y a des sous-classements. Nous sommes classés 21è à l’échelle internationale en ce qui concerne l’achat des cryptos à travers le P2P (Peer to Peer). C’est-à-dire que le canal le plus utilisé par les Marocains pour l’achat des cryptomonnaies est l’achat direct, ce que l’on appelle communément en anglais le ‘Face to Face’. Ce sont des achats internes en Dirhams contre la cryptomonnaie». En termes d’échanges, il faut signaler que les plateformes d’échange ne publient pas d’informations sur les volumes. Il y a actuellement une seule plateforme - utilisée par les Marocains aussi - qui donne des statistiques sur les volumes, il s’agit de Localbitcoin. «Pour ce qui est du Maroc, il s’échange un volume d’à peu près 8 MDH par mois sur une seule plateforme. Ce n’est pas de la spéculation, mais des opérations de vente et d’achat. Ce montant sur cette seule plateforme nous donne une idée sur l’engouement des Marocains sur les cryptos», nous apprend B. Bellaj.

BAM : vers un projet de loi plutôt contraignant ?

Lors de la dernière réunion de la Banque centrale en juin dernier, le Wali avait annoncé qu’un projet de loi sur les cryptomonnaies est en cours d’élaboration permettant d'allier innovation, technologie et protection du consommateur. Aux yeux de Bellaj, «le projet de loi en cours d’élaboration ne sera pas très favorable à l’utilisation des cryptomonnaies au Maroc. Bank Al-Maghrib va mettre en place une réglementation un peu rigide, mais qui devrait tout de même ouvrir les canaux à l’utilisation des cryptos sous des conditions plutôt contraignantes». Et d’étayer  : «J’estime qu’ils donneront des licences à ces plateformes d’échange pour avoir de la visibilité sur ce qui se passe sur le marché marocain, pour voir le profil des utilisateurs, peut-être même appliquer une taxation. Mais reste à savoir si la population va suivre ou pas. C’est comme l’informel, on ne peut pas facilement le combattre par ce qui est formel». Pour lui, si BAM souhaite réussir dans sa nouvelle loi, elle doit écouter et inclure les différentes parties prenantes et non pas que la Banque mondiale et le FMI qui ont une position plutôt défavorable à ce sujet. 

 

Les pays émergents dominent le classement
Selon les données de Chainanalysis, ce sont les marchés émergents qui dominent le haut du classement. Sur les 20 premiers pays classés, 8 sont des pays à revenus intermédiaires/tranche supérieure : Brésil, Thaïlande, Russie, Chine, Turquie, Argentine, Colombie et Équateur. Dix sont des pays à revenus intermédiaires, tranche inférieure : Vietnam, Philippines, Ukraine, Inde, Pakistan, Nigeria, Maroc, Népal, Kenya et Indonésie. Deux sont à hauts revenus : États-Unis et Royaume-Uni.

 

 

 

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