Croissance: flambée d’incertitudes

Croissance: flambée d’incertitudes

La fermeture des frontières aériennes du Maroc sous l’effet de l’apparition du variant Omicron dans plusieurs pays nourrit beaucoup de questionnements portant sur la dynamique de l’activité économique.

 

Par M. Diao

C’est un truisme de rappeler qu’après la contraction du son PIB de 7% en 2020 en raison de la crise pandémique, laquelle a mis à terre l’économie mondiale, le Maroc a besoin d’une croissance soutenue, étalée sur une longue période et susceptible de permettre à son économie de revenir à la normale. C’est-à-dire au niveau de 2019. Les dernières prévisions économiques pour l’année 2021, issues d’entités nationales ou internationales, ont un dénominateur commun.

Celui d’un optimisme pour la croissance dont le taux devrait osciller entre au moins 5% et un peu plus de 6% du PIB. Notons tout de même que ces prévisions ne tiennent pas compte des conséquences économiques de la décision gouvernementale prise le 29 novembre 2021. Celle de fermer les frontières marocaines avec l’étranger pour une quinzaine de jours. Cette mesure, qui a en surpris plus d’un, est un sacré coup porté aux acteurs de l’écosystème touristique qui ont commencé à sortir la tête hors de l’eau.

La question immédiate à se poser est de savoir si la décision prise par le gouvernement et critiquée dans certains cercles, est de nature à impacter la croissance pour cette année, voire l’année prochaine. Sachant que le PLF 2022 prévoit déjà un taux de croissance timoré de 3,2% du PIB, un déficit budgétaire de 5,9% du PIB et 250.000 emplois en 2 ans.

Gare au revers économique d’une décision hâtive !

L’interrogation susmentionnée est d’autant plus fondée si l’on sait que parmi les secteurs les plus impactés par la décision gouvernementale liée à la fermeture des frontières, figurent le transport aérien et le tourisme. Ce dernier, qui pèse tout de même près de 7% du PIB, a été pourvoyeur de plus de 78 Mds de DH de recettes en 2019, avec à la clef près de 500.000 emplois directs.

«La soudaineté de la décision est beaucoup plus préoccupante que la mesure radicale elle-même, qui d’ailleurs n’était pas justifiée au regard de la situation pandémique relativement maîtrisée dans notre pays. Nous décomptons ces derniers temps moins de 200 nouveaux cas pas jour et un nombre très réduit de décès, voire pas de victimes de la Covid-19», confie le professeur et économiste Mehdi Lahlou.

Ce dernier alerte sur deux périls pour l’économie nationale à cause de la fermeture soudaine des frontières. Le premier a trait à l’absence de visibilité pour certains secteurs ayant des liens étroits avec l’étranger. Le second danger découle du manque de confiance dans la prévisibilité des décisions prises par les autorités marocaines. Notons que suite à la mise sous cloche du Maroc, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a suspendu ses vols vers le Royaume, et ce jusqu’au mois de février 2022.

Au-delà de ces précisions, il est clair que la limitation de la circulation des personnes et éventuellement de plusieurs services, engendrée par la décision de l’Exécutif, peut calmer l’ardeur des investisseurs étrangers qui ont besoin d’effectuer des déplacements au Maroc pour concrétiser de grosses opérations d’investissement. Notre interlocuteur est formel. Face à la propagation du variant Omicron dans certains pays, le Maroc gagnerait à renforcer ses contrôles aux frontières (conditions d’accès) et faire comme plusieurs Etats, à l’instar de la France qui, pour se prémunir du nouveau variant, n’a pas fermé ses frontières avec tous les pays.

L’Hexagone a plutôt opté de se couper de sept pays d’Afrique australe en suspendant ses vols en provenance de ces Etats. La stratégie idoine que devrait adopter le gouvernement doit s’appuyer sur la concertation avec l’ensemble des acteurs pouvant contribuer à la prise de décisions à même de permettre au pays de préserver aussi bien ses acquis sur le front de la lutte contre la pandémie que sur le volet économique, dont la centralité n’est plus à démontrer. D’autant que le gouvernement a la grande ambition de créer 1 million d’emplois sur 5 ans. 

 

 

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