Le pronostic d’un ralentissement de la croissance mondiale en 2016 handicapera la demande extérieure adressée au Maroc avec toutes les conséquences qui en découlent. Sur le plan sectoriel, le scénario prévisionnel de croissance en 2016 se base sur l’hypothèse d’un maintien des performances agricoles, mais à un rythme inférieur à celui de 2015. Le CMC table sur un taux de croissance ne dépassant pas 2,8%.
Après la Banque centrale, c’est au Centre marocain de conjoncture (CMC) de brosser la situation de l’économie marocaine de l’année en cours et d’établir les pronostics pour l’exercice 2016. A l’instar de Bank Al-Maghrib (soit un taux de croissance de 5%), le CMC table sur un taux de progression du PIB de 5,2%. Les résultats particulièrement performants attendus au niveau du secteur primaire sont les signes avant-coureurs du redressement du cycle d’activité. Si l’année 2015 peut être considérée comme étant des plus performantes, l’année à venir annonce par contre, un reflux d’activité avec une forte baisse du rythme de croissance, comparativement aux résultats attendus de 2015. D’après les conjoncturistes, le taux de croissance projeté dans le scénario prévisionnel de 2016 ne pourrait dépasser 2,8% en termes réels, ce qui équivaudrait à une contraction de près de la moitié du taux de croissance projeté pour l’année en cours. «Cette perspective résulte principalement de l’incidence encore pesante du facteur climatique mais aussi des orientations contrastées de l’environnement économique, tant au plan interne qu’externe», expliquent les analystes du CMC dans la dernière lettre du mois de juin. Sur le plan international, les pronostics établis par les organismes de prévision tablent sur la poursuite du mouvement de redressement de l’économie mondiale entamé en 2015, mais à un rythme qui demeure assez lent. Le FMI prévoit un taux de croissance de l’économie mondiale de 3,8% en 2016, soit à peine 0,3 point de plus qu’en 2015. Une croissance tirée par les activités de production qui progresseraient de 2,4%, pour les pays avancés, contre 4,7% pour le groupe des pays émergents et en développement. Cela confirme une légère reprise sur le plan mondial, avec une configuration différente d’un groupe à un autre. En ce qui concerne l’Europe, notre principal partenaire, force est de constater qu’après la période de consolidation de la reprise des années 2014 et 2015, les perspectives de croissance de cette zone devront être contenues en 2016 dans des limites ne dépassant guère 1,6% en raison des séquelles des soubresauts de la crise financière. Ce qui ne manquera pas d’avoir des incidences sur notre économie essentiellement à travers les canaux de transmission que constituent la demande adressée au secteur d’exportation, l’afflux des IDE, les transferts des MRE et les recettes touristiques. Sur le plan interne, le secteur agricole reste, pour une large part, tributaire des conditions climatiques, de la régularité des précipitations et de leur répartition géographique. Et au cas où la campagne agricole ne serait pas au rendez-vous, le secteur agricole et les activités annexes constitueraient un facteur de ralentissement de l’activité qui réduirait d’autant les effets d’entraînement. Le secteur secondaire, dominé par les activités industrielles, est dépendant d’un certain nombre de paramètres tels que les prix de l’énergie et des matières premières ou les coûts de travail et de productivité. Sur chacun de ces paramètres, il est possible d’envisager des changements qui pourraient induire des modifications importantes en matière d’offre. Dans ce sillage, il est judicieux de veiller à la maîtrise des charges de production en vue de soutenir la compétitivité des produits industriels face à une rude concurrence. Toutefois, notent les conjoncturistes : «En dépit de l’orientation positive des marchés d’exportation, le ralentissement attendu de la demande au plan interne dans un contexte d’offre contraignant, tant du point de vue des revenus que de l’emploi et du niveau de vie, pourrait exacerber les difficultés réelles qui se profilent à l’horizon non seulement pour le secteur industriel mais aussi pour l’ensemble des activités productives». Une chose est sûre: les pronostics très modestes augurent de la nécessité d’accélérer le rythme des réformes et des programmes de restructuration économique visant l’élargissement du potentiel de production à travers l’intensification des facteurs de productivité et la diversification à la fois des produits et des marchés afin de replacer l’économie sur des sentiers de croissance plus soutenus et moins fluctuants. Ces pronostics s’ils venaient à se réaliser, ne sont pas de nature à juguler la problématique de l’emploi et des inégalités sociales dans une économie en quête d’émergence.
S. Es-siari