Les observateurs avertis en parlaient déjà. Cet exercice 2022 va être très compliqué. Peut-être bien plus que ne l’avaient prédit les conjoncturistes. Les chiffres livrés mardi par la Banque centrale le confirment amplement. Le Maroc devrait réaliser cette année… un très petit taux de croissance de 0,7%.
Lors de son Conseil tenu en décembre dernier, Bank Al-Maghrib tablait pourtant sur une consolidation de la croissance à 2,9%. D’ailleurs, toutes les projections faites par la suite au mois de janvier se situaient plus ou moins à ce niveau. Le haut-commissariat au Plan était sur la même longueur d’onde que BAM (2,9% en 2022), tandis que le ministère de l’Economie et des Finances et la Banque mondiale prévoyaient un taux de croissance de 3,2%.
Sauf qu’entre-temps, la sécheresse est passée par là, mais aussi la guerre en Ukraine, rendant désuètes toutes les hypothèses autour desquelles s’était construite la Loi de Finances 2022. Le plus embêtant pour le gouvernement, c’est qu’il est obligé de constater les dégâts, n’ayant aucun moyen d’agir sur ces deux facteurs. Sa seule option dans l’immédiat : réagir pour tenter de limiter l’impact de la sécheresse et de cette guerre sur l’économie marocaine.
Une économie qui, à la réflexion, est non seulement prisonnière de la météorologie, mais également des soubresauts de la géopolitique internationale. Ce sont donc deux risques permanents auxquels l’économie nationale s’accommode depuis bien longtemps. D’où l’urgence de s’émanciper et de trouver d’autres leviers susceptibles de booster la croissance. Et ça, c’est le fruit d’une stratégie à moyen et long terme incarnée par le nouveau modèle de développement (NMD).
Lequel devrait permettre de répondre à cette urgence, à travers notamment un développement plus soutenu du PIB non agricole, tout en plaçant les problématiques de souveraineté (économique, alimentaire, énergétique…) au cœur du modèle économique du Royaume, pour réduire substantiellement sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur et se prémunir d’un environnement économique international particulièrement instable. Et tant que cette transformation structurelle de l’économie ne s’opérera pas, l’ambition fixée dans le NMD de doubler le produit intérieur brut par habitant à horizon 2035 se résumera en une simple clause de style.
Par F.Z Ouriaghli