Dans les secteurs agricole et agro-alimentaire, les opportunités sont relativement limitées à cause des circuits qui ne sont pas encore mûrs d’une part et, d’autre part, à cause de la similitude des climats.
La production en Afrique de matières premières (maïs, l’orge, le soja, le tournesol, le colza…) que le Maroc importe en grandes quantités d’Argentine, d’Amérique pourrait être prometteuse.
Loultiti Mly M’hamed, président de Copag, donne son avis sur les enjeux de l’intégration africaine.
- Finances News Hebdo : En tant qu’opérateur marocain, quelle est votre appréciation de cette rencontre entre les pays africains ?
- Loultiti Mly M’hamed : - Toute l’importance réside dans la rencontre. Il est important que les gens se rencontrent, se connaissent afin d’avoir le maximum d’informations sur les potentialités existantes entre les différents pays du continent africain.
Avant de penser affaires, il faut bien se connaître. Le fait que notre banque Attijariwafa bank soit déjà installée dans un certain nombre de pays africains est une sorte de pont qui va servir, encourager les opérateurs économiques à réfléchir, à penser, à faire des choses dans tel ou tel pays, soit en terme d’échanges économiques, soit en terme d’investissements. De telles rencontres sont considérées comme le premier pas de contact humain et d’information sur les potentialités existantes dans des pays bien définis, avant de passer à la concrétisation de projets.
- F. N. H. : Quel commentaire pouvez-vous nous faire sur la présence de Copag en Afrique. Avez-vous dans le pipe des projets d’extension à des pays africains en vue de proposer l’expérience marocaine?
- L. M. M. : Pour réitérer l’expérience marocaine, il faut qu’il y ait un intérêt mutuel. Il est du devoir des opérateurs d’aller prêcher pour bénéficier de l’expérience africaine, notamment dans le domaine du privé. Mais le plus important est de trouver des terrains d’échange à profit mutuel. Aujourd’hui, il y a des activités et des opportunités immédiates comme les conserves de poissons ou autres. Les gens y travaillent déjà. Pour la partie agriculture et agro-alimentaire, les opportunités sont relativement limitées car les circuits ne sont pas encore mûrs d’une part, et d’autre part, il y a des climats similaires, sinon meilleurs, ce qui fait qu’il y a disponibilité des fruits et légumes en Afrique. Donc, il n’est nulle besoin qu’on les leur fournisse. Par contre, il est possible d’aller produire en Afrique des matières premières que le Maroc importe en grandes quantités d’Argentine, des Etats-Unis d’Amérique, de mer Noire comme le maïs, l’orge, le soja, le tournesol, le colza… Il y a tellement de choses à faire. Pour cela, il faut des projets conçus et bien ficelés passant soit par la mise en place de projets d’exploitation autonome, soit en collaboration avec tel ou tel pays, en passant par des structures de valorisation soit sur la collecte, le stockage, la préparation à l’export… soit sur la commercialisation. Les projets ayant une véritable richesse concernent des produits qu’il faut initier à partir de zéro et qu’il faut développer avec le temps. Il existe des potentialités extraordinaires, d’où la nécessité d’un montage adapté et d’adhésion des organes financiers et aussi publics pour une meilleure sécurisation.
- F. N. H. : Quelle appréciation faites-vous du dispositif fiscal actuel. Est-il en faveur du partenariat Sud-Sud ou faut-il l’adapter pour accompagner cette dynamique ?
- L. M. M. : Je crois que les gens qualifiés doivent proposer des solutions pour limiter à l’extrême tout handicap fiscal pour faciliter les échanges commerciaux, parce que le potentiel de demain est très important et peut être une source de recettes énormes pour le pays.
- F. N. H. : Avez-vous déjà identifié des projets précis ? Le président d’Attijariwafa bank dit que plus de 2.200 rendez-vous sont bouclés. Est-ce que la Copag est présente ?
- L. M. M. : - Nous avons déjà essayé, par le passé, d’exporter ce que nous produisons, mais j’ai déjà dit que des opportunités dans notre secteur ne sont pas tellement grandes. Par contre, la recherche d’un pays où l’on pourrait trouver une superficie conséquente, développer un projet intégré qui englobe les matières premières (éventuellement en commercialiser une partie), il s'agut là d'un sujet qui nous intéresse et qu’il faut approfondir avec les pays africains si des opportunités se présentent.
Par exemple, pour nous, en tant que secteur agricole, deux éléments sont déterminants dans le choix d’un pays : la terre et l’eau. La terre doit être suffisante en superficie et meilleure en qualité. Pour ce qui est du savoir-faire, nous le maîtrisons très bien.
Dossier réalisé par S. E., I. B. & A. H.