Il se positionne peu à peu comme un hub régional pour les investissements chinois dédiés au marché africain.
Par Désy M.
Le sommet sino-africain, qui s’est tenu du 4 au 6 septembre 2024 à Pékin, a réévalué la coopération Chine-Afrique en mettant l’accent sur les technologies vertes, l’infrastructure et la montée en puissance de l’économie numérique. Ce 9ème forum sino-africain a marqué un tournant décisif dans les relations entre la Chine et l’Afrique, offrant aux pays africains la possibilité de renforcer leurs liens avec leur principal partenaire commercial. Cet événement a été l’occasion pour le Maroc de réaffirmer sa position stratégique en tant que point de convergence entre la Chine et les pays africains.
Ces dernières années, le Maroc et la Chine ont consolidé leur partenariat économique à travers notamment des échanges commerciaux fructueux atteignant les 7,4 milliards de dollars en 2023. Mais aussi par l’intérêt notable de la Chine pour le Royaume en investissant une somme évaluée à plus de 56 millions de dollars dans divers secteurs clés tels que l’industrie, le transport, l’énergie, etc. Cette coopération mutuellement bénéfique est facilitée par la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM), qui s’investit dans l’accompagnement des investisseurs chinois au Maroc.
Présent au Forum, Chakib Alj, président de la CGEM, affirme que «la Chine est devenue au cours de la dernière décennie un acteur économique incontournable. Les entreprises chinoises sont désormais des acteurs de premier plan dans de nombreux secteurs, tels que l’énergie, l’électronique, le ferroviaire, le solaire et l’éolien». En effet, l’Afrique est une partie importante de l’ambitieuse initiative «La nouvelle route de la soie» du président chinois Xi Jinping. En 2017, le Maroc est devenu l’un des premiers pays africains à rejoindre ce projet, visant à relier la Chine aux marchés internationaux par un vaste réseau d’infrastructures. De plus, il se positionne peu à peu comme un hub régional pour les investissements chinois dédiés au marché africain. «Le Maroc connait une dynamique économique extrêmement positive le plaçant comme une puissance économique régionale. Les entreprises marocaines sont aussi de plus en plus compétitives et excellent dans différents domaines industriels comme l'automobile, l'aéronautique ou encore dans les énergies renouvelables et l'innovation… D'autant plus que le secteur privé marocain a investi massivement en Afrique dans des secteurs stratégiques», affirme Chakib Alj.
Soulignant qu’ensemble, les entreprises marocaines et chinoises peuvent créer des projets à fort impact, porteur de croissance et d'emploi, avec un focus sur le supply chain et les marchés innovants. La stabilité politique et sociale du Royaume, avec une économie ouverte sur le monde et déjà bien intégrée dans les chaînes de valeur internationales, consolidée par l’installation de leaders industriels mondiaux dans des secteurs compétitifs, font du pays l’environnement d’investissement idéal pour les investisseurs chinois. Le port de Tanger Med, l’un des plus grands ports d’Afrique et de la Méditerranée, est un exemple marquant de l’attractivité du Maroc pour les investisseurs chinois. Il constitue un point névralgique pour les échanges commerciaux entre la Chine, l’Europe et l’Afrique. Plusieurs entreprises chinoises s’y sont installées, notamment dans le domaine de la logistique et de l’industrie manufacturière.
Le partenariat sino-marocain dans ce secteur s’illustre également par la zone Industrielle Mohammed VI de Tanger, un projet majeur lancé en coopération avec la Chine. Ce parc industriel abrite 200 sociétés chinoises opérant dans la fabrication automobile, l’industrie aéronautique, les pièces de rechange d’aviation, et d’autres industries. Il devrait générer 100.000 emplois pour un investissement total atteignant les 10 milliards de dollars à l’horizon 2026. En outre, le Maroc, qui dispose du premier réseau financier en Afrique et d'entreprises opérant dans une vingtaine de pays africains, s’affirme aujourd’hui comme un partenaire crédible pour réussir la triangulation Chine-Maroc-Afrique. Casablanca Finance City (CFC) offre des avantages fiscaux et réglementaires aux entreprises qui choisissent le Maroc comme base pour leurs opérations africaines.
Cette zone financière constitue une autre plateforme d’intérêt pour les investisseurs chinois souhaitant s’implanter sur le continent. Pour preuve, le fournisseur mondial chinois Huawei, en plaçant son siège régional à Casablanca, a obtenu son statut «CFC», lui permettant d’intensifier et de renforcer sa position sur le continent africain. Dans ce nouveau chapitre centré sur les technologies vertes et l'innovation, la Chine, à travers sa politique «Made in China 2025», cherche à étendre ses capacités dans les industries de haute technologie. Le Maroc, avec ses ambitions en matière d’énergie renouvelable et son positionnement en tant que leader africain de la transition énergétique, pourrait bien devenir un partenaire privilégié dans cette nouvelle ère de collaboration sino-africaine.