Contraction de la croissance en 2022: la demande intérieure au banc des accusés

Contraction de la croissance en 2022: la demande intérieure au banc des accusés

La contribution de la demande intérieure à la croissance devrait reculer l’année prochaine pour se situer à 2,7 points au lieu de 3,4 points en 2021.

L’anticipation de l’essoufflement de la demande intérieure relance le débat sur le changement des principaux piliers de la croissance économique au Maroc.

 

Par M. Diao

 

L’ une des principales critiques adressées à l’économie nationale a trait à la volatilité de la croissance, laquelle est tirée par une variable prédominante qui n’est autre que la demande intérieure. Le nouveau modèle de développement qui suscite pour l’heure beaucoup d’espoir, est censé y remédier.

Les prévisions relatives à l’année en cours ouvrent certes de bonnes perspectives, puisque le nouveau gouvernement s’attend à ce que l’économie nationale clôture l’année 2021 avec un rebond du PIB de l’ordre 5,6% (contre un taux de croissance de 6,2% du PIB d’après BAM).

Pour rappel, au cours du premier semestre 2021, la dynamique économique a tiré profit d’une palette de circonstances favorables. Citons, à ce titre, la bonne récolte céréalière (103, 2 millions de quintaux), les résultats probants en matière de vaccination anti-covid-19 ainsi que le redressement de plusieurs secteurs marchands (mines, BTP, énergie électrique, et certaines branches industrielles). A contrario, 2022 risque de conforter pour la énième année le caractère foncièrement volatile de la croissance économique au Maroc. Pour preuve, l’Exécutif, qui ambitionne de créer 250.000 emplois au cours des deux années à venir, table sur un taux de croissance de 3,2% du PIB en 2022.

Les dessous de la contreperformance projetée

Le nouveau rapport économique et financier (REF) élaboré dans le sillage du PLF 2022 mentionne que la croissance projetée pour l’année prochaine sera portée principalement par la consolidation du rythme de progression de la valeur ajoutée des activités non agricoles (3,7%).

Or, une analyse approfondie du même document permet de s’apercevoir que la contraction de la demande intérieure pour l’année prochaine impactera substantiellement l’activité économique en 2022. Dans le détail, la contribution de la demande intérieure à la croissance devrait reculer pour se situer à 2,7 points au lieu de 3,4 points en 2021.

Cette donne reflète le recul de la contribution de la consommation des ménages à la croissance pour se chiffrer à 2 points en 2022 (contre 2,7 points en 2021). Il est important de garder à l’esprit que l’amélioration de la consommation des ménages passe par l’accroissement du revenu brut disponible non agricole, les transferts des MRE et l’augmentation du revenu agricole des ménages. Pour sa part, la contribution de la consommation des administrations publiques à la croissance devrait augmenter, mais légèrement pour se situer à 0,8 point (au lieu de 0,7 point en 2021).

Un trend baissier devrait aussi être observé concernant la formation brute de capital fixe (investissement), qui, d’après les prévisions du gouvernement, verra sa contribution au PIB reculer en 2022 pour s’afficher à 1,4 point contre 2,5 points en 2021. L’alternative des échanges extérieurs L’essoufflement programmé de la demande intérieure pour l’année prochaine relance le débat sur le changement des principaux piliers de la croissance économique au Maroc.

L’une des pistes convoquées régulièrement est l’impératif d’une sensible contribution positive des échanges extérieurs au PIB. Ce qui peut passer par le renforcement des exportations nationales, réputées pour leur grande propension à générer des emplois et des devises pour le pays. A ce titre, force est d’admettre que le Plan de relance industrielle 2021-2023 (PRI), dévoilé en septembre 2021, est en phase avec la piste précitée. Le PRI vise l’accélération de la substitution aux importations de l’ordre de 34 milliards de DH et la concrétisation d’un potentiel additionnel à l’export de l’ordre de 17 Mds de DH.

Ce qui, de facto, permettrait de générer un impact brut de 51 Mds de DH sur la balance commerciale, avec à la clef la création de 50.000 à 100.000 emplois additionnels. Au final, il faut rappeler que les importations devraient concourir négativement au PIB en 2022 (-5,1 points). Sachant que les exportations contribueront positivement au PIB à hauteur de 4,2 points. L’impact négatif des échanges extérieurs à la croissance légitime amplement la mise en place du PRI, lequel mérite de s’étendre sur un horizon temporel plus long.

 

 

 

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