Le continent africain, qui compte actuellement 16% de la population mondiale, représente moins de 3% du commerce international, même si dans le même temps, il faut noter que la valeur des échanges inter-africains a été quadruplée en l’espace d’une décennie. Au-delà de ces chiffres pour le moins contrastés, l’absence d’une bonne connectivité logistique dans la plupart des pays africains pénalise lourdement la compétitivité des entreprises du continent.
Nombreux sont les observateurs et économistes, qui démontrent à longueur de colonnes que le salut de l’Afrique, qui a enregistré un PIB de 2.400 Mds de dollars en 2014, passe inéluctablement par le jeu des échanges internationaux et intra-africains. Et pourtant, même si d’après la BAD la valeur des échanges intra-africains a été multipliée par 4 en l’espace d’une décennie pour atteindre 130 Mds de dollars, il est clair que cette somme pouvait être autrement plus importante si le continent, qui concentre actuellement 16% de la population mondiale, disposait d’une connectivité logistique optimale et moderne. L’un des obstacles à la facilitation des échanges commerciaux inter-africains, et entre l’Afrique et le reste du monde, est l’absence de disponibilité d’infrastructures de qualité (ports, aéroports, réseau routier et autoroutier), à même de garantir une connectivité logistique compétitive. Par ailleurs, il est clair que ce sont les entreprises africaines, mais aussi leurs homologues étrangères, qui pâtissent le plus du manque d’infrastructures à l’échelle continentale. D’ailleurs, certains membres de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) font remarquer qu’il revient moins cher d’exporter vers l’Asie que dans certains pays africains où l’absence d’infrastructures de qualité provoque l’augmentation des coûts de logistique et transport. Cela dit, la création d’une chaîne de valeur continentale passe indubitablement par la transformation des matières du continent, facilitée par l’amélioration de la connectivité logistique. Au-delà de cette carence en infrastructures, l’efficacité de la connectivité du continent est pénalisée par la lourdeur des procédures douanières dans certains pays, conjuguée au manque d’accords favorisant l’harmonisation des tarifs douaniers et la corruption. Ce faisceau de facteurs ralentit incontestablement le flux des marchandises, avec en prime, des délais de livraison longs, voire imprévisibles. Ce qui est particulièrement handicapant pour les entreprises. Par ailleurs, on dénombre à l’échelle du continent, plusieurs blocs économiques régionaux insuffisamment intégrés du fait, en partie, d’une connectivité logistique, qui peine à s’améliorer. Il y a lieu tout de même de préciser que certaines initiatives étatiques, visant à développer des projets d’infrastructures en commun, voient de plus en plus le jour. Au regard des enjeux évoqués plus haut, tout l’enjeu se situe au niveau de la capacité des pays africains à démultiplier ce genre d’initiatives, à même de doter le continent d’une connectivité logistique à la hauteur des ambitions des opérateurs économiques africains.
Momar Diao