Conjoncture: le soldat Maroc en convalescence

Conjoncture: le soldat Maroc en convalescence

Le Maroc retrouve petit à petit ses équilibres macroéconomiques en attendant les effets du plan de relance.

 

Par A. Hlimi

 

La Bourse est à quelques encablures de ses niveaux de début de 2020, les taux d'emprunt du Trésor se stabilisent autour de leurs plus bas historiques et le déficit de liquidité bancaire se résorbe petit à petit. A croire que le marché financier a quasiment tourné la page de la pandémie. Si cette tendance est mondiale, gare à ne pas crier victoire trop vite, car les marges de manœuvre de l'Etat se resserrent sur plusieurs volets. 

Des impacts mitigés de la crise

Heureusement pour l'économie marocaine, l'allègement du déficit de la balance commerciale du fait de la fermeture des économies pendant le confinement, l'absence d'inflation et l'ouverture des vannes du crédit sont tous des éléments qui ont permis de contrer les effets violents et massifs de la pandémie sur la croissance et l'emploi.

Pour  Ahmed Zhani, économiste au sein de CDG Capital Insight, qui intervenait à l'occasion d'un webinaire organisé par la Bourse de Casablanca et l'APSB, le Maroc a été sauvé par «la nature de son modèle économique basé sur la demande intérieure, l'endettement public et la rigidité du marché de l'emploi». 

Ceci a permis d'amortir le choc. Il soulève même la prouesse des autorités financières et monétaires qui ont permis aux taux d'emprunt de l'Etat de baisser et de se stabiliser, alors que le besoin de financement du Trésor a doublé en 2020. Au final, l'économie aura tout de même connu une baisse de 7%, avec une forte dégradation de la demande des ménages, des exportations et des investissements.

Un pacte de relance qui reste à concrétiser

Désormais, les regards sont tournés vers le plan de relance qui peine à se concrétiser sur plusieurs aspects. Car, si le gouvernement a fait vite pour faciliter la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, force est de constater que ce mécanisme n'est toujours pas effectif. Pour le moment, sur les 120 Mds de dirhams du plan, c'est la partie monétaire qui est active, avec notamment les crédits relance. Mais bientôt, les entreprises auront besoin de soutien financier durable avec des injections en capital, notamment dans le tourisme et chez les PME.

Shooter les entreprises en trésorerie permet de ne pas engager leur pronostic vital. Mais cela ne sera pas suffisant pour les remettre sur pied. Il faudra de la commande publique, des capitaux durables et à faibles coûts. En attendant, Zhani énumère les risques auxquels on doit faire face à court terme. Il s'agit tout d'abord de la recrudescence du secteur informel et la hausse de la circulation fiduciaire, faisant remarquer que la masse monétaire est de plus en plus liquide.

Aussi, la reprise de l'activité peut provoquer un creusement du déficit commercial avec un impact sur les réserves de change. Enfin, il est question de surveiller les créances en souffrance et leur impact sur le bilan des banques.  Ces éléments combinés n'entravent pas la reprise mécanique attendue en 2021, puis une stabilisation de la croissance en 2022. Le Maroc sera aidé cette année par l'excellente campagne agricole, mais l'Etat devra faire avec une amputation de 65 Mds de dirhams de recettes fiscales dues à la pandémie.

Pour le Trésor, les bonnes conditions d'endettement devront se poursuivre bien que les levées resteront importantes. «Malgré la légère reprise des recettes fiscales en 2021, l’équilibre budgétaire s’affiche toujours difficile à atteindre face à des dépenses globales toujours en hausse», commente l'économiste. A ce titre, l’endettement au titre du budget général devrait augmenter à 80% du PIB. Nos espoirs en cette année toujours marquée par la pandémie ? Un retour progressif de la demande et une bonne saison agricole 2020/2021.

Si le second est quasi-acquis, le premier reste à prouver et sera intimement lié au rythme d'ouverture de l'économie. Pour Ahmed Zhani, le retour de la croissance sera sans impact significatif sur l’inflation, avec un léger retour des pressions sur l’équilibre extérieur.

Toutefois, à l’image de la crise de 2008, la croissance non agricole devrait se redresser progressivement en attendant le retour à une situation d’équilibre sur le marché de l’emploi et la reprise des crédits aux ménages. Pour ce qui est de la situation du Trésor et du marché des BDT, les levées resteront importantes, mais sans impacts significatifs sur la courbe des taux, sous l’hypothèse d’un cadre monétaire stable.

 

 

 

 

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