Conjoncture: le diagnostic de Fitch Ratings

Conjoncture: le diagnostic de Fitch Ratings

L'agence Fitch Ratings a confirmé la note BB+ du Maroc avec perspective «stable» et s'attend à ce que la Banque centrale continue de resserrer sa politique monétaire.

L'agence estime que le Maroc est susceptible d'utiliser les droits de tirage spéciaux du FMI pour couvrir ses besoins de financement.

 

Par Y. Seddik

Pour l’agence de notation, la note BB+ est soutenue par une faible part de la dette extérieure dans l’endettement public, un solide soutien des créanciers officiels et un historique de stabilité macroéconomique reflété par une inflation relativement faible et une volatilité du PIB avant la pandémie. Ces atouts sont toutefois contrebalancés par la faiblesse des indicateurs de développement et de gouvernance, une dette publique élevée et par des déficits budgétaire et courant plus importants que les pays comparables (pairs).

Alors que le Maroc fait face à la pire sécheresse depuis des décennies, Fitch s'attend à ce que la croissance économique ralentisse à 1,1% en 2022 en raison de la forte contraction de la production agricole, de l'inflation affectant la consommation et de l'environnement international défavorable en termes de prix des matières premières et de hausse des taux d'intérêt. «Nous prévoyons une croissance de 2,8% en 2023 avec la reprise de l'agriculture, avant de passer à 3,2% en 2024, reflétant la détente des prix de l'alimentation et de l'énergie et le rebond des secteurs industriels et du tourisme», affirme l’agence de notation.

 

Inflation et taux directeur

Après une moyenne de 1,4% en 2021, l'inflation a grimpé en flèche en 2022 (moyenne de 6,1% en glissement annuel sur les 9 premiers mois de l’année 2022) en raison des prix de l'alimentation, de l'énergie et des transports, relève Fitch. «Nous nous attendons à ce que l'inflation s'établisse en moyenne à 6,2% (sous la médiane «BB» de 7,5%), avant de tomber à 2,2% en 2024 à mesure que les pressions sur les marchés mondiaux des matières premières s'atténuent», écrit l'agence.  Cependant, les risques à la hausse restent importants en cas de choc prolongé des prix des produits de base, d’une faible production agricole en raison d'un déficit pluviométrique persistant et des pressions salariales.  En termes de politique monétaire, Fitch rappelle qu'en septembre, Bank Al-Maghrib (BAM) a relevé son taux directeur de 50 pbs à 2% et dit s'attendre à ce que BAM continue de resserrer sa politique monétaire pour ancrer les anticipations d'inflation et suivre le cycle de resserrement de la BCE et de la FED.

 

Finances publiques et FMI

Pour l'agence de notation, la flexibilité du financement budgétaire est étayée par l'accès à une large base d'investisseurs nationaux et à un solide soutien des créanciers publics qui atténuent les risques de financement. Bien que la Loi de Finances 2022 prévoyait une sortie à l’international pour refinancer une euro-obligation de 1,5 milliard de dollars à échéance décembre 2022, Fitch ne s'attend pas à ce que le Maroc exploite les marchés internationaux en raison de conditions de financement externes moins favorables pour les marchés émergents. Elle estime que le Maroc peut utiliser les droits de tirage spéciaux du FMI pour couvrir ses besoins de financement. Il faut dire que le Royaume a une longue tradition de coopération étroite et de soutien de la part des créanciers publics, comme en témoignent quatre lignes de précaution et de liquidité (LPL) consécutives avec le FMI depuis 2012, conclut l'agence.

 

Compte courant : Les exportations ne compenseront pas le déficit
Avec une dépendance énergétique quasi-totale, le Maroc paie le prix cher de la flambée des cours des matières premières. Sa facture énergétique est estimée à 9% du PIB par Fitch Ratings, qui explique que la hausse des importations ne sera pas compensée par celle des exportations. Et cela, bien que les exportations automobiles et des phosphates atteignent des records, comme en témoignent les derniers chiffres publiés par l’Office des changes. «Nous prévoyons que le déficit du compte courant se creusera à 5,2 % du PIB en 2022, contre 2,3% en 2021. Même si la croissance des importations ralentira en 2023 en raison d'une détente des prix des matières premières, elle continuera de l'emporter sur celle des exportations. Nous nous attendons également à ce que la hausse des exportations se modère parallèlement à l'augmentation de l'offre mondiale de phosphates et à la récession prévue dans la zone Euro, laquelle pèsera sur les exportations industrielles du Maroc», juge l’agence newyorkaise.

 

 

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