Conjoncture : La note sévère des analystes

Conjoncture : La note sévère des analystes

120120 Renault Tanger Usine Tolerie 27A travers le comportement de certains agrégats, les conjoncturistes procèdent à une évaluation de l’économie marocaine.

Le but étant d’aider les investisseurs à une prise de décision. En scrutant les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et le climat des affaires, ils sont convaincus que le modèle de croissance ayant prévalu au Maroc, depuis la décennie 2000, a atteint ses limites.

A quelques semaines de la fin de l’année, les pronostics sur le taux de croissance et sur la situation économique vont bon train. Dans ce sens, le Centre marocain de conjoncture (CMC), à travers son tableau de bord publié régulièrement, s’est attelé à l’évaluation, voire la notation de l’économie marocaine. «Sur la base d’une prévision de production céréalière de 33,5 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole connaitrait une régression de 7,3% par rapport à 2015, ce qui impactera négativement le taux de croissance économique», annoncent les conjoncturistes. D’après eux, les prévisions de croissance économique pour l’exercice 2016 ne devraient pas dépasser 1,2% à cause d’une campagne agricole moyenne. Inutile de rappeler que l’impact du secteur agricole, qui contribue à hauteur de 14% du PIB total et emploie plus de 40% de la population active, se fait ressentir indéniablement sur le cours du PIB. D’autant plus que la valeur ajoutée non agricole ne parvient pas à absorber le choc de croissance. Dans leur analyse, les conjoncturistes considèrent que le modèle de croissance qui a prévalu au Maroc depuis le début de la décennie, basé sur l’impulsion de la demande intérieure largement approvisionnée par les importations, est arrivé à sa limite. Devant une telle situation, ils plaident pour une stratégie de croissance qui soit inclusive, solidaire et durable. Elle doit avoir comme ambition de créer les conditions d’une croissance forte, créatrice d’emplois et qui accroit la solidarité sociale et territoriale. Mieux encore, cette nouvelle stratégie doit se donner comme priorité de lutter contre le chômage des jeunes à travers, entre autres, le développement de l’entrepreneuriat innovant, l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages à travers une politique active des revenus, la redéfinition du cadre macroéconomique du pays à travers une réforme fiscale à même de garantir l’équité… Autre point édicté par le CMC : la réforme du régime de change et ce, pour une meilleure compétitivité du tissu économique.

Le Maroc toujours en quête d’émergence

Sur le plan industriel, l’effort est certes important, mais il s’inscrit dans un processus très lent. L’analyse des chiffres relatifs au niveau du contenu technologique des exportations et des produits manufacturés révèle deux constats majeurs : le Maroc n’a commencé à produire et à exporter ce type de produits qu’à partir du milieu des années 90 et la part de ce type de produits industriels est restée faible dans les exportations tout au long de la période 2000-2014. Ce taux est passé de 4 à 6,4% entre 1995 et 2014. En guise de rappel, le bilan des deux plans Emergence (2005 et 2009) n’a pas été concluant. Ainsi, il a été recommandé la mise en place de politiques publiques qui tendent vers une adaptation du rôle de l’Etat pour promouvoir un environnement propice au développement industriel.

Un leitmotiv dans lequel s’est inscrite la stratégie d’accélération industrielle lancée en 2014. «Grâce aux écosystèmes performants, le Maroc est en train de gagner des avantages comparatifs dans les filières à forte intensité de capital tels les produits chimiques, l’industrie automobile… En revanche, il est en perte d’avantages dans les industries à forte intensité de main-d’œuvre, telles que le textile-habillement», annoncent les conjoncturistes. En ce qui concerne le taux d’intégration, ils considèrent l’industrie automobile et aéronautique et d’autres métiers de sous-traitance comme des exemples de reproduction de l’ancien schéma du textile sous une autre forme plus sophistiquée.

Suite à un tel raisonnement, le Centre marocain de conjoncture considère que l’économie marocaine, malgré de réelles avancées au niveau d’un certain nombre de secteurs, peine à trouver le chemin durable vers l’émergence. Il convient donc de mettre en place des mesures importantes en matière de PAI.

Quid du climat des affaires ? Une question qui a toute sa raison d’être, étant donné que le climat des affaires, appréhendé à travers plusieurs critères, joue un rôle déterminant dans l’évaluation de toute décision d’investissement d’une entreprise dans un marché donné. De surcroît, le Maroc a accompli des progrès substantiels pour l’année 2016 : les zones franches d’exportations marocaines ont attiré une importante activité européenne. A ce sujet, il est exigé d’avoir une vision claire quant à l’élaboration d’une stratégie nationale du climat des affaires à long terme. Une stratégie axée sur le développement des mécanismes de sondage et d’anticipation des contraintes à la marche des affaires.

S. Es-siari

La notation : un instrument en vogue

Au cours des dernières décennies, la notation a pris beaucoup d’importance. Elle est devenue un instrument de décision utile. Les investisseurs arrêtent aujourd’hui leur choix d’investissement en fonction de la notation obtenue par l’émetteur car celle-ci est interprétée par eux comme un signal clair, lisible et synthétique. La notation se veut un moyen pour les dirigeants pour convaincre le marché, attirer les détenteurs de capitaux et se financer à moindres coûts. Aussi, la note attribuée par les agences de notation est-elle un moyen pour les investisseurs sans expertise pointue ou sans connaissance d’un marché particulier d’élargir leurs possibilités d’investissement.

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux