Conjoncture : une satisfecit de Bank Al-Maghrib entaché de risques

Conjoncture : une satisfecit de Bank Al-Maghrib entaché de risques

Inflation et croissance modérée. Le chômage, grand point noir. L’hémorragie de cash à l’étude.

 

Par A. Hlimi

L'économie marocaine fait face à des défis complexes, marqués par le stress hydrique et la sécheresse, une situation de chômage persistante et des risques externes importants. Toutefois, la maîtrise relative de l'inflation et la solidité des échanges extérieurs, notamment grâce au dynamisme des exportations, permettent de maintenir une trajectoire de croissance modérée en attendant des jours meilleurs. Ainsi, la situation économique du Maroc, telle que décrite dans le dernier rapport sur la politique monétaire de Bank Al-Maghrib, montre des tendances contrastées dans les secteurs clés.

En matière d'emploi, le taux de chômage national continue de poser problème et le gouvernement n'a toujours pas trouvé le moyen de relancer la machine de l'emploi, alors qu'une bonne partie du chômage s'explique par les mauvaises campagnes agricoles qui se sont succédé ces dernières années. En 2024, le chômage a progressé à 13,1% ,après 12,4% en 2023. Cette augmentation résulte principalement de la perte de 82.000 postes dans les zones rurales, particulièrement dans les secteurs agricoles et du bâtiment. Malgré une création d’emplois dans l’industrie et les services, la perte nette d'emplois dans les secteurs précités a exacerbé le chômage global. Le taux d'activité est également en baisse, passant de 44,8% à 44,2%. Jamais le chômage des jeunes n'a été aussi élevé.

Selon le wali de Bank Al-Maghrib, la politique monétaire ne peut pas, à elle seule, éradiquer ce fléau. Cela passerait, selon lui, par des réformes plus profondes et courageuses, avec notamment un système éducatif plus performant. Les autres indicateurs macroéconomiques montrent, pour leur part, des signaux plus encourageants. Sur le plan de l'inflation notamment. Car, après une inflation élevée à 6,1% en 2023, les prévisions de Bank Al-Maghrib indiquent une décélération marquée à 1,3% en 2024, avant de remonter légèrement à 2,5% en 2025. L'inflation sous-jacente, qui exclut les produits alimentaires à prix volatils, se stabilise autour de 2%, confirmant un contrôle relatif des pressions inflationnistes internes. Cette évolution favorable est attribuée à la baisse des prix des produits alimentaires volatils et à une modération des prix à la production. Les anticipations d'inflation recueillies auprès des experts du secteur financier ont également reculé à 2,2% à moyen terme, contre 2,7% lors du trimestre précédent.

Échanges extérieurs

Les comptes extérieurs du Maroc montrent un léger creusement du déficit commercial, avec une augmentation de 5,5% des exportations contre une hausse de 3,7% des importations. Les exportations ont été portées par les secteurs automobile (+8,5%) et aéronautique (+20,3%), tandis que les phosphates et leurs dérivés ont enregistré une progression notable de 14,1%. Les importations, quant à elles, ont augmenté principalement en raison des biens d'équipement (+9,1%) et des demi-produits (+8,6%). Cependant, la facture énergétique a enregistré un allègement de 4,1%. Les recettes touristiques continuent de soutenir la balance des paiements, avec une croissance de 7,1% en 2024, tandis que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont maintenu un rythme de progression solide (+3,3%), et devraient atteindre 121,8 milliards de dirhams en 2025. Le déficit du compte courant est ainsi contenu à 1,4% du PIB en 2024, une amélioration par rapport à 2023.

Balance des risques

Bank Al-Maghrib continue de surveiller de près la balance des risques qui affecte l'économie marocaine. Sur le plan international, les risques liés à la fragmentation économique, aggravée par la guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient, continuent de peser sur l'économie mondiale. La volatilité des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, en raison de ces tensions géopolitiques, constitue une menace pour la stabilité des prix au Maroc. De plus, les sécheresses récurrentes et le stress hydrique persistent comme des facteurs de risque majeurs pour la production agricole marocaine, impactant à la fois la croissance et l'inflation.

Partant de là, les projections macroéconomiques de Bank Al-Maghrib tablent sur un ralentissement de la croissance économique nationale à 2,8% en 2024, après une accélération à 3,4% en 2023. Cette baisse est principalement due à une contraction de 6,9% de la valeur ajoutée agricole, affectée par une mauvaise récolte de céréales estimée à 31,2 millions de quintaux. En revanche, la croissance non agricole continue de se renforcer, avec une prévision d’amélioration à 3,6% en 2024 et 3,9% en 2025. Bank Al-Maghrib anticipe une poursuite du ralentissement de l'inflation à moyen terme. Après une baisse rapide des prix alimentaires en 2024, l'inflation devrait se stabiliser à 2,5% en 2025. Toutefois, les incertitudes liées aux perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales et à la volatilité des prix des matières premières demeurent importantes. Ces risques pourraient entraîner une pression haussière sur les prix à court et moyen terme, de l'avis du wali. 

 

Un déficit de liquidité bancaire qui se creuse
Le besoin de liquidité des banques devrait s’accentuer à 120,4 milliards de dirhams en 2024, un creusement attribuable à l'expansion de la monnaie fiduciaire. Par conséquent, la Banque centrale prévoit d'augmenter ses injections de liquidité afin de répondre aux besoins croissants du secteur bancaire et de soutenir l'économie nationale. Le wali explique que la Banque centrale peut refinancer jusqu'à 400 Mds de dirhams de liquidités pour les banques, équivalent à leur stock de collatéral. Les marges de manœuvre sont donc nombreuses, mais l'hémorragie de cash appelle des solutions urgentes pour mieux exploiter les liquidités dans l'économie réelle. Une étude d'une ampleur inégalée est en cours de la part des équipes de BAM pour mieux comprendre ce phénomène.

 

 

 

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