Au regard des fulgurantes mutations à l'échelle internationale, l’ampleur de la tâche des organismes de promotion du commerce est d’autant plus grande.
Ces entités sont tenues de tenir compte des nouvelles réalités technologiques, socioéconomiques et environnementales pour aider les entreprises à se faire une place dans les marchés internationaux.
L’irruption de nouvelles tendances mondiales, la prégnance des exigences aux plans social et environnemental et l’émergence de nouveaux acteurs dans le jeu des échanges internationaux ont profondément modifié les enjeux du commerce international. C’est dans ce contexte mondial en proie à une mutation fulgurante que s’est tenue récemment la 11ème conférence mondiale du réseau des Organismes de promotion du commerce (OPC). Cette rencontre biannuelle, organisée par Maroc Export en partenariat avec le Centre de commerce international (CCI), a enregistré une forte affluence, comme en témoigne le nombre de participants (plus de 400 issus de près de 70 pays). «Cette rencontre, qui est une sorte de thérapie de groupe, est un lieu de partage d’expériences entre les différents réseaux d’OPC venus d’horizons divers», assure Zahra Maafiri, Directrice générale de Maroc Export. La plupart des intervenants, dont Mamoun Bouhdoud, ministre délégué chargé des Petites entreprises et de l’Intégration du secteur informel, ont rappelé l’importance de tenir compte des tendances majeures du contexte actuel marqué par la digitalisation des économies et les nouvelles exigences sociales et environnementales.
Le rôle crucial des OPC
Arancha Gonzalez, directrice exécutive du Centre de commerce international, a usé d’une formule didactique et assez schématique pour mettre en relief le rôle des organismes de promotion du commerce. «Les opportunités des accords commerciaux se traduisent par l’ouverture d’une porte ou d’une fenêtre pour les opérateurs d’un pays donné, et l’OPC est l’entité qui aide la PME à passer par la porte ou à travers la fenêtre», assure-telle. Rappelons que la mission de cet organisme de promotion est de fournir des services d’intelligence commerciale et un accompagnement à l’export. Au-delà de ce bref rappel, dans un monde où Internet est devenu l’un des principaux moyens de communication et d’interaction, l’un des plus grands challenges des OPC est de permettre aux entreprises d’intégrer des plateformes internationales de vente en ligne. L’autre tâche de ce type d’entité publique est d’aider les entreprises à accroître la valeur ajoutée de leurs produits, tout en leur permettant d’améliorer l’image de marque de leur offre exportable. Toutefois, du côté du CCI, on se réjouit du fait que Maroc Export a su faire la différence à ce niveau.
Comment tirer profit des dividendes du commerce international
Il y a vingt ans, rares étaient les pays du Nord qui affichaient un scepticisme quant aux bienfaits du commerce international. Aujourd’hui, la tendance générale est le retour au protectionnisme, même s’il faut garder à l’esprit que certains Etats du Sud, à l’instar de la Chine (première puissance commerciale) et de l’Inde, sont devenus des nations émergentes, en partie, grâce aux dividendes du commerce international, lesquels ont sensiblement boosté leurs économies. Partant, la libéralisation commerciale offre indubitablement des opportunités. Du reste, tout l’enjeu pour les OPC et les Etats, notamment les pays du Sud, est d’en tirer parti. Du côté du CCI, on estime que l’Accord de libre-échange (ALE) signé par les Etats-Unis et le Maroc n’a de sens pour les PME marocaines que si elles en profitent. Ce qui suppose préalablement l’amélioration de leur compétitivité, la mise en conformité aux standards américains, l’accès plus aisé au financement pour l’export et l’utilisation de la possibilité de recourir au marché américain pour exporter au Canada. Sachant qu’un ALE lie ces deux pays d’Amérique du Nord. En clair, les pays qui sortiront vainqueurs de la compétition internationale, sont ceux qui procèdent en interne aux ajustements nécessaires dans l’optique de mieux positionner leurs entreprises à l’international. D’ailleurs, lors de son intervention, Donald Kaberuka, ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), et patron du Fonds de la paix de l’Union africaine, a insisté sur les prérequis conditionnant une meilleure attractivité de l’Afrique pour les IDE et le renforcement de son positionnement dans le commerce mondial. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation des investissements dans les infrastructures, la réduction des coûts de l’énergie et l’amélioration des facteurs logistiques. En se fondant sur un ensemble de composantes (urbanisation, développement de la classe moyenne, consommation, etc.), les intervenants ont toutefois affiché un grand optimisme quant à la capacité de l’Afrique de devenir la prochaine destination des investissements internationaux. Cela dit, le revers de la médaille de la libéralisation est la destruction des activités peu compétitives dans les pays qui s’emploient à ouvrir leur économie. «Les Etats qui bénéficient pleinement du commerce international, sont ceux qui ont compris qu’il est un outil, lequel doit être combiné à d’autres ajustements pour obtenir les résultats escomptés», précise la directrice exécutive du CCI.
Pour preuve, les pays de l’Union européenne ont la même politique commerciale, dictée par Bruxelles, et pourtant, les performances commerciales varient d’un Etat à l’autre. En définitive, la rencontre a permis de mettre en exergue la centralité des OPC qui constituent un maillon essentiel de la politique commerciale de tous les pays. C’est à ce titre que le CCI œuvre pour la mise en place d’une vaste plateforme susceptible de connecter les réseaux d’OPC du monde entier.
M. Diao