La commande publique, qui comprend les dépenses engagées par l’Etat, les établissements publics et les collectivités locales, ne cesse de progresser en montant ces dernières années. Elle représente autour de 20% du PIB national, soit plusieurs milliards de dirhams. Elle constitue un puissant levier de développement économique, social et environnemental. Mais la question qui mérite d’être posée, est de savoir si les marchés publics, à la lumière du nouveau code entré en vigueur en 2014, profitent comme il se doit aux PME qui représentent près de 95% du tissu économique.
Pour rappel, le code précité avait suscité beaucoup d’intérêt auprès des opérateurs nationaux qui le considéraient comme une fenêtre d’opportunités autrement plus importante pour la PME. Pour cause, ce dispositif consacre l’obligation pour l’Etat et certaines de ses institutions publiques de réserver 20% des marchés à la PME de moins de 200 salariés.
Aujourd’hui, certains patrons d’entreprise dressent un constat mitigé, voire amer quant aux avantages tirés par les PME. «En dépit du nouveau code qui affiche la préférence nationale pour la PME marocaine, accéder aux marchés publics est toujours un parcours du combattant pour notre catégorie d’entreprise», souligne Zouheir Lakhdissi, patron de Dial technologie, qui pointe du doigt les lourdeurs administratives et le caractère excessif de certaines exigences en termes de références, notamment pour les jeunes entreprises.
D’ailleurs, ce dernier reste persuadé que celles-ci ont peu de chance de décrocher des marchés publics. Pour rappel, déjà en 2012, un avis du Conseil économique, social et environnemental révélait qu’une enquête réalisée pour le compte de Transparency international montre que :
«Sur un échantillon de 400 entreprises, seules 10% d’entre elles participent de manière régulière aux marchés publics et près de 60% jugent que les procédures correspondantes sont complexes, coûteuses et entachées de corruption».
A côté des difficultés, subsistent aujourd’hui celles pour les PME de se faire payer à temps par l’Etat. ■
Par M. Diao
Paroles de pro : Mohamed Benboubker, Vice-président de la Commission Afrique et Sud-Sud de la CGEM
«Concernant la commande publique, les longs cycles et les lourdeurs administratives des marchés publics constituent une source de difficultés pour les TPE et les PME qui souffrent en partie, faute de pouvoir décrocher facilement un contrat public. Par exemple, dans le domaine des nouvelles technologies, l’Etat et ses démembrements (collectivités territoriales) affichent une certaine méfiance envers les TPE et les PME. Cela se manifeste par le fait que ceux-ci attendent généralement la réception du service qui peut s’étaler sur plusieurs mois, voire une année avant de procéder au règlement. Ce qui à l’évidence n’est pas dans l’intérêt des PME fragiles financièrement. Le fonctionnement des marchés publics est peu adapté aux entreprises innovantes, qui peuvent apporter une grande valeur ajoutée au secteur public. D’ailleurs, certaines entreprises de notre branche se détournent des marchés publics au profit de l’international et des marchés privés. Ce qui est dommage au regard des multiples intérêts réciproques existants. A mon sens, à l’instar de Dubaï ou Barcelone, l’Etat devrait réserver près de 80% de certains marchés e-Gov aux PME et start-up». ■