Les investisseurs, qu'ils soient nationaux ou étrangers, sont certainement ceux qui devraient se réjouir d'un climat des affaires sain et résilient. Les récents chiffres annoncés par le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, laissent entrevoir une lueur d’espoir quant à l’avenir des investissements au Maroc.
Par M. Boukhari
Tout en louant les efforts déployés par les différentes parties impliquées, Mohcine Jazouli a indiqué que 44% des initiatives de la feuille de route stratégique visant à améliorer l’environnement des affaires pour la période 2023-2026 ont été réalisées. De surcroît, le ministre a précisé que ces initiatives incluent l'accélération de la simplification des procédures administratives, la consolidation de la transparence à toutes les étapes de la soumission aux marchés publics, la détermination des délais de paiement et la création d'entreprises par voie électronique.
«Cette avancée rapide peut être interprétée comme un indicateur fort de la volonté du gouvernement de créer un environnement plus favorable aux investissements et aux entreprises. Cela pourrait potentiellement attirer davantage d'investissements étrangers et stimuler la croissance économique», précise Me Abdelhakim El Kadiri Boutchich, juge près la Cour internationale de résolution des différends «Incodir» à Londres. Toutefois, Me El Kadiri Boutchich juge qu’«il est crucial de suivre de près la mise en œuvre des initiatives restantes et de s'assurer que les objectifs à long terme sont atteints. La transparence et la communication régulière sur les progrès réalisés seront essentielles pour maintenir la confiance des parties prenantes et des investisseurs».
Une mobilisation générale
Un climat des affaires sain est une condition sine qua non pour attirer les investissements. Il influence la perception du risque et de la rentabilité des entreprises. Un environnement stable, avec des réglementations claires, des infrastructures adéquates, une protection des droits de propriété et un accès au financement, crée de la confiance chez les investisseurs. En effet, cela encourage l'implantation et le développement des entreprises, favorisant ainsi la croissance économique et la création d'emplois. L’exécutif marocain a fait de la promotion de l’investissement, en particulier celui du secteur privé, une priorité dans le projet de Loi de Finances 2024. Cela s’inscrit dans le cadre des orientations royales, et en parfaite adéquation avec les mesures de la nouvelle Charte de l’investissement.
Lors de son discours d'ouverture de la session parlementaire en 2022, le Roi Mohammed VI avait souligné l'importance de stimuler l’investissement, en mettant un accent particulier sur le secteur privé, afin d’atteindre un objectif de 550 milliards de dirhams d’investissements et de créer 500.000 emplois d’ici 2026. Selon le ministre, le gouvernement a mis en place des mécanismes de coordination pour l'amélioration du climat des affaires au niveau territorial, en mobilisant l’ensemble des acteurs de l'écosystème de l'investissement afin de trouver des solutions adaptées aux spécificités de chaque projet. Il a également fait savoir que la nouvelle approche sur laquelle le gouvernement travaille pour renforcer le rôle des Centres régionaux d'investissement (CRI) contribuera à améliorer le climat des affaires au niveau régional. Et de préciser que ces centres développent des plateformes électroniques relatives au climat d'investissement et aux spécificités des régions.
Malgré les avancées notables réalisées par les CRI en matière de simplification des procédures administratives, le taux élevé d’échec des entreprises au Maroc a mis en évidence des lacunes dans le suivi post-création. Pour pallier ces insuffisances, le projet de loi n° 47-18 a été adopté lors du Conseil du gouvernement du 12 juillet 2018, initiant ainsi une réforme profonde des CRI. Cette loi ambitionne de redynamiser le rôle des CRI afin de renforcer leur efficacité et d'obtenir des résultats concrets dans la promotion de l'entrepreneuriat au profit de l'économie marocaine. Elle s'articule autour de trois axes majeurs : la transformation des CRI en établissements publics autonomes, la création de Commissions régionales unifiées d'investissement (CRUI) et la simplification des démarches administratives à l'échelle régionale et nationale.
Une stabilité réglementaire et juridique
Me El Kadiri Boutchich estime qu’il est primordial que le gouvernement prenne une série de mesures afin de conserver cette dynamique et le rendre plus résilient face aux défis économiques mondiaux. «Il faut, premièrement, assurer une transparence totale dans les processus administratifs et de prise de décision. La lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance sont cruciales pour instaurer la confiance des investisseurs. Ainsi, il faut réduire la bureaucratie et simplifier les démarches administratives pour la création et la gestion des entreprises. Cela inclut la digitalisation très avancée et fiable des services publics pour rendre les interactions plus efficaces et moins coûteuses», explique-t-il.
D’après lui, le fait d’investir dans des infrastructures modernes et efficaces, y compris les transports, l'énergie et les télécommunications est crucial pour soutenir les activités économiques et attirer les investisseurs. Aussi, notre interlocuteur explique que tout investissement devrait être accompagné par un accès au financement notamment, pour les PME et les startups. «Cela pourrait inclure des incitations fiscales, des subventions, ou la création de fonds d'investissement dédiés. Il est vrai que le développement des affaires est strictement attaché à une stabilité réglementaire et juridique pour que les entreprises puissent planifier à long terme, sans craindre des changements imprévus dans les lois et les régulations», conclut-il.