Classe moyenne : les recommandations du CESE tardent à prendre forme

Classe moyenne : les recommandations du CESE tardent à prendre forme

Cette catégorie de la population, levier essentiel de croissance et de stabilité, a un rôle majeur dans le développement socioéconomique. Entre sécheresse persistante et complexité foncière, le chemin vers l'émergence d'une véritable classe moyenne agricole reste semé d'embûches.

 

Par C. Jaidani

Le développement et l’émancipation de la classe moyenne au Maroc représentent l’une des priorités du nouveau modèle de développement (NMD). L’intérêt accordé à cette couche de la population s’explique par différents facteurs, dont notamment le rôle important joué dans la dynamisation de l’économie nationale. En effet, cette catégorie de personnes est un stimulant de la consommation intérieure et de l’investissement dans de nombreux secteurs, dont l’immobilier, le commerce et d’autres activités.

D’une façon indirecte, elle participe dans l’investissement dans le secteur de la santé et de l’éducation. En effet, les enfants issus de cette classe font leur scolarité dans des écoles privées et s’adressent dans la majorité des cas au secteur privé pour leurs besoins de santé. Grâce à sa capacité en matière d’épargne, c’est un levier important pour le financement de l’investissement. Elle contribue également dans les recettes de l’Etat à travers des impôts directs et indirects.

Dans son discours devant le Parlement lors de l’ouverture de l’année législative de 2018, le Roi Mohammed VI avait abordé ce sujet, invitant à encourager cette catégorie de la population, notamment dans le monde rural. Car c’est dans ces régions où l’on trouve un haut degré de vulnérabilité et de précarité. «Notre finalité est de favoriser l’émergence d’une classe moyenne agricole, d’en consolider l’ossature pour qu’en définitive elle puisse exercer sa double vocation de facteur d’équilibre et de levier de développement socioéconomique, à l’image de la classe moyenne urbaine et du rôle clé qui lui est dévolu», avait souligné le Souverain.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait, en 2021, formulé une série de recommandations pour élargir et soutenir la classe moyenne, mais elles tardent à être concrétisées pour la plupart. Ainsi, il avait prôné l’introduction de la fiscalité des ménages pour augmenter le pouvoir d’achat. Cette fiscalité prend en considération les familles nombreuses et le nombre de personnes à charge. Le CESE a aussi préconisé de renforcer la formation qualifiante pour promouvoir l’élément humain et faciliter l’accès au marché du travail. Dans le monde rural, le CESE appelle à diversifier les activités pour que la population ne soit pas dépendante uniquement de l’agriculture qui est tributaire, faut-il le rappeler, des aléas climatiques. Il est question aussi d’encourager des centres ruraux émergents comme levier d’attractivité et d’aménagement de territoire. Ces lieux seraient non seulement des agglomérations pour apaiser l’exode rural, mais également de petites villes qui présentent de fortes potentialités de croissance.

«Les recommandations du CESE pour élargir et développer la classe moyenne ne peuvent donner les effets escomptés dans le court et le moyen terme. Elles nécessitent un travail de longue haleine et la fédération des efforts de nombreux intervenants et organismes pour aboutir. Par exemple, les avantages fiscaux ou les hausses des allocations sociales accordées à cette population sont insuffisantes pour pouvoir amortir la hausse du coût de la vie. Il est donc pertinent de penser à des outils plus innovants ou de revoir les dispositions actuelles pour la soutenir. A titre d'exemple, le nouveau programme d’aide au logement a donné des résultats tangibles pour la partie dédiée à la classe moyenne», explique Mohamed Amrani, professeur universitaire d’économie.

Et de conclure que «l’émergence d’une classe moyenne agricole figure parmi les grandes priorités de Génération Green. Mais cette stratégie, qui est le prolongement du Plan Maroc Vert (PMV), est confrontée à plusieurs contraintes, dont particulièrement la sécheresse sévère qui sévit depuis des années. Cette situation a dissuadé de nombreux porteurs de projets à s’intéresser à l’agriculture. Il y a aussi la persistance de statuts fonciers compliqués qui est un handicap majeur pour la réalisation des projets». 

 

 

 

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