Ciment: Le secteur au creux de la vague

Ciment: Le secteur au creux  de la vague

alt Ecroulement des ventes du ciment au Maroc, délais de paiement assez longs et développement d’une filière de collecte et de valorisation des huiles et des pneus usagés à la traîne...

 Le point avec Dominique Drouet, président du Directoire d’Holcim Maroc. 

Finances News Hebdo : Les ventes du ciment sont en chute libre. Quelles sont vos perspectives pour ce qui reste de l’année 2013 ?

Dominique Drouet :  Le marché l’année dernière, du premier avril au 31 décembre, a été en baisse de 12%. Les trois premiers mois de cette année ont affiché un résultat négatif de 20%. Je pense qu’en fin d’année nous ne serons pas à des niveaux aussi bas, mais ils se situeront probablement entre -5% et -8%. Cela est lié à une baisse de l’activité du bâtiment et des travaux publics. 

La crise que connaissent les pays européens touche aussi le Maroc dans plusieurs secteurs. Cela se traduit par un manque de liquidité et une baisse de la commande publique, en plus de la baisse des transferts des MRE. Tout cela a un impact direct sur l’activité du bâtiment. 

 

F. N. H. : L’allongement des délais de paiement vous rend-il plus prudent ?  

S. D. : Du fait qu’il y ait moins de liquidité dans le marché, certaines entreprises veulent à tout prix préserver leurs activités. Ce qui se traduit par des délais de paiement de plus en plus longs et une hausse du risque client. Effectivement, quand nous parlons aux grands spécialistes de l’assurance crédit nous nous rendons compte que le niveau de risque augmente et, par conséquent, cela nous pousse à être plus prudents par rapport aux délais de paiement qui est un sujet d’actualité en ce moment. Malheureusement il n’y a pas de solution radicale pour le moment.  C’est au cas par cas, donc il faut voir comment nous pouvons garantir ces paiements en fonction de chaque client individuellement. 

 

F. N. H. : Vous avez pu réduire votre facture énergétique en 2012 grâce à l’intégration des produits de substitutions dans le processus de production à hauteur de 20%. Qu’est-ce qui vous empêche de faire mieux ? 

S. D. : Aujourd’hui le ministre de l’Environnement est en train de mener des projets très importants pour mettre en place la filière des huiles usagées qui sont un déchet industriel dangereux en plus de la filière des batteries, et des pneus. Il se heurte à un certain nombre de difficultés, mais j’espère qu’il va y arriver car le succès de la mise en place de ces filières sera un exemple et permettra ensuite à d’autres filières de voir le jour. 

Pour réaliser des changements conséquents, il est important qu’il y ait initiatives de ce genre. Et je souhaite de tout cœur que ces trois filières sur lesquelles tous les opérateurs travaillent en ce moment, puissent réellement aboutir malgré un certain nombre d’obstacles. 

Nous avons mis en place une plateforme qui fonctionne. Elle est la seule plateforme de déchets industriels dangereux qui existe au Maroc. Elle a progressé en volume de 30 % par rapport à l’année dernière. 

Le problème, c’est que le principe du pollueur payeur n’est pas appliqué au Maroc. Il y a encore beaucoup de gens qui se débarrassent de leurs déchets sans payer le prix pour assurer l’élimination de ces déchets. Cet argent doit être pris en amont pour s’assurer que les déchets seront éliminés, comme ils doivent l’être. 

 

Propos recueillis par S. Z.

 

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