Chronique des récessions au Maroc

Chronique des récessions au Maroc

Depuis 1960, le Maroc a connu six périodes de récession économique.

Les causes étaient différentes et les impacts à degrés variables. Historique.

 

Par Y.S

 

L a pandémie du Covid-19 va plonger plusieurs pays du monde dans leur première récession depuis près d’un siècle. Le Maroc n’est évidemment pas à l’abri de ce tumulte, le FMI lui prévoyant une contraction de 3,7% du PIB en 2020. Le Royaume a connu plusieurs épisodes récessifs depuis son indépendance.

 Nous avons compilé, grâce aux données de la Banque mondiale (World Bank National Accounts Data), les chiffres de croissance du PIB du Maroc depuis 1960. Six périodes de récession se sont dégagées. La première en 1981, avec une contraction annuelle de 1,74% du PIB. 6 ans plus tard, en 1987, le Maroc connaissait une nouvelle récession de 0,33%.

Mais c'est durant les années 90 que le Royaume a enregistré plusieurs épisodes de récession : deux années de suite en 1992 et 1993 avec un recul de 2,10% et 0,74% respectivement, pour ensuite inscrire sa plus forte contraction annuelle en 1995 (-5,41%).

La dernière a eu lieu en 1997, année ou l'économie nationale avait régressé de 1,56%. S'en est suivi un long et durable cycle de croissance ininterrompue jusqu'à aujourd'hui. L’on note par ailleurs que le Maroc a pu échapper à la grande récession de 2008 en raison de sa faible intégration dans la finance mondiale.

 

 Périodes différentes, causes différentes

L'histoire récente nous montre qu’au Maroc le ralentissement est provoqué soit par des chocs économiques imprévus, soit par de grands déséquilibres macroéconomiques ou des campagnes agricoles désastreuses. Au début des années 80, les principaux indicateurs économiques du Royaume reflétaient une grave détérioration de la situation économique du pays.

L’économie marocaine avait subi le contrecoup de nombreux facteurs : deuxième choc pétrolier, baisse des prix du phosphate, hausse du Dollar et des taux d’intérêt, sans oublier une sécheresse sévère en 1981. Cette année-là, le Maroc enregistrait sa première récession depuis au moins 1960 selon les données disponibles.

À l’époque, et en réponse à cette situation inédite, le gouvernement avait mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS). C’est ainsi que plusieurs mesures de stabilisation et d’ajustement ont été élaborées par le Maroc appuyé par le FMI et la Banque mondiale.

6 ans après la mise en place du PAS, soit en 1987, le Maroc est de nouveau retombé en récession, cette fois-ci d’une moindre ampleur, puisque son PIB s’était contracté de 0,33%. La sécheresse en était la principale raison. En effet, entre 1983 et 1993, le secteur agricole avait alterné des hauts et des bas, avec les années 1987 et 1992 comme les plus mauvaises années agricoles et 1986 et 1988 comme les meilleures.

 

1995, année noire

En 1995, l’économie marocaine sombrait littéralement. Outre l'effet de la sécheresse, la rigueur budgétaire et la politique monétaire restrictive (en plus des spéculations sur la formation d'un gouvernement d'alternance) ont eu raison de la croissance économique. Le produit intérieur brut avait reculé de 5,41% pour se situer à 47 Mds de dollars (contre près de 48 Mds une année plus tôt).

Puis «miracle» en 1996, le pays passant d'une terrible récession à une croissance à deux chiffres de type asiatique (+12,4%) : un saut de près de 18 points de pourcentage. C'était finalement un rebond en «V» violent mais sans horizon, puisqu’en 1997 le Maroc renouait de nouveau avec la récession, avec un recul de 1,56%.

 

Que retenir ?

Au final, cette période étudiée (1980- 2000) a connu l'alternance de bonnes et de mauvaises campagnes agricoles et une récession persistante des pays industrialisés, notamment ceux de l'Europe, principaux partenaires économiques du Maroc.

Durant toutes ces années, l’évolution de la croissance économique était influencée par les aléas climatiques et l’environnement international. Les secteurs secondaire et tertiaire contribuaient peu au PIB, alors que le secteur agricole (parfois capricieux) poussait la croissance à l’irrégularité.

Aujourd’hui, la cause est de toute autre nature et provoque des conséquences jamais étudiées : Un choc massif et simultané de l'offre et de la demande. ◆

 

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