Charte d’investissement: une réforme stratégique pour une croissance durable

Charte d’investissement: une réforme stratégique pour une croissance durable

Le gouvernement ambitionne de mobiliser 500 milliards de dirhams d'investissements privés et de créer 500.000 emplois d'ici 2026, en s'appuyant sur la nouvelle Charte d'investissement et en impliquant activement les secteurs privé et bancaire.

 

Par Désy M.

La Charte d’investissement de 2023 marque une étape décisive pour le Maroc, en mettant en place un cadre modernisé et attractif destiné à séduire les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux. Cette nouvelle feuille de route s'attache à améliorer le climat des affaires et à promouvoir la bonne gouvernance, tout en finançant les grands chantiers de l'État social, intégrant les dimensions humaines, territoriales et économiques.

«La loi-cadre n°03.22 qui a remplacé la loi-cadre 18.95, reflète une clairvoyance de la planification, soit au niveau de la déclinaison ou de l’opérationnalisation stratégique de la charte. Une planification qui peut se répertorier en trois grands axes, à savoir les dispositifs de soutien à l’investissement, l’amélioration du climat des affaires et finalement une gouvernance unifiée et territorialisée de l’investissement», analyse Rabia Allouli, professeur d’économie à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir.

 

Incitations attractives et promotion des PPP

Cette réforme permet aux entreprises nouvellement créées de bénéficier désormais d’exonérations fiscales étendues, avec une exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, suivie d’un taux réduit pour les cinq années suivantes. En outre, des subventions plus généreuses sont accordées aux secteurs prioritaires tels que les énergies renouvelables, l’agro-industrie et les technologies de l’information, renforçant ainsi leur compétitivité internationale. La Charte introduit également des mesures de soutien financier et technique aux PME, facilitant leur accès au financement et stimulant l’innovation.

La digitalisation des procédures administratives, une avancée majeure, permet désormais aux investisseurs d’effectuer leurs démarches via des plateformes en ligne, réduisant considérablement les délais et les coûts associés. Un autre élément clé de la Charte de 2023 est la promotion des partenariats public-privé (PPP), qui mobilisent des ressources financières et des compétences techniques du secteur privé pour réaliser des projets d'infrastructure et de développement économique d'envergure. Les PPP offrent plusieurs avantages, notamment le partage des risques financiers et opérationnels entre partenaires publics et privés, ainsi que l'accès à des sources de financement supplémentaires pour des projets nécessitant des investissements importants.

Impacts économiques notables

Selon Rabia Allouli, «les avantages offerts par cette nouvelle charte sont de véritables atouts pour stimuler la croissance économique de manière directe en augmentant la valeur ajoutée, et de manière indirecte en favorisant la consommation des ménages grâce à la création d'emplois». Son impact sur l'économie marocaine est déjà perceptible dans plusieurs secteurs clés. Dans l'industrie automobile, par exemple, le Maroc est devenu un hub régional pour la production et l'exportation de véhicules, attirant des investisseurs de renom mondial.

De même, la création de zones franches dédiées aux technologies de l'information a attiré de nombreuses entreprises internationales, favorisant le développement d'un écosystème technologique dynamique. Dans le secteur des énergies renouvelables, le Maroc s'est imposé comme un leader régional, en grande partie grâce aux mesures incitatives de la Charte. Et celle-ci s'inscrit dans la continuité des objectifs de développement socioéconomique tracés par le Royaume, complétant des réformes modernes telles que la vision 2035 du nouveau modèle de développement. Le Maroc affiche l'un des taux d'investissement les plus élevés au monde, atteignant 30% du produit intérieur brut (PIB) contre une moyenne mondiale de 20%.

Toutefois, cet investissement, principalement supporté par l'État, manque d'efficience. La Charte de l'Investissement 2023 vise à corriger cette tendance en stimulant une plus grande participation du secteur privé. Le gouvernement ambitionne, à cet effet, de mobiliser 500 milliards de dirhams d'investissements privés et de créer 500 000 emplois d'ici 2026, en s'appuyant sur cette nouvelle Charte et en impliquant activement les secteurs privé et bancaire. Cette dynamique est essentielle pour atteindre une proportion de deux tiers d'investissement privé contre un tiers d'investissement public à l'horizon 2035. 

 

 

 

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