Cette transition démographique inévitable engendre une lourde pression sur les grandes villes. Les arrivants cherchent les lieux où il y a de l’emploi et un cadre de vie agréable. C’est pour cela que les grandes métropoles sont appréciées. Des villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Agadir ou Tanger évoluent plus vite que les villes moyennes. Mais ces grandes agglomérations n’ont pas la capacité nécessaire pour absorber tout ce flux humain.
L’extension à l’horizontal se fait au détriment des terres agricoles et crée une pression sur le foncier qui devient de plus en plus cher. D’où l’idée de créer des villes nouvelles ou d’encourager les nouveaux centres urbains. La première option a montré de nombreuses limites; elle a créé par la même occasion différentes problématiques aussi bien pour les résidents que les autorités.
«Les villes nouvelles sont plus des cités dortoirs qui n’ont pas d’âme; elles servent essentiellement pour l’habitat. En l’absence d’activités économiques, la population de ces cités est contrainte de faire des va-et-vient quotidiens pour travailler, étudier ou faire des affaires. Les cas de Tamesna, près de Rabat, Tamansourt, aux environs de Marrakech, ou Lakhyayta, près de Casablanca, en sont le parfait exemple. Le développement de nouveaux centres urbains, que ce soit dans les périphéries des villes ou dans les régions, permettra à coup sûr de freiner l’expansion démographique des grands agglomérations», explique Mohamed Labib, ingénieur urbaniste.
Il poursuit que «la politique des nouveaux centres urbains de taille contenu a fait ses preuves dans de nombreux pays, notamment européens. Ce modèle s’adapte parfaitement au modèle socioéconomique marocain. Les familles préfèrent les maisons de type R+2 ou R+3 que les appartements. La culture de la copropriété n’est pas assez assimilée par beaucoup de ménages, dont une bonne partie est conservatrice, cherchant à préserver l’intimité en évitant les parties communes. Les maisons de ce genre ont le RDC réservé pour les activités, les autres niveaux pour l’habitation et le toit pour la lessive ou les autres besoins. Il faut dire également que l’auto-construction et l’autofinancement sont la formule la plus dominante. Pour maîtriser les coûts, les nouveaux propriétaires évitent les promoteurs et les banques. La construction se fait par étape en général. Les gros œuvres sont réalisées point par point ainsi que la finition».
Si les nouveaux centres urbains sont fortement dominés par les habitations de type marocain, il n’en demeure moins qu’il existe aussi d’autres formes de logements ou de segments. Les logements sont prisés par des ménages issus du monde rural, les MRE, les retraités ou les personnes qui fuient la ville à la recherche d’un environnement de vie plus calme et non pollué.
Le gouvernement a procédé dernièrement au lancement d’un programme pour encourager ces petites agglomérations à la mise en place des documents d’urbanisme, comme les plans d’aménagement. Toutefois, force est de reconnaître que les limites des petites agglomérations se manifestent au niveau de leur faible dotation en matière d’infrastructures de base. Celles-ci nécessitent la mobilisation de différents acteurs comme la région, la préfecture, la commune ainsi que les départements de l’intérieur et de l’équipement et autres administrations.