La pluviométrie des trois prochains mois sera déterminante.
Les éleveurs souhaitent des exonérations sur les aliments de bétail importés.
Par C. Jaidani
Fortement attendues, les dernières pluies ont ravivé l’espoir dans le monde rural. Le plus important, c’est qu’elles ont été bien réparties dans l’espace et dans le temps. Les agriculteurs ont été lourdement impactés par une sécheresse très sévère, qui a porté atteinte au cheptel et aussi à leurs capacités d’exploitation. L’apport en eau est d’une utilité importante, particulièrement pour assurer un bon démarrage de la saison. Fautil dans cette situation s’attendre à une bonne récolte ?
«L’arrivée des pluies est bénéfique pour toutes les filières agricoles. La pluie permet d’enrichir la nappe phréatique et de hisser le niveau de remplissage des barrages. Elle a permis le démarrage de la campagne dans de bonnes conditions et a incité les fellahs à accélérer les travaux du sol, l’emblavement des terres et les opérations d’ensemencement», souligne Rachid Benali, vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader). Et de poursuivre que «la réussite de la saison reste conditionnée par les conditions météorologiques des prochains mois, notamment janvier, février et mars».
Il faut dire que les apports en eau ont eu un effet immédiat. D’abord, au niveau psychologique, puisque le moral des agriculteurs est au beau fixe, ce qui a entraîné une certaine dynamique visible à plusieurs niveaux. Les souks hebdomadaires ont repris leur rythme des échanges et cela s’est répercuté sur les revenus des fellahs et des commerçants, générant des effets d’entrainement sur d’autres activités. Ainsi, les prix de l’alimentation de bétail se sont stabilisés, alors qu’ils s‘inscrivaient dans un trend haussier. Avant l’arrivée des pluies, ils avaient atteint des niveaux record, incitant de nombreux éleveurs à réduire leur bétail ou carrément arrêter leur activité pour s’adonner à autre chose dans l’attente d’avoir plus de visibilité.
Avec l’enrichissement des parcours naturels, les prix devraient baisser, ce qui va réduire ainsi les charges supportées par les exploitants, particulièrement ceux qui se basent sur les activités à caractère pastoral. Pour venir en aide aux exploitants, le gouvernement a lancé un programme de distribution des produits subventionnés, notamment l’orge et l‘aliment composé. Mais pour de nombreux professionnels du secteur, cette mesure est jugée insuffisante pour préserver le cheptel national. Des voix se sont élevées pour demander à l’exécutif d’exonérer les droits d’importation des matières premières entrant dans la fabrication des aliments de bétail comme le maïs, l’orge, le tournesol et le soja.
«Dans cette période difficile, l’imposition de l’alimentation de bétail n’a aucune logique économique. Les recettes fiscales générées par l’Etat ne peuvent en aucun cas compenser les pertes subies par les exploitants et bien entendu tout le pays», souligne Abdellah Rahimi, membre de l’association des producteurs de viandes rouges. Reste à souligner que le gouvernement a décidé la mise en place de nouvelles subventions au profit des agriculteurs, qui devraient atteindre 3,7 milliards de dirhams. En matière d’équipements d’irrigation, la subvention sera reconduite jusqu’en 2027. Le programme concernera une superficie de 350.000 hectares.