Pour les céréales d’automne, le redressement est difficile. Quant aux cultures printanières, la baisse de la superficie dédiée devrait impacter les récoltes.
Par C. Jaidani
Les dernières pluies ont été accueillies favorablement par les Marocains, particulièrement dans le monde rural. Les précipitations ont concerné globalement toutes les régions agricoles du Royaume, avec des nuances entre les régions du Nord, des montages et les autres. Elles ont permis de réduire le déficit hydrique de 70% à 57% par rapport à une année normale et à 37% comparativement à la dernière saison.
Lors de la séance des questions orales, à la Chambre des représentants, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a expliqué que «les dernières intempéries n’ont pas eu un effet majeur sur les réserves en eau des barrages qui restent limitées à 3,78 milliards de m3 contre 5 milliards de m3 au cours de la même période de l’année dernière. Ainsi, le taux de remplissage des barrages se situe toujours au niveau du seuil critique de 23,2% seulement contre 31,7% l’année dernière».
Avec les dernières précipitations, peut-on s’attendre à une relance de la campagne agricole, tout au moins pour ce qui est des cultures printanières et d’autres plantations tardives ? Car les cultures d’automne présentent un état végétatif médiocre. «Au Maroc, la pluie est toujours la bienvenue, quels que soient le moment de l’année et la région du pays. Outre son apport pour alimenter les cultures, elle a un effet sur la nappe phréatique et les eaux de surface. Mais les dernières intempéries ne sont pas assez suffisantes pour inverser l’évolution de la campagne agricole qui, vu les indicateurs disponibles, est quasi compromise», souligne Abdelmounaim Guennouni, ingénieur agronome.
S’agissant des cultures printanières, il estime que «lors des années pluvieuses, leurs superficies peuvent culminer à 700.000 hectares. Mais suite à la succession des années de sécheresse, elles ont régressé pour se limiter à 300.000 hectares. Les agriculteurs n’ont pas la capacité financière pour investir et préfèrent aussi ne pas prendre de risque. La plupart des parcelles sont situées dans le bour favorable, et accessoirement dans les zones irriguées. De ce fait, ces cultures sont intimement liées à la pluviométrie».
En dépit des dernières intempéries, la situation demeure très préoccupante dans le monde rural. Les témoignages recueillis auprès de nombreux exploitants venus faire leurs courses dans le souk hebdomadaire de Had Oulad Ziane sont édifiants. Mohamed Meskini, marchand de bétail, affirme qu’«en pareille période de l’année, une certaine dynamique était constatée. Alors qu’aujourd’hui, il y a un recul du marché que ce soit pour l’offre ou la demande. L’état du bétail laisse à désirer. Seules les bêtes destinées à l’abattage sont cotées sur le marché. Les pâturages naturels se sont appauvris et les exploitants ne peuvent pas supporter le coût de l’alimentation de bétail». Les éleveurs spécialisés dans l’engraissement des ovins destinés à Aïd Al-Adha sont indécis. Car c’est à partir de cette période qu’ils commencent les préparatifs, puisqu’il ne reste que quatre mois pour la fête du sacrifice. La cherté des antenais les dissuade pour le moment.
«Le prix de la viande rouge a atteint des records. Celui de la viande ovine culmine à 120 DH/ kilo dans les villes et 100 DH/ kilo dans les campagnes, et ce à cause de la faiblesse de l’offre qui a engendré la hausse des prix des bêtes destinées à l’abattage. Comme l’année dernière, les prix des moutons devront atteindre des niveaux élevés. Globalement, les éleveurs que je connais préfèrent réduire le bétail à préparer pour l’Aïd Al-Adha car le coût d’exploitation devient très cher», explique Meskini.