Les pluies de fin février, mars et avril ne pourront pas redresser la situation. Les importations de blé devraient se maintenir à un niveau assez proche de l’année dernière.
Par C. Jadani
Le Maroc n’arrive toujours pas à assurer son autosatisfaction en blé. Il dépend des importations pour satisfaire ses besoins. Ces dernières années, elles se sont accentuées sous l’effet de la sécheresse. En 2024, le Royaume a acheté de l’étranger pas moins de 9 millions de quintaux de blé pour une valeur de 17,83 milliards de DH contre 19,35 milliards de DH en 2023. Et pour 2025, tout laisse présager la même tendance si l’on en croit les indicateurs disponibles. Ahmed Bouari, ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Eaux et Forêts et des Pêches maritimes, n’a pas caché son inquiétude.
Il a annoncé dernièrement, lors de la présentation de l’état d’avancement de la campagne agricole en Conseil de gouvernement, que «la saison a été marquée par des précipitations faibles par rapport à la moyenne nationale des 30 dernières années». En dépit des mesures allouées pour soutenir les agriculteurs et les accompagner, de nombreux spécialistes augurent une récolte en deçà de la moyenne. Même si un espoir demeure avec d’éventuelles pluies d’ici fin février et au cours de mars et début avril, elles seront insuffisantes pour redresser la situation. Les réserves en eau des barrages sont en légère amélioration.
Au 12 février 2025, elles culminent à 3,88 milliards de m3, soit une petite progression de 0,69% par rapport à la même période de l’année dernière. Si les bassins hydrauliques du Lokkous, de Sebou et de Tensift affichent un taux de remplissage assez favorable, les autres présentent un niveau nettement en deçà de la moyenne nationale, surtout celui d’Oum Rabii qui est à 5% seulement, compromettant les périmètres irrigués de Tadla et de Doukkala. Les opérateurs du secteur, notamment les importateurs, sont conscients des défis qui les attendent, surtout que le marché mondial des céréales présente quelques perturbations. Le bulletin de février 2025 de l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation (FAO) indique que «les dernières estimations concernant la production mondiale de céréales en 2024 ont été légèrement abaissées par rapport au mois dernier. Elles se situent à présent juste en dessous de 2.841 millions de tonnes, soit un recul de 0,6% en glissement annuel».
Cette baisse de la production devrait avoir vraisemblablement un effet sur les prix. Mais la FAO est optimiste quant aux perspectives pour l’année 2025. Elle estime que «la principale période de semis du blé d’hiver dans les pays de l’hémisphère Nord s’est achevée en janvier. Dans l’Union européenne, les premières estimations indiquent une augmentation des semis, principalement de blé tendre, la majeure partie de cette expansion étant à mettre sur le compte de la France et de l’Allemagne. Les conditions météorologiques ont en général été favorables ces derniers mois et, malgré un temps plus sec que la moyenne prévu en février, les rendements de blé devraient s’améliorer en 2025, après un bas niveau l’année dernière, ce qui confirme la perspective d’un rebond de la production». Mais dans les autres pays producteurs de blé, la situation demeure mitigée, que ce soit en Amérique du nord, Argentine, Brésil ou l’Australie.
Dans ces conditions, la FAO prévoit que «l’utilisation mondiale de céréales en 2024-2025 devrait augmenter de 0,9% (24,5 millions de tonnes) par rapport à son niveau de 2023- 2024 et atteindre 2.869 millions de tonnes, soit 9,8 millions de tonnes de plus que ce qui était indiqué dans le rapport de décembre. La majeure partie de cette augmentation est due à une révision à la hausse de 8,4 millions de tonnes de l’utilisation de céréales secondaires prévue en 2024-2025. On s’attend à ce qu’une hausse de la consommation alimentaire compense un recul de l’utilisation de blé dans l’alimentation animale pendant cette campagne». Face à une baisse de l’offre de blé dans le marché mondial, la valeur des importations marocaines de blé risque d’être revue à la hausse.