Les dernières pluies ont amélioré les réserves des barrages et l’état des parcours naturels. L’interdiction de l’abattage des femelles ovines et caprines contribuera au renouvellement du cheptel national.
Par C. Jaidani
Selon une estimation préliminaire de Bank Al-Maghrib, annoncée lors de son Conseil d’administration du 18 mars, la récolte céréalière au titre de cette campagne agricole devrait osciller autour de 35 millions de quintaux, bien en deçà des prévisions du gouvernement fixées à 70 millions de quintaux. Mais le résultat aurait pu être plus défavorable si ce n’étaient les pluies salvatrices de ces derniers jours qui ont relancé le secteur agricole, redonnant de l’espoir aux exploitants.
Les réserves en eau des barrages ont bénéficié amplement de cet apport. Au 24 mars, elles ont atteint 6,23 milliards de m3 , soit un taux de remplissage de 37%, et tout laisse présager que la barre fatidique des 40% pourrait être dépassée dans les jours à venir. En visite dans la région de FèsSaiss, Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, et des Eaux et Forêts, a affiché un optimisme mesuré quant à l’évolution de la saison. Il a renouvelé «l’engagement continu des services du ministère de l’Agriculture à renforcer l’accompagnement des agriculteurs, à rester à leur écoute, à renforcer les projets de modernisation des systèmes d’irrigation et à promouvoir des solutions innovantes pour une agriculture durable et résiliente».
Le ministre a fait référence à l'adoption de technologies intelligentes pour faire face aux aléas climatiques. Ces solutions permettent de «sécuriser la production agricole, garantir la pérennité du développement agricole et soutenir l’économie rurale». Il faut noter que les dernières pluies sont arrivées au moment opportun. Outre leur contribution en matière de renforcement des ressources hydriques, elles coïncident avec la période des cultures printanières. Celles-ci concernent différentes filières, comme les céréales tardives dites «mazozis», les arbres fruitiers, les légumineuses, les cultures fourragères et maraîchères.
«De nombreux agriculteurs n’ont pas pu emblaver leurs terres pendant la période automnale à cause du manque de pluies. Le travail du sol était rendu difficile, surtout dans les zones bours. Pour rattraper le retard, la plupart des exploitants qui n’ont pas procédé aux cultures automnales s’intéressent actuellement aux cultures printanières. Profitant des conditions climatiques favorables, ils se lancent dans une course contre la montre pour assurer le semis, utilisant des variétés adaptées à cette période de l’année», souligne Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome.
Dans une saison normale, les cultures printanières atteignent en moyenne une superficie de 400.000 hectares sur tout le territoire national. Mais à cause de la sécheresse des six dernières années, elles ont baissé pour se limiter à 250.000 hectares seulement. «En dépit de leur rôle économique, certaines cultures printanières comme les légumineuses ont un effet favorable en matière de fixation de l’azote dans le sol. Dans le cadre de la jachère, les surfaces cultivées donnent de très bons rendements, surtout que le sol connaît une hausse de son humidité», affirme Guennouni.
Par ailleurs, il est utile de souligner que les pluies ont profité amplement aux activités pastorales. Les parcours naturels se sont bien améliorés, une situation qui permettra d’avoir des effets positifs sur la reproduction du bétail. A noter que dans le sillage de l’annulation du sacrifice pour l’Aïd Al-Adha, le ministère de l’Agriculture a décidé d’interdire l’abattage des femelles ovines et caprines pour assurer le renouvellement du cheptel national. Cette décision n’a pas manqué de susciter la grogne des exploitants, estimant qu’ils seront privés de leurs sources de revenus. Ils déplorent aussi le manque de mesures de soutien de la part de l’Etat pour les accompagner dans cette période difficile.