◆ Si la sécheresse persiste, ce sera la catastrophe.
◆ Avec la crise, l’Etat maintiendra-t-il son soutien au secteur ?
Par C. Jaidani
Si au fil des ans les exploitants agricoles marocains ont pu s’adapter à l’alternance des années humides et des saisons de sécheresse, ils ont néanmoins rarement été confrontés à deux années successives de déficit pluviométrique.
Il faut remonter au début des années 80 pour trouver un tel phénomène. Une situation qui, à l’époque, avait fortement impacté le Maroc, le poussant à adopter le fameux programme d’ajustement structurel (PAS).
Selon les météorologues, un tel cycle se répète tous les 40 ans et le risque d’une troisième saison sèche, après celles de 2018/2019 et 2019/2020 n’est pas à écarter.
Devant la Chambre des députés en réponse à des questions orales, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, n’a pas caché ses inquiétudes pour la prochaine campagne, sans en donner plus de détails. Interrogés à ce sujet, des experts et des exploitants estiment que le ministre redoute une campagne 2020/2021 difficile.
«Une bonne campagne assure un bon démarrage pour la saison suivante. Dans le cas contraire, la trésorerie des fellahs est mise à rude épreuve surtout ceux qui pratiquent l’élevage. Dans les moments difficiles, soit ils s’endettent pour continuer à exercer soit ils réduisent leur bétail pour pouvoir supporter les charges. Dans les deux cas, ils sont pénalisés», affirme Hicham Ait Lhouss, ingénieur en génie rural.
Les exploitants, quant à eux, avancent d’autres éléments tout aussi redoutés. «Après une vague de sécheresse, les prix de tous les intrants et de l’aliment de bétail sont tirés vers le haut, atteignant parfois des niveaux insupportables, comme c’est le cas actuellement. La situation deviendra encore plus inquiétante si à l’automne prochain la pluie fait défaut», souligne Abderrahmane Bentaki, président d’une coopérative céréalière dans la région de Médiouna.
Dans tous les cas de figure, l’Etat sera fortement sollicité pour venir en aide aux agriculteurs, notamment les petits d’entre eux. Mais avec les contraintes de la crise sanitaire qui a entraîné une crise économique sans précédent, le gouvernement sera-t-il capable d’honorer tous ses engagements ?■
Des incertitudes pour les éleveurs |
Le secteur de l’élevage sera le plus impacté en cas de persistance de la sécheresse. Les parcours naturels sont déjà appauvris et les exploitants sont contraints d’acheter l’aliment de bétail pour répondre au besoin de leur cheptel. La flambée des prix des produits risque de perdurer davantage pouvant atteindre des seuils insupportables. La distribution de l’orge subventionné serait insuffisante pour soutenir l’activité, il faut investir d’autres pistes. |