Bus urbains : Le renouvellement de la flotte profite-t-il à l’industrie locale ?

Bus urbains : Le renouvellement de la flotte profite-t-il à l’industrie locale ?

Une partie du parc est importée, l’autre est fabriquée localement avec un faible taux d’intégration.

Les entreprises nationales disposent de l’expertise et des compétences nécessaires pour répondre aux appels d’offres.

 

Par C. Jaidani

 

Plusieurs villes marocaines ont lancé un vaste programme pour renouveler leur flotte de bus urbains. Ces marchés, qui mobilisent plusieurs milliards de dirhams, ont pour objectif de répondre à des besoins de sécurité, d’écologie et de confort. Le parc existant a atteint un niveau d’usure tel qu’il est devenu bon pour la ferraille.

Des incidents se sont multipliés ces derniers temps : accidents, incendies, sans oublier les quantités inquiétantes de pollution que dégagent ces engins. Le renouvellement du parc répond aussi à un objectif d’ordre industriel et économique. L’idée est de donner une nouvelle impulsion à l’industrie locale à travers le soutien de l’investissement, la création de l’emploi et le transfert de know-how. Casablanca, par exemple, devrait, à partir de 2021, déployer progressivement une flotte de 700 bus flambant neufs.

Ces acquisitions nécessiteront un budget global de plus de 2,4 milliards de DH. Une partie de la flotte sera importée montée et une autre sera de type CKD ou montée localement. Pour les autorités qui interviennent dans ce marché, notamment le Conseil de la ville, le ministère de l’Intérieur et le département de l’Industrie, «l’appel d’offres englobe des clauses pour favoriser les entreprises nationales».

Comme l’explique Mohamed Abou Rahim, vice-président du Conseil de la ville de Casablanca, chargé du transport, «il existe une forte pression pour répondre aux besoins de mobilité dans la métropole. Pour régler cette problématique, nous avons opté provisoirement pour des bus d’occasion importés le temps que les bus neufs soient disponibles. Que ce soit en importation ou en fabrication locale, cela nécessite du temps au niveau de la production, de leur transport ou de leur homologation».

Déjà, pour les bus importés, c’est une perte sèche pour l’industrie locale, alors que pour ceux en CKD des interrogations se posent quant à leur niveau d’intégration. Par exemple, la filiale marocaine du groupe espagnol Irizar a décroché un lot de 200 bus avec pour objectif d’assurer un taux d’intégration de 41% au départ et d’atteindre 60% par la suite.

Interrogés à ce sujet, des industriels opérant dans le domaine de la carrosserie sont sceptiques quant aux chiffres avancés, estimant que les bus urbains commandés sont dotés de motorisations et d’équipements qui sont hors de portée pour le moment pour l’industrie locale. Ils soulignent que si le taux d’intégration progresse vers des niveaux soutenus, il permettra de tirer les prix des bus vers le bas, facilitant au passage les acquisitions et rendant compétitifs également les pièces de rechange.

Il faut dire que le marché est très porteur si l’on prend en considération les besoins locaux, que ce soit pour les bus urbains ou pour les cars de transport interurbain, touristique ou de personnel. Une partie de la production peut être orientée vers l’export, notamment vers les pays africains.

 

L’écosystème des équipementiers en plein essor
Grace à l’essor de l’industrie automobile nationale, un écosystème d’équipementiers s’est développé, impliquant plusieurs filières et permettant aussi d’augmenter progressivement le taux d’intégration. Les entreprises opérant dans le secteur peuvent étendre leurs chaînes de production pour englober des pièces destinées à la fabrication des bus ou des cars. Elles disposent actuellement de l’expertise et des compétences humaines nécessaires. Mais encore faut-il qu’elles soient capables de répondre aux cahiers des charges exigés, surtout pour les bus nécessitant un niveau technologique élevé, comme c’est le cas pour les derniers appels d’offres lancés.

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