Bilan gouvernemental: Le «J’accuse» du PAM

Bilan gouvernemental: Le «J’accuse» du PAM

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A quelques semaines des législatives, le PAM sort la grosse artillerie pour «descendre» le bilan du gouvernement sortant,

qu’il juge décevant à tous les niveaux. Selon une source gouvernementale, toute analyse qui se veut objective doit être contextualisée en spécifiant ce dont a hérité le gouvernement et ce qu’il lègue. Force est de reconnaître que le gouvernement sortant a mené des réformes très critiques, tout en préservant la paix sociale et la stabilité.

A l’approche des législatives, la guéguerre entre les partis ne cesse de s’enflammer, plus particulièrement entre le PJD et le PAM, qui n’a pas manqué de passer à un autre niveau loin des réseaux sociaux et les portails où les adhérents des deux bords s’adonnent à cœur joie de descendre la partie adverse. Notamment en dénonçant «la confusion délibérée entre l’institution du Chef de gouvernement et le leader du parti majoritaire, et l’usage d’un lexique politique indécent». En effet, le PAM a décidé d’ouvrir les hostilités en publiant une analyse critique, voire sévère, du programme et bilan gouvernemental, non sans s’attaquer directement, au parti majoritaire, entendez le PJD. Le ton est d’ailleurs très agressif pour ce genre d’exercice ! Le parti du tracteur entame en effet son analyse par «descendre» le programme gouvernemental qui ne serait que «littérature» au lieu de répondre aux nomes internationales avec des objectifs chiffrés pouvant permettre son évaluation et une réddition des comptes, principe introduit par la Constitution de 2011. Le PAM reproche également au gouvernement, malgré un léger mieux des équilibres macroéconomiques, le maintien de la ligne de précaution de liquidité du FMI, qui coûte 450 millions de DH aux caisses de l’Etat. Sans oublier les doublons entre différents départements qui dévoilent un manque de cohérence globale de l’action contenue dans le programme. Recul du taux de croissance, du PIB, augmentation du taux de chômage, aggravation de la dette publique…, l’analyse du PAM insiste sur le décalage entre promesses contenues dans le programme du gouvernement et les réalisations sur cinq années d’exercice à la tête de l’Exécutif. Une analyse à nuancer pour un haut responsable du gouvernement qui estime que «pour faire toute analyse objective du bilan du gouvernement sortant, il faut un point de départ et un point d’arrivée pour bien contextualiser : ce dont nous avons hérité et ce que nous léguons au prochain gouvernement. Pour évaluer l’action gouvernementale, je vous renvoie aux appréciations faites par les institutions internationales de Breton Woods réputées plus neutres et qui ne manquent pas de saluer une réforme comme elles peuvent nous épingler pour un manquement. Sur ce plan, le Maroc a été érigé en exemple grâce à la capacité du gouvernement à mener des réformes critiques tout en maintenant la paix et la stabilité. Il s’agit en l’occurrence de la réforme de la compensation et celle du système de retraite. Sans oublier celle de la Loi organique des Finances». Force est de constater que dès qu’il a pris les commandes, dans un contexte politique et économique délicat, le gouvernement a pris à sa charge l’assainissement de la situation, en privilégiant le maintien des équilibres macroéconomiques et l’enclenchement de réformes structurelles qui tardaient à voir le jour. Mais, pour le PAM, ce pari s’est fait aussi bien au détriment de la croissance que des secteurs sociaux.

Le gouvernement épinglé sur le plan social L’analyse du PAM s’attarde sur la question de démocratisation de l’accès aux services, qu’il s’agisse d’éducation, de santé, d’emploi, de logement… de sorte à assurer une égalité des chances aussi bien entre catégories sociales qu’entre régions. A ce niveau, le rapport signale qu’après quatre années d’exercice, le bilan est en deçà des promesses. Pis encore, une initiative comme la création d’un Fonds de cohésion sociale a été détournée au profit du maintien des équilibres budgétaires, au lieu de profiter au financement de projets destinés aux catégories vulnérables et démunies. Le PAM souligne ainsi que sur les 12 milliards de DH collectés, seuls 4 milliards de DH ont été dépensés entre 2014 et 2015. «On connaît les limites. Il est évident que des choses restent encore à faire, notamment l’emploi et l’éducation qui sont des chantiers ouverts, dire le contraire ça serait mentir. Néanmoins, il faut souligner que ce gouvernement a assaini la situation et balisé le terrain au prochain gouvernement, quelle que soit sa couleur, pour mener à bien les politiques publiques. Et ce grâce à sa transparence qui a incité les Marocains à accepter des réformes impopulaires», explique cette source gouvernementale qui ne manque pas d’émettre des réserves sur la qualité et l’objectivité de l’analyse du PAM dans ce contexte de tensions électorales.

Faut-il signaler que parmi les limites justement signalées, figurent celles que connaît la mise en œuvre de la Vision 2020 du secteur touristique. Mieux encore, ce haut responsable souligne que ce gouvernement, ou un autre, ne peut réussir à lui seul sans la coopération et la mobilisation de tous les acteurs, chacun à son niveau, tel que le permet la Constitution, pour bâtir un modèle de développement qui inclut le social, l’économique, le régional… Allusion faite notamment à l’opposition, dont le PAM fait partie, et qui dispose désormais de larges prérogatives qui la rendent co-responsable de l’Exécutif dans la gestion de la chose publique, du moins dans son contrôle

I. Bouhrara

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