Aviculture : la filière résiste mieux aux aléas et mise sur l’export

Aviculture : la filière résiste mieux aux aléas et mise sur l’export

Elle revoit à la hausse ses objectifs à l’horizon 2030, avec une hausse de la production de 34%. L’activité demeure vulnérable à certaines contraintes, comme la fluctuation des prix des intrants.

 

Par C. Jaidani

Depuis quelques années, l’agriculture nationale est sous le coup d’une sécheresse sévère, qui a impacté quasiment toutes les filières, surtout animales. L’activité des viandes rouges en est le parfait exemple. Elle traverse des moments difficiles, poussant le gouvernement à autoriser les importations pour combler le déficit de l’offre et stabiliser les prix. Conséquence de ce renchérissement des prix, de nombreux consommateurs ont opté pour la viande blanche dont les prix demeurent globalement abordables et à la portée de la population à revenu limité.

En effet, malgré la hausse des coûts des intrants, l’aviculture résiste mieux aux aléas climatiques et parvient à assurer l’autosatisfaction du pays dans ce domaine. Elle réalise une croissance continue en dépit de la sécheresse. Rappelons que le secteur a produit, en 2023, 745.000 tonnes de viandes blanches et 6,1 milliards d’œufs, permettant de satisfaire la demande nationale. Mais le but est d’améliorer significativement ces réalisations, et viser des objectifs plus ambitieux. Ce constat est confirmé par Ahmed Bouari, le nouveau ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Pêches maritimes et des Eaux et Forêts.

«L’aviculture est un secteur stratégique pour assurer la sécurité alimentaire et consolider la souveraineté nationale dans ce domaine. Dans le cadre des contrats-programmes signés entre l’Etat et les professionnels de l’activité, nous aspirons à atteindre un million de tonnes de viandes blanches et 8 milliards d’œufs à l’horizon 2030. Ces objectifs ne peuvent être atteints que grâce à la multiplication des investissements et un accompagnement adéquat des exploitants sur toute la chaîne de valeur. Les nouveaux projets devraient permettre la création de milliers d’emplois», explique Bouari lors de l’ouverture du salon Dawajine 2024. Il faut noter que la filière réalise un chiffre d’affaires annuel de 41,5 milliards de DH et assure l’emploi à près de 150.000 personnes. Elle ambitionne, dans le cadre du contrat-programme inscrit dans Génération Green, de passer à la vitesse supérieure en enregistrant un chiffre d’affaires dépassant les 50 milliards de DH et la création de 140.000 emplois supplémentaires, portant le cumul des emplois à près de 600.000. Outre la production pour le marché local, le secteur vise les exportations.

«L’aviculture nationale a fait des pas de géants, en dépit des entraves liées au renchérissement des coûts de production et de la sécheresse. Dans le cadre du Plan Maroc Vert, 14 milliards de DH ont été investis dans le secteur. Il y a une dizaine d’années, notre objectif était de répondre aux besoins du Maroc. Actuellement, de nombreuses entreprises du secteur ont des programmes de développement axés sur l’export, notamment vers les pays africains. 10% à 15% de la production de poussins sont exportés,  sans compter les autres produits avicoles», souligne Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole. Il affirme par ailleurs que «le développement de l’activité est accompagné par un programme comprenant la modernisation des exploitations et de la chaîne de valeur. Il s’agit notamment d’améliorer le réseau de distribution, de conditionnement, de transformation et aussi de la production de l’aliment de volaille».

Par ailleurs, il est utile de noter que l’aviculture nationale est contrainte de relever des défis de taille. Au niveau de l’alimentation de bétail, la filière est dépendante de la volatilité des prix à l’international, surtout que la plupart des produits, particulièrement le maïs et le soja, principaux composants, sont importés de l’étranger. Il est donc essentiel de signer des contrats à terme pour se prémunir des fluctuations des cours qui se répercutent directement sur leur coût de production et sur les marges des éleveurs.

 

 

 

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