Autrement dit : Cassandre

Autrement dit : Cassandre

amine

On peut penser ce que l’on veut des prévisions du HCP : qu’elles sont teintées d’idéologie socialisante, qu’elles noircissent volontiers le tableau des réalisations du gouver­nement; ou, au contraire, qu’elles sont l’émanation d’une institution qui tient à son indépendance et qu’elles ne font que refléter la réalité économique de notre pays, aussi morose soit-elle.

Les avis divergent sur la question, et ce n’est pas la dernière sortie du prévisionniste en chef, Ahmed Lahlimi, promettant une année 2016 difficile, qui fera converger les opinions.

Mais laissons de côté la politique, et son corollaire la mauvaise foi, et reconnaissons que ces mêmes prévisions ont fait la preuve (chiffres à l’appui) de leur fiabilité, plus que tout autre organisme. Alors, quand le HCP nous dit que la croissance 2016 sera de 1,3%, cela devrait nous inciter à nous poser les bonnes questions, plutôt qu’à polémiquer.

Car, 1,3% de croissance en 2016 est une performance famélique pour un pays qui ambitionne d'intégrer le club des émergents. Un petit calcul simple permet de s’en convaincre : sur la base d’un PIB de 110 milliards de dollars à fin 2015, et d’un taux de croissance de 1,3%, la richesse brute créée au Maroc, en 2016, serait à peine de 1,4 milliard de dol­lars. Toutes les forces vives de la nation, tous les efforts déployés, les investissements consentis, ne produiront, en fin de compte, qu’un petit milliard et demi de dollars de richesses supplémentaires… 14 milliards de dirhams, qui ne pèsent pas bien lourd face aux centaines de milliers de jeunes chômeurs désoeuvrés, auxquels il faudra pourtant trouver un emploi, pour éviter, sans vouloir jouer les Cassandre, une sévère crise sociale. Les enjeux sont trop importants pour que notre économie continue de ronronner de la sorte. Notre modèle de croissance, si tant est qu’il existe, est en bout de course. Et aujourd’hui, plus que jamais, c’est bien dame météo qui fait (pardonnez le jeu de mot) la pluie et le beau temps de notre économie.

Par Amine El Kadiri

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