La création du Conseil national de l’artisanat marque, selon les professionnels du secteur, une étape capitale dans la stratégie nationale de développement de l’artisanat.
Malgré les performances récentes, il reste encore beaucoup à accomplir pour insuffler une pleine dynamique au secteur.
Par M. Ait Ouaanna
Ce n’est pas pour rien que le département de Fatim-Zahra Ammor accorde une importance cruciale à l’artisanat. Ce secteur vital contribue à hauteur de 7% au produit intérieur brut et emploie plus de deux millions et demi de personnes. Pour le compte de l’année 2023, le secteur de l’artisanat a généré 11 milliards de dirhams de recettes en devises et a enregistré un chiffre d’affaires de 147 Mds de dirhams, en plus d’une valeur ajoutée de 97 Mds de dirhams. Une dynamique de croissance que la tutelle aspire à renforcer à travers ses multiples actions en faveur de la promotion de l’artisanat marocain. La dernière à ce jour est la création du Conseil national de l’artisanat (CNA), dont la première réunion a été présidée par le Chef du gouvernement, le 16 juillet dernier.
Considéré comme un jalon essentiel dans la stratégie nationale de développement de l’artisanat, ledit Conseil vient formuler et proposer des actions concrètes pour revitaliser, moderniser et promouvoir le secteur. Le but ultime étant de renforcer la compétitivité des artisans et d’améliorer leurs conditions socio-économiques, tout en sauvegardant le patrimoine artisanal national.
Présidente-fondatrice du Réseau des femmes artisanes du Maroc (REFAM), Fawzia Talout Meknassi estime qu’en dépit de la croissance affichée ces derniers temps, beaucoup reste à faire pour parvenir à dynamiser pleinement le secteur.
«Bien que le Conseil national de l’artisanat constitue une avancée significative, un long chemin reste à parcourir. En effet, le processus de modernisation et de dynamisation de l’artisanat marocain est encore loin d’être achevé, et de nombreux défis doivent être surmontés pour rendre cette vision tangible», précise-t-elle.
Dans le même ordre d’idées, Fawzia Talout Meknassi suggère une série d’actions qui doivent nécessairement être déployées en vue d’atteindre les objectifs escomptés. Il s’agit entre autres de l’encadrement du mono artisan et son implication dans le système économique local et national, la révision des structures des Chambres d’artisanat, le développement des coopératives, le renforcement de la formation professionnelle, ainsi que la valorisation des exportations. A cela s’ajoutent également la préservation du patrimoine et la généralisation de la couverture médicale. Concernant ce dernier point, la présidente-fondatrice du REFAM souligne que jusqu’à présent, 647.000 artisans ont adhéré à l’AMO et 400.000 professionnels du secteur sont inscrits dans le Registre national de l’artisanat.
«Le secteur de l’artisanat est un pilier essentiel du tourisme et de l’identité culturelle marocaine. Néanmoins, toute stratégie devrait prendre en compte la situation de la mono artisane, qui demeure exploitée par les intermédiaires. A ce niveau, nos attentes sont d’impliquer ces femmes exceptionnelles par leur créativité dans le système économique national», insiste-t-elle.
Pour rappel, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a récemment dévoilé l’objectif de son département consistant à former annuellement 30.000 apprentis dans les métiers de l’artisanat à l’horizon 2030. Et de préciser que 19.000 seront formés durant l’année en cours.