Alya : «Le paiement fractionné a le potentiel de modifier la manière de consommer des Marocains»

Alya : «Le paiement fractionné a le potentiel de modifier la manière de consommer des Marocains»

Alya est la première startup au Maroc à proposer une solution de paiement fractionné sans intérêts ni frais. Pour diversifier ses services, la startup prévoit de lancer une solution de paiement dédiée aux sites d’e-commerce et de vente en ligne. Entretien avec son fondateur et CEO, Brahim Zaid.

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés pour mettre en place le paiement fractionné, notamment en termes de réglementation et d’adoption par les commerçants et consommateurs ?

Brahim Zaid : Lancer une solution de paiement fractionné au Maroc a nécessité de surmonter plusieurs défis majeurs. Sur le plan réglementaire, nous avons dû naviguer dans un cadre juridique qui était complètement novateur. Il a fallu travailler en étroite collaboration avec Bank Al-Maghrib et les partenaires juridiques pour structurer une offre conforme et sécurisée grâce à leur professionnalisme et vision ambitieuse du Maroc de demain. La levée de fonds a également été un défi, car le paiement fractionné est une solution extrêmement complexe qui a nécessité de recruter des investisseurs extrêmement sophistiqués et «risk-seeking». Nous avons, comme toutes les startups du Royaume, été confrontés à l’étroitesse du marché du venture capital marocain, mais Alya a su convaincre grâce notamment à une équipe solide et complémentaire, une solution viable et fonctionnelle et une exécution agressive. En moins de 15 jours ouvrés après notre levée de fonds, nous avions déjà enregistré nos premières transactions et signé des dizaines de contrats partenaires. Du côté des consommateurs, la confiance et l’accessibilité ont été des enjeux clés. Nous avons travaillé sur une expérience fluide et rapide, sans paperasse excessive, tout en garantissant une évaluation du risque efficace. La vulgarisation du paiement fractionné joue aussi un rôle important pour assurer une adoption saine et responsable du «Buy Now, Pay Later» (BNPL). Il ne se passe pas un jour sans que Alya doive expliquer à ses clients pourquoi et comment nous ne prélevons aucun intérêt ni frais. Il s’agit d’une innovation considérable sur le marché, qui intrigue. En revanche, l’adoption par les commerçants n’a pas été un défi comme nous l’avions pensé au début, car beaucoup d’entre eux étaient déjà familiers avec le Buy now, Pay later (BNPL) et avaient des convictions positives sur ses avantages. Nous avons surtout eu la chance de compter parmi nos premiers partenaires des retailers qui ont voulu nous accompagner et lancer Alya, et nous permettre de peaufiner notre solution.

 

F.N.H. : Le paiement fractionné repose sur un équilibre entre accessibilité pour les consommateurs et gestion du risque pour l’entreprise. Comment Alya évalue-t-elle la solvabilité des clients et quels mécanismes avez-vous mis en place pour minimiser les risques d’impayés ?

B. Z. : La gestion du risque est au cœur de notre modèle. Nous utilisons une combinaison d’algorithmes et solutions propriétaires, et de sources de données alternatives pour évaluer la solvabilité des clients en temps réel. Cette analyse repose sur plusieurs critères, notamment l’historique de paiement, les comportements d’achat et des indicateurs de stabilité financière. Nous avons également mis en place un système de limitation progressive des montants accessibles aux nouveaux utilisateurs, qui évolue avec leur historique de paiement. De plus, des rappels automatisés et un suivi proactif permettent d’éviter les défauts, en plus des prélèvements automatiques que nous effectuons.

 

F.N.H. : Vous venez de clôturer une levée de fonds pour Alya. Quels objectifs stratégiques visez-vous avec ces financements, et quel rôle jouent les investisseurs dans votre expansion ?

B. Z. : Cette levée de fonds marque une étape clé pour Alya et va nous permettre d’accélérer notre croissance sur plusieurs fronts. D’abord, nous allons renforcer notre infrastructure technologique en optimisant notre capacité d’analyse de données et en améliorant l’expérience utilisateur sur notre plateforme. Ensuite, nous comptons élargir notre réseau de commerçants partenaires afin de proposer le paiement fractionné dans davantage de secteurs, notamment l’électroménager, l’ameublement, l’assurance automobile et la mode. L’adoption rapide par les enseignes est essentielle pour démocratiser notre solution, mais il faut d’abord et avant tout assurer les volumes. Nous comptons aussi très prochainement lancer Alya comme solution de paiement sur les sites d’e-commerce et de vente en ligne, puisqu’à ce jour Alya est disponible uniquement chez nos partenaires en magasin. Aussi, recruter les meilleurs talents sur le marché en attirant des développeurs hors-pair, des équipes opérationnelles efficaces et, surtout, une force de frappe commerciale efficiente. A bon entendeur !

 

F.N.H. : Pensez-vous que le paiement fractionné pourrait profondément transformer les habitudes de consommation au Maroc ? Quels impacts ce modèle pourrait-il avoir sur le commerce et sur l’inclusion financière des Marocains à moyen et long terme ?

B. Z. : Absolument. Le paiement fractionné a le potentiel de modifier durablement la manière dont les Marocains consomment, en rendant certains achats plus accessibles et simples. Il répond à une demande croissante pour des solutions de financement flexibles et adaptées au pouvoir d’achat local, qui ne nécessitent pas un endettement coûteux et très souvent même inexistant au sein de la majorité des enseignes. Payer en plusieurs fois est d’ores et déjà bien ancré dans nos habitudes (i.e., épicier, courtier d’assurance, soins dentaires, salle de sport, etc.). En outre, Alya n’invente pas une nouvelle façon de consommer, mais elle la simplifie considérablement. Pour les commerçants, c’est une opportunité évidente d’augmenter leurs ventes et de fidéliser une clientèle qui, autrement, pourrait hésiter à concrétiser certains achats. Nous constatons déjà une hausse du panier moyen chez nos partenaires d’environ 20%, ce qui témoigne de l’impact positif du BNPL sur leur activité. À moyen terme, nous espérons que cette approche contribuera à une meilleure intégration financière et à une culture du crédit plus saine et responsable au Maroc grâce à nos solutions sans frais ni intérêts. Enfin, nous avons une réelle ambition d’accompagner le secteur du retail et des services dans leur croissance; nos entrepreneurs et chefs d’entreprise dans ces secteurs ont un réel besoin de Alya. 

 

 

 

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