ALE Maroc-Turquie : la classe politique fait bloc derrière MHE

ALE Maroc-Turquie : la classe politique fait bloc derrière MHE

 

La classe politique dans son ensemble soutient l’initiative du ministre de réviser l’accord… sauf le PJD.

La question de la compétitivité des entreprises marocaines reste posée.

 

Par C.J

 

Moulay Hafid Elalamy persiste et signe. Après avoir critiqué ouvertement l’accord de libre-échange avec la Turquie le jugeant défavorable pour le Royaume, le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique s’attaque directement à la chaîne de distribution BIM.

Ses principaux griefs : l’enseigne turque tue les petits commerçants et ne vend pas suffisamment de produits marocains.

La montée au créneau du ministre Rniste a visiblement donné ses fruits, puisque la Turquie a accepté dernièrement de revoir les dispositions de l’ALE.

En réponse à une question orale devant la Chambre des représentants, MHE a confirmé que «les discussions avec la partie turque ont connu un vif débat et en fin de compte les responsables de ce pays ont été réceptifs aux doléances du Maroc».

Chiffres à l’appui, il a annoncé que les relations commerciales sont défavorables pour le Royaume à tous les niveaux, notamment un déficit commercial bilatéral annuel de 18 milliards de DH.

«Le problème était visible depuis un certain temps. Plusieurs observateurs issus de différents horizons politiques ou économiques ont tiré la sonnette d’alarme, jugeant les termes de l’ALE conclu entre la Turquie et le Royaume très pénalisants pour l’économie nationale. Certaines activités ont été lourdement touchées à l’image du textile. Cette situation a poussé le gouvernement à décréter un bouclier de mesures de sauvegarde pour restreindre l’accès des produits turcs au Maroc», rappelle Mohamed Belmir, politologue.

Et de préciser qu’il faut prendre en considération d’autres aspects, d'autant que les échanges avec ce pays sont nettement défavorables et recommande de faire le nécessaire pour les équilibrer. C’est le cas par exemple du tourisme ou des IDE turcs vers le Maroc : «Pas moins de 120.000 Marocains se rendent annuellement en Turquie, alors que le nombre de Turcs visitant le Royaume ne dépasse pas les 32.000. Au niveau de l’investissement, Tayeb Erdogan, le président turc, a annoncé la mobilisation de pas moins 5 milliards de dollars en Algérie alors que la part des IDE turcs au Maroc ne dépasse pas 1%».

La classe politique nationale dans son ensemble fait bloc derrière le ministre de l’Industrie et le soutient dans sa démarche.

«Ils ont profité de la fragilité de notre économie et l’absence de dispositions de protection de la production nationale. Plusieurs entreprises de textile et de confection ont dû mettre la clé sous le paillasson à cause des produits turcs, qui défient toute concurrence et tout laisse penser qu’ils bénéficient de mesures de dumping de la part du gouvernement d’Ankara. Mesures interdites par les règles de l’OMC», souligne Mostafa Bentiass, député de l’Union Constitutionnelle.

Un avis partagé par Aicha Lablak, députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui estime que «la principale préoccupation du Maroc est le chômage. Notre pays peine à créer 75.000 postes d’emploi par an et avec la Turquie, il en a perdu pas moins de 119.000. Si cet ALE ne peut être révisé, il faut l’abroger».

Ahmed Brija, député du PAM, estime pour sa part que «l’ALE n’est qu’une partie du problème. Le Maroc a choisi d’ouvrir son économie et il ne faut pas remettre en cause cette orientation. Mais quand il y a une menace, il ne faut pas hésiter à défendre ses intérêts. L’économie américaine est la plus libérale au monde mais dès que les intérêts économiques sont touchés, les responsables n’hésitent pas à lancer des représailles. Ce fut le cas avec l’Union européenne et la Chine. Pour notre pays, il ne faut pas s’occuper que du volet protectionniste, mais travailler durement pour que les entreprises nationales développent leur compétitivité».

Seul le Parti de la justice et du développement (PJD), par la voix de Driss Azami El Idrissi, député, maire de Fès et ex-ministre du Budget, a émis des réserves. Il impute la responsabilité au gouvernement Jettou qui a mal négocié cet ALE. «L’accord a été conclu en 2004 pour entrer en vigueur en 2006. L’Exécutif n’a pas pris le temps nécessaire pour l’étudier et recueillir l’avis de tous les acteurs concernés pour conclure un accord équilibré».

Par ailleurs, il rappelle que le Maroc n’a pu renverser la tendance de ses échanges avec la France que grâce à la politique des écosystèmes.

Les secteurs les plus fragiles, comme le textile, ont besoin d’un écosystème pour être compétitifs. ◆

 

 

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