Les estimations tablent sur une moyenne de 38 millions de quintaux. Outre la céréaliculture, l’élevage est l’autre activité vulnérable impactée sérieusement par la sécheresse. La réforme de ces deux filières doit être accélérée.
La campagne agricole a été sauvée in extremis de la catastrophe. La sècheresse qui a per-duré entre les mois de novembre et février était dure à supporter et exceptionnelle par rapport à la saison. Cette faible pluviométrie a engendré une flambée des prix de quasiment tous les produits agricoles, y compris l’aliment de bétail. Mais les dernières pluies, bien réparties dans l’espace et dans le temps, ont redonné espoir et redressé quelque peu la situation. Quant aux résultats prévisionnels de la saison, le wali de Bank Al-Maghrib, dans sa dernière rencontre avec la presse, a avancé une récolte de 38 millions de quintaux. Ce chiffre peut être revu légèrement à la hausse ou à la baisse selon les conditions météorologiques au cours des mois d’avril et début mai. En tout cas, c’est une année nettement en deçà de la moyenne, soit 54% inférieure aux 70 millions de quintaux arrê-tés par le ministère des Finances dans le cadre de la LF 2016. Toutes les hypothèses du gou-vernement, qui entame la der-nière ligne droite de son mandat, seront corrigées à la baisse, à commencer par le taux de crois-sance qui a été ramené à 1%, toujours par BAM. La facture ali-mentaire devrait s’alourdir avec pas moins de 800 millions de dollars d’importation uniquement pour le blé, sans compter les autres produits agricoles impac-tés par la contre-performance de la campagne. Cette tendance à la baisse devrait influencer la balance commerciale du fait des importations qui reprennent ces derniers temps. Dans le monde rural, c’est un climat de soulagement relatif marqué par la prudence qui se manifeste chez les fellahs. «Nous avons vécu, il y a deux mois, une période difficile. Nous étions confrontés à couvrir les charges liées à l’alimentation de bétail. Plusieurs exploitants n’ayant pas pu y faire face ont cédé tout ou partie de leur trou-peau. Les actions entreprises pat l’Etat consistant à distribuer de l’orge subventionné ont eu des effets limités. Les quotas destinés à chaque éleveur sont très réduits. Une quantité qui ne peut satisfaire tous les besoins. Heureusement que les dernières pluies ont enrichi les parcours naturels», souligne un exploitant de la région de Benslimane. L’élevage reste le secteur le plus vulnérable et le plus touché rapidement et directement par les aléas climatiques. La céréa-liculture, en tant que filière plus importante, est la plus sensible aux caprices de la météo. Les structures de production de cette activité sont sous l’effet de contraintes climatiques, techniques et structurelles qui peuvent entraver la mise en valeur des terres agricoles. Les conditions climatiques, notam-ment la pluviométrie, constituent l’élément principal dans le rai-sonnement des stratégies des agriculteurs vis-à-vis des risques de production. L’engagement dans l’utilisation des facteurs d’intensification est décidé par la majorité des producteurs en tenant compte de ces condi-tions. Sans pluie, le producteur préfère, en général, cesser les dépenses liées à la protection phytosanitaire et à la fertilisation. En conséquence, l’impact de la sécheresse peut être aggravé, alors que des interventions rai-sonnées, notamment en matière de lutte contre les mauvaises herbes, peuvent augmenter les rendements constatés.
Baromètre du secteur
Les superficies emblavées en céréales stagnent autour de 5 millions d’ha, soit près de 60% de la Superficie agricole utile (SAU). Cependant, si l’on tient compte de la jachère, qui est principalement liée aux systèmes de produc-tion céréaliers, la superficie peut atteindre 75% de la SAU. Les céréales sont pratiquées dans les différentes zones agro-climatiques du pays en assole-ment avec d’autres cultures annuelles représentées essentiellement par les légumineuses, les cultures industrielles et les cultures fourragères. Les prin-cipales régions de production se situent dans les zones pluviales des plaines et plateaux de la Chaouia, Abda, Haouz, Tadla, Gharb et Saïss où la grande majorité des exploitations pratique la céréaliculture, quelle que soit sa taille.
Charaf Jaidani