Par C. Jaidani
L’agriculture est un secteur phare de l’économie nationale. Elle a un impact déterminant sur la croissance, la création d’emploi et l’investissement. Elle a aussi des effets d’entraînement sur plusieurs autres secteurs. Le secteur a connu une nouvelle impulsion avec la Plan Maroc Vert (PMV) en termes de productivité, d’amélioration de la qualité, de valorisation des produits et des exportations. Avec «Generation Green» qui cible la période 2021-2030, elle veut entamer une nouvelle ère en accordant la priorité aux jeunes et à l’innovation.
Dans ce cadre, un webinaire a été organisé sous le thème «Le futur de l’agriculture au Maroc». Dans son intervention, Mouhsine Lakhdissi, co-fondateur et CTO d'Agridata Consulting, a mis en évidence les atouts de la technologie pour développer l’agriculture. «Le secteur est considéré par les Nations unies comme vital, à l’instar de la santé et l’enseignement. Dans le monde, il y a beaucoup d’innovations pour répondre à des problématiques techniques et économiques, notamment au niveau de la traçabilité, l’utilisation des fertilisants, l’irrigation, le rendement de la terre», explique-t-il.
Durant les 5 dernières années, beaucoup de travail a été réalisé au niveau des start-up et des programmes de soutien à l’innovation, avec l’ambition de faire émerger une agriculture performante, notamment au niveau de la maîtrise des ressources hydriques. Le digital est aussi approprié pour gérer les ressources humaines et naturelles.
«La technologie des capteurs a permis d’avoir une multitude de données comme l’humidité, la salinité et le niveau des intrants, et d’intervenir au moment opportun. Plusieurs start-up ont été créées pour trouver des solutions à ces problématiques et diffuser les meilleures pratiques au Maroc. Les drones permettent de capter des images et de mieux gérer les exploitations. On note également le déploiement de l’intelligence artificielle, qui est défendue par la stratégie Generation Green. Cette stratégie permet de lancer des exploitations dans un environnement hostile à l’image du désert marocain», explique Lakhdissi.
Pour sa part, Faissal Sehbaoui, Directeur général d'AgriEdge, a mis en exergue les défis relevés par l’agriculture grâce aux nouvelles technologies. Des innovations qui ont donné des résultats probants dans les pays digitalement avancés.
«Le Maroc est confronté à plusieurs défis, comme la croissance démographique. Le nombre d’habitants est en perpétuelle augmentation, alors que celui des terres est stagnant. Il faut donc produire plus avec moins de terres arables. Les nouvelles technologies assurent une meilleure productivité et aident à la prise de décision, comme la date des semis, des moissons, de la fertilisation. Utiliser les intrants avec modération et efficience est donc recommandé. Au niveau de l’irrigation, la technologie assure un meilleur déploiement des intrants afin d’obtenir un rendement optimum», souligne Sehbaoui.
L’intervenant a relevé également le défi de l’utilisation rationnelle des ressources naturelles et celui de faire face aux changements climatiques. Hamza Rkha, fondateur de Sowit, une start-up travaillant avec les agriculteurs pour optimiser leur rendement au niveau des semis, des récoltes et de l’irrigation, a noté l’existence d’un frein dans le business model construit pour l’agriculture. Il y a beaucoup de goulots d’étranglement, surtout pour les petits exploitants. Ce qui incite à chercher des solutions adaptées pour l’agriculture nationale et prendre en compte les spécificités de chaque région.