C’est un pays africain avec lequel le Royaume du Maroc entretient des rapports historiques d’amitié, de fraternité et de respect mutuel, qui est à l’honneur dans quasiment tous les évènements dédiés à l’Afrique. Le Sénégal, ou pays de la Téranga, est devenu depuis quelques années la destination d’investissements marocains importants, et ce dans différents secteurs. Le Plan Sénégal émergent, lancé en 2013 par le Président sénégalais Macky Sall, fournit de nouvelles opportunités d’investissement à saisir. Pour SEM Amadou Sow, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal à Rabat, les deux peuples ont une histoire culturelle et religieuse de plusieurs siècles, voire millénaire !
Finances News Hebdo : L’intérêt du Maroc pour le Sénégal n’a pas besoin de preuves, comme en témoigne le fait que votre pays est à l’honneur dans quasiment tous les évènements marocains dédiés à l’Afrique, ou encore le choix du Sénégal comme première étape de quasiment toutes les tournées royales en Afrique.Comment percevez-vous cet intérêt ?
SEM Amadou Sow : Le Sénégal et le Maroc ne sont pas que des pays amis, mais des pays alliés. Un Chef d’Etat sénégalais disait autrefois que «si le Sénégal et le Maroc avaient une frontière commune, ils constitueraient un seul pays». Cela signifie que des liens séculaires extrêmement denses ont été entretenus et n’ont souffert à aujourd’hui d’aucune ride. SM le Roi commence toujours ses tournées royales en Afrique par le Sénégal, parce que c’est un pays qui compte pour le Maroc, comme le Royaume compte pour le Sénégal. Lors de son dernier séjour à Dakar, le Roi Mohammed VI a demandé à tous les investisseurs marocains de mettre le cap sur l’Afrique, et sur le Sénégal en particulier. La réaction ne s’est pas fait attendre, puisqu’aujourd’hui nous constatons que les investisseurs marocains sont très présents sur le territoire sénégalais et dans l’économie sénégalaise à travers les banques, les assurances, les sociétés immobilières, des sociétés de montage de véhicules… Bref, dans tous les secteurs, notamment dans la santé. Cela signifie aussi que les relations entre les deux pays ne sont plus cantonnées dans le culturel, cultuel ou politique, mais ont évolué vers l’économique. Cela constitue un partenariat qui peut servir d’exemple pour le reste du continent.
F.N.H. : Justement, quelles sont les opportunités d’investissement que présente le Sénégal et qui sont à même de consolider davantage les relations économiques entre les deux pays ?
S. A. S. : Au Sénégal, le Chef de l'Etat, Macky Sall, a mis en place le Plan Sénégal émergent qui, à l’horizon 2030, permettra au pays d’atteindre l’émergence. Ce plan est constitué d’un ensemble de projets structurants et qui embrassent pratiquement tous les secteurs d’activité. Prenons l’exemple du secteur énergétique où nous accusions un déficit énorme. Aujourd’hui, avec le mix énergétique mis en place, le développement des énergies renouvelables, l’éolien, le solaire … sont autant de secteurs en chantier où le Maroc a une grande avance et où il pourrait contribuer largement. Je pense particulièrement à la centrale solaire Noor qui fait partie des plus grands projets d’énergie solaire dans le monde et qui pourrait être exportée vers le Sénégal en créant des synergies dans ce secteur entre les deux pays.
Il se trouve également, dans le secteur de l’énergie, que l’ONEE et la Senelec (Société nationale d’électricité du Sénégal) travaillent en étroite collaboration depuis plusieurs années et gèrent nombre de projets en commun. Lors de sa dernière visite au Sénégal, SM le Roi Mohammed VI s’est rendu aux fins fonds du pays en présence du président Macky Sall pour inaugurer un projet réalisé par une société marocaine pour l’électrification rurale.
F.N.H. : Les investisseurs marocains sont également présents dans le secteur de l’immobilier …
S. A. S. : Effectivement, tous les grands de l’immobilier marocain sont présents à Dakar à travers d’importants projets. Je citerai également le domaine pharmaceutique où des sociétés marocaines sont venues s’installer sur le marché sénégalais en créant des unités de production, mais également des emplois, participant ainsi au Plan Sénégal émergence.
Plus récemment, un important projet de renouvellement du parc gros porteurs a été remporté et sera géré par une entreprise marocaine…
Je peux vous citer à l’infini des exemples de partenariat de cette nature, pour dire que la coopération économique entre les deux pays progresse fortement, voire enregistre une expansion fulgurante. C’est peu de dire que nous nous en réjouissons !
F.N.H. : Tant mieux ! Mais si le politique et l’économique se portent à merveille, comment promouvoir ce rapprochement entre les deux pays et les deux peuples, notamment sur le plan culturel et religieux ?
S. A. S. : Les relations entre les deux peuples datent de plusieurs siècles, d’aucuns vont même jusqu’à dire qu’elles sont millénaires ! D’ailleurs, les premiers érudits sénégalais ont été formés ici au Maroc, à l’Université al Qaraouiyine, et dans d'autres Medersas de la ville de Fès. L’Islam, tel nous le pratiquons, vient du Maroc, et la Zaouia Tijania à Fès fait l’objet d’une attraction des Sénégalais en permanence ! Tout cela pour dire que les populations sont même en avance sur la consolidation des relations entre les deux pays.
Mais il faut toujours aller de l’avant. Surtout dans ce monde d’aujourd’hui où l’Islam est jeté en pâture à cause de quelques extrémistes. Je pense que l’initiative de SM le Roi du Maroc de former des imams, de préparer des prêcheurs pour encadrer les jeunes afin de résister à la tentation de l’extrémisme est une excellente chose.
SM le Roi, aussi bien au Sénégal, au Mali qu’en Guinée, a rassemblé des érudits pour en faire des imams ! Sur le plan cultuel, les choses progressent bien, à la satisfaction de tout le monde !
Propos recueillis par S.Es-siari et I. Bouhrara