Afrikcity : «Le PNB d’ABI devrait représenter 35% du PNB du Groupe BCP à l’horizon 2020»

Afrikcity : «Le PNB d’ABI devrait représenter 35% du PNB du Groupe BCP à l’horizon 2020»

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Relais de croissance du Groupe Banque Centrale Populaire en Afrique subsaharienne, Atlantic Business International (ABI) est dans une dynamique de développement soutenue depuis trois ans. Avec des ambitions clairement circonscrites : être un groupe financier de référence, que ce soit dans la banque, les assurances ou encore la microfinance. Ce que confirme, dans cet entretien accordé à Finances News Hebdo, Souleymane Diarrassouba, Directeur général du Groupe ABI.

Finances News Hebdo : Atlantic Business International est officiellement entré en acti­vité en septembre 2012, trois mois après le partenariat signé entre le Groupe BCP et AFG. Aujourd'hui, avec le recul que vous avez, quel a été l'apport de la BCP en termes d'expertise et d'approche du marché ban­caire de l'UEMOA ?

Souleymane Diarrassouba : Sur les 3 dernières années, le groupe ABI a enregistré une amélioration sensible de tous ses indicateurs pertinents, aussi bien le total des dépôts clientèle, le total des emplois clientèle que le produit net bancaire. De même, cette période a enregistré une amélioration de la qualité du portefeuille, marquée par un net recul du poids des créances en souffrance de même qu’une amé­lioration de l’efficacité opérationnelle traduite par la baisse continue du coefficient d’exploitation. En résumé, l’apport de la BCP s’est traduit par une amélioration de nos processus métiers, un renfor­cement de la gestion globale des risques, un appui au niveau du retail banking, de l’amélioration du système d’information et une meilleure maîtrise de nos charges générales d’exploitation.

F.N.H. : Le Groupe BCP a renforcé sa partici­pation dans ABI pour la porter à 75% contre 65% précédemment. Dans quelle logique s'inscrit cette montée en puissance dans le capital d'ABI ?

S. D. : A l’origine, la participation de la BCP au capital de ABI s’élevait à 50%, qui a été portée assez rapidement à 65%, puis à 74,6% à fin 2015. Cette montée en puissance, comme vous le dites si bien, traduit la confiance du Top Management de BCP en l’Afrique subsaharienne, au potentiel de ABI et valide le choix stratégique du Groupe BCP de faire de ABI son relais de croissance.

F.N.H. : En 2015, la zone UEMOA a pu main­tenir un taux de croissance identique à celui de 2014 (6,6%). Dans un contexte écono­mique pareil, comment se sont comportés les principaux indicateurs du Groupe ABI ?

S. D. : Porté par un contexte économique globale­ment favorable et des synergies intra-groupes, les comptes annuels 2015 du groupe ABI font ressortir des performances notables sur les principaux indica­teurs, en progression par rapport à l’exercice 2014. Le total bilan consolidé du Groupe ABI est en hausse de 16%, tandis que le Produit Net Bancaire s’amé­liore également. Nous avons poursuivi la dynamique de conquête commerciale avec une progression de l’activité d’intermédiation, aussi bien en collecte de dépôts (+21%) qu’en octroi de crédits clientèle (+15%), portée par une hausse du nombre de clients de 13% et du nombre de cartes bancaires de 20%.

F.N.H. : La nouvelle réglementation bancaire dans la zone UEMOA impose aux banques pas moins de 19 services gratuits. Comment percevez-vous cette décision ? Quel impact a eu cette mesure sur vos résultats et com­ment ABI fait-il face à cette nouvelle donne ?

S. D. : Il faut rappeler que cette décision a été prise à la suite d’une concertation entre la BCEAO et la Fédération des associations profession­nelles des banques et établissements financiers de l’UEMOA (FAPBEF-UEMOA) que je préside actuel­lement. L’objectif de cette mesure, à terme, est de rendre plus accessibles les services bancaires aux populations, d’améliorer le taux de bancarisation et de renforcer l’inclusion financière. Il revient donc aux banques de faire preuve de plus d’initiatives et d’ingéniosité pour la couverture de ce Gap ponctuel et de générer des commissions additionnelles. C’est cette approche que nous avons adoptée au niveau de ABI avec un recrutement significatif de nouveaux clients, la mise à disposition de produits innovants à forte dose technologique et la mise en oeuvre d’un plan de transformation orienté retail.

F.N.H. : ABI a incontestablement pris une nouvelle dimension avec l'acquisition de quatre compagnies d'assurances en Côte d'Ivoire et au Togo. Est-ce que vous êtes dans une logique d'avoir des compagnies d'assurances dans tous les pays d'implanta­tion du Groupe BCP, pour développer notam­ment des synergies dans la bancassurance ?

S. D. : Dans la vision du groupe d’être un groupe financier multimétiers, nous envisageons d’être présents dans l’assurance dans chacun de nos pays d’implantation, afin de maximiser au mieux les synergies dans la bancassurance. Le taux de pénétration au niveau des assurances, de l’ordre 2% dans la région, constitue une formidable oppor­tunité et de nombreux axes de synergie entre la banque et l’assurance existent et sont en train d’être mis en oeuvre dans nos entités. Nous avons une stratégie globale, cohérente et bien intégrée de sorte à être le Groupe financier (banque, assurance, microfinance,…) de référence dans chacun de nos marchés.

F.N.H. : Justement, sur le segment de la bancassurance, quels sont vos objectifs à moyen et long termes ? A ce titre, le faible taux de bancarisation dans la zone UEMOA ne constitue-t-il pas un frein à vos ambitions éventuelles dans la bancassurance ? S. D. : Les objectifs que nous nous sommes fixés émanent de notre vision sur le secteur. Depuis que nous avons dans notre giron des compagnies d’assurances généralistes, nous sommes conscients de notre fonction essentielle dans notre marché, qui passe par la protection des assurés et aussi par la participation au financement de l’économie et l’animation des marchés financiers au niveau de la zone UEMOA. Notre vision sur le long terme consiste à s’appuyer sur l’étendue de notre réseau bancaire pour distri-buer les produits bancassurance. Aujourd’hui, notre ambition et notre appétit de s’engager davantage dans la bancassurance sont justifiés par notre pré-sence dans les deux activités. Pour ce qui est du faible taux de bancarisation, il ne constitue pas un frein à nos ambitions, mais plutôt une opportunité dans la mesure où les clés de suc-cès sont aussi nombreuses, hétérogènes et parfois surprenantes. Nous pouvons citer comme facteurs exogènes l’environnement légal et fiscal, l’image de la banque, le comportement des consommateurs ou le taux de pénétration de l’assurance. Les caracté-ristiques des produits commercialisés constituent aussi une clé de succès endogène importante.

F.N.H. : Toujours dans l'assurance, votre modèle de croissance en Afrique subsa-harienne va-t-il seulement se limiter à l'acquisition de structures existantes, selon les opportunités qui se présenteront ? Le déploiement en Greenfield reste-t-il, à cet égard, une solution envisageable ?

S. D. : Notre modèle de croissance dans le secteur des assurances va privilégier l’acquisition de struc-tures existantes. A ce propos, la décision de relève-ment du capital minimum dans la zone CIMA, prise notamment par les autorités de la CIMA, devrait offrir des opportunités d’acquisition et accélérer notre rythme de développement dans l’assurance. Le déploiement en Greenfield pourrait être cependant envisageable pour 1 ou 2 pays.

F.N.H. : Vous avez récemment été reçu par le Président du Burkina Faso. Concrètement, quelles sont les actions que vous comptez déployer dans ce pays, que ce soit dans le domaine bancaire, des assu-rances ou de la microfinance ?

S. D. : J’ai eu l’honneur et le privilège d’être reçu par Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kabore, en marge de la célébration des 10 ans de la Banque Atlantique-Burkina Faso. Nous avons, d’une part, remercié le Président de la République pour tout le soutien apporté par les autorités du pays à notre filiale au cours de ces 10 dernières années, fait le bilan satisfaisant de la banque, des activités du Groupe BCP et, d’autre part, il nous a fait partager sa vision économique et quelques projets importants de son Programme de développement économique du Burkina Faso. Nous avons pris l’engagement de poursuivre le financement de l’économie burkina-bèe et de participer au renforcement de l’inclusion financière avec la création prochaine d’une filiale de Atlantic Microfinance For Africa au Burkina Faso.

F.N.H. : La BCEAO table sur une progres-sion du PIB réel de l'Union de 6% en 2016. Compte tenu de cette conjoncture éco-nomique, quelles sont vos projections en termes de résultats pour cette année ?

S. D. : Au titre de l’année 2016, nos ambitions sont à la hauteur de l’énorme potentiel de développement dans l’activité bancaire dans la zone UEMOA. Nous prévoyons une hausse des dépôts clientèle de 17%, une évolution des crédits à la clientèle de 15%, un bond du PNB de 15% et une amélioration de l’efficacité opérationnelle, qui devrait se traduire par une baisse du coefficient d’exploitation de plus de 2 points de pourcentage.

F.N.H. : Enfin, dans le cadre du plan Elan 2020, le Groupe BCP compte doubler ses prin-cipaux indicateurs à l'horizon 2020. Comment devraient évoluer les principaux indicateurs commerciaux et financiers (dépôts, PNB, résultat net...) d'ABI à cette échéance ?

S. D. : Dans le cadre du plan Elan 2020, le péri-mètre ABI devrait s’élargir pour couvrir entre 15 et 20 pays à l’horizon 2020. Le PNB devrait plus que doubler sur la période pour représenter environ 35% du PNB du Groupe BCP et le total bilan devrait atteindre 110 Mds de dirhams.

Propos recueillis par David William

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