Le Centre de recherche et d’études géostratégiques, Atlantis, co-organise avec le Forum international des technologies de la sécurité, FITS, l’Africa Security Forum 2018, rencontre annuelle qui réunit les acteurs les plus influents du domaine de la sécurité et de la défense à l’échelle internationale.
Au menu de cette troisième édition : comment redéfinir les axes de la coopération internationale face aux menaces endogènes et exogènes du 21ème siècle.
Nous avons demandé à Driss Benomar, président d’Atlantis et expert des problématiques sécuritaires, ce qu’il attendait de ce forum.
Finances News Hebdo : Qui est Atlantis, le think tank à l’origine du 3ème Africa Security Forum (ASF) ?
Driss Benomar : Atlantis est un think tank basé à Casablanca, indépendant politiquement, intellectuellement et financièrement, qui est opérationnel depuis 2015. Nous y discutons 3 grandes thématiques, à savoir les questions de sécurité et de défense, celles de la sécurité alimentaire et celles de la sécurité énergétique.
Nous avons autour du think tank plusieurs experts nationaux et internationaux qui participent avec nous à des discussions afin de faire ressortir les thématiques prégnantes de l’année. Nous comptons parmi nous des profils pluridisciplinaires, d’anciens experts de la défense, du renseignement, de la police, mais également d’anciens diplomates, des financiers, car les problématiques que nous traitons sont transverses.
F.N.H. : Quel est le thème principal de cette édition 2018 de l’ASF ? Et pourquoi ce choix ?
D. B. : Lors des deux précédentes éditions de l’ASF, nous nous sommes focalisés sur la défense et la sécurité. Pour cette année, le thème principal du forum est «La redéfinition des axes de la coopération internationale face aux menaces du 21ème siècle». Trois sous-thèmes d’actualité seront traités dans ce cadre. Le premier concerne la migration et le développement économique. Nous voyons ce qui se passe malheureusement dans le bassin méditerranéen, mais aussi en Amérique du Sud, avec ces milliers de migrants qui essaient d’aller aux Etats-Unis. C’est un problème que l’on retrouve aussi en Asie.
Le deuxième sous-thème qui sera discuté est celui de la cybersécurité et de la cyberdéfense, avec un focus sur le Big Data et l’e-réputation. De plus en plus, les menaces se passent à travers Internet. Les déstabilisations d’infrastructures se font de plus en plus via le Web. On a tous constaté ces derniers temps les nombreuses tentatives de déstabilisation d’élections à travers le monde, et pas seulement aux Etats-Unis. Il faut savoir aussi que le Dark Web représente plus de 80% du réseau Internet. Les 20% restants ne sont que la partie visible du réseau.
Les problématiques de cyber-terrorisme et de cyber-délinquance impactent fortement aussi les pays du Sud, leurs régimes, leurs domaines stratégiques économiques ou politiques, leurs grandes entreprises ou leurs hommes d’Etat, car ils ne sont que peu ou pas préparés à faire face à ce type de menaces et les effets en sont d’autant plus démultipliés.
Le troisième sous-thème porte sur l’extrémisme et la lutte contre la radicalisation. C’est un thème toujours d’actualité. Nous en avions déjà parlé lors de la précédente édition de l’ASF. Mais nous avons senti qu’il y a encore un besoin d’une discussion plus ouverte, avec notamment des experts qui viennent d’autres continents. C’est ainsi que nous aurons cette année des experts en provenance de Russie, de Chine, de Turquie et aussi du Canada, pour élargir notre champ de réflexion.
F.N.H. : Vous évoquez des problématiques mondiales. Est-ce facile de trouver des solutions globales à ces questions ?
D. B. : Ce n’est pas facile. Chaque pays a sa propre législation. Il y a des questions de souveraineté qui entrent en jeu, mais aussi des considérations de moyens, de savoir-faire aussi. La coopération est facile à dire, mais au quotidien ce n’est pas si simple. Il faut avoir l’envie de coopérer, savoir avec qui on coopère. Ce sont des points qu’il faut discuter pour pouvoir faciliter cette coopération entre Etats, mais aussi entre organismes, entre directions, etc. afin de pouvoir plus facilement demander un appui ou une information. Il faut coopérer différemment que ce qui se fait déjà en matière de police avec Interpol, un organisme qui marche très bien d’ailleurs.
Il faudrait peut-être avoir des centres régionaux ou sous-régionaux pour pouvoir aller plus vite. Car les problématiques d’Afrique centrale sont différentes de celles que l’on trouve en Afrique de l’Est ou encore au Moyen-Orient. Il faut réussir à trouver un mode de coopération adéquat à chaque région. Ce n’est pas facile, mais c’est de plus en plus nécessaire. ■
Propos recueillis par A.E
Du très lourd attendu à Rabat
Des représentants de l’Otan, des Nations unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, d’Interpol, de la Banque mondiale ainsi que de la Banque africaine de développement sont attendus à Rabat pour prendre part à l’Africa Security Forum 2018. Le Forum accueillera aussi plus de 50 pays, dont 35 pays africains, ainsi qu’une vingtaine de think tanks internationaux. Représentants gouvernementaux, autorités ministérielles, hauts responsables des administrations, chercheurs et experts de la société civile et grandes entreprises publiques et privées seront également de la partie.