La Cour des comptes a réalisé en 2017 une mission de contrôle de la gestion ayant porté sur les aéroports au Maroc. Cette mission a porté sur la période de 2005 à 2015 et s’est assignée comme objectif d’apprécier la gestion et la conduite des projets d’investissement aéroportuaires.
Parmi les dysfonctionnements relevés (non respect du schéma directeur, investissements sans planification préalable, imperfections en matière de constitution de réserves foncières, retards, etc.), l’un d’entre eux retient particulièrement l’attention : il s’agit du dépassement important des budgets prévus pour les projets d’investissement aéroportuaires menés par l’Office national des aéroports (ONDA). L’écart entre ce qui a été programmé et ce qui a été effectivement déboursé atteint 1,8 milliards de DH selon le rapport de la Cour des Comptes (Tableau ci-dessous).
Source : rapport 2016-2017 de la Cour des Comptes
La Cour des Comptes attribue ce surcoût aux «difficultés en matière d’estimation des coûts liés à la réalisation des projets aéroportuaires ajoutées aux imperfections conceptuelles et au faible suivi des chantiers». Ceci a conduit, dans quatre projets aéroportuaires (sur un total de sept projets examinés), au dépassement des enveloppes budgétaires qui leur sont allouées.
Des ascensceurs achetés...pour rien
Le dépassement enregistré au niveau du projet d’extension et de réaménagement du terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca est particulièrement élevé (740 MDH), note la Cour des Comptes. En effet, ce projet constitue, avant même qu’il soit livré, l’installation terminale la plus chère de l’Office avec un coût global provisoire, arrêté à fin 2017, à 1,9 MMDH.
Ce coût, souligne le rapport de la Cour des comptes, est bien supérieur à celui de la construction de nouveaux terminaux de capacités équivalentes, en l’occurrence le terminal 3 de l’aéroport de Marrakech-Ménara (1,47 MMDH) et le terminal 2 de l’aéroport de Casablanca (1 MMDH), alors qu’il ne s’agit que d’un projet d’extension-réaménagement.
Le rapport ne manque pas de donnés des cas ubuesques de gaspillage de l’argent public, liés essentiellement à une «instabilité en matière de conceptions architecturales des projets aéroportuaires».
C’est le cas notamment du projet d’extension et de réaménagement du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca qui a été marqué par des anomalies en matière de conception ayant donné lieu à une succession de décisions de modifications. Ces changements de conceptions en cours de réalisation du projet ont rendu difficile l’installation de certains équipements commandés, conformément à la version initiale du projet. La durée liée au blocage du projet, et ensuite à sa redéfinition, les a rendus, dans leur majorité, inutilisables, en essuyant la perte financière qui en découle dont le montant a atteint près de 40,7 MDH ! On apprend ainsi (voir tableau ci-dessous) que 8 ascenseurs pour une valeur de 3,2 millions de DH, 8 escaliers mécaniques (7 millions de DH) et 4 trottoirs roulant 30 mètres ont été commandés, payés mais ne seront pas utilisés…
Source : rapport 2016-2017 de la Cour des Comptes