La grande transition du système socioéconomique sur le plan mondial, l’émergence de la problématique de la valeur, l’explosion des demandes pour les droits de propriété intellectuelle… sont des éléments de réponse à l’importance du capital immatériel. Sa comptabilisation fait désormais partie des priorités.
Dans son dernier discours à la Nation à l’occasion de la fête du Trône, le Souverain a insisté sur l’importance de l’actif immatériel (AI) comme critère fondamental dans l’élaboration des politiques publiques. Depuis, analystes, chercheurs et différents corps de métier mettent en exergue l’actif immatériel au coeur de leurs travaux. L’actif immatériel participe à la création de la richesse d’une entreprise sans pour autant apparaître dans son bilan. La valorisation de cet actif incorporel n’est pas aussi systématique, elle est plus une déduction ou un gap entre le capital théorique et la richesse créée. Toutefois, telle qu’elle est conçue, la comptabilité nationale, dans son approche classique, identifie et valorise ce qui est comptabilisable et écarte ce qui ne l’est pas. Or, il est désormais communément reconnu que la comptabilisation de l’information non-financière revêt une grande importance. Les normes comptables internationales définissent un actif matériel ou immatériel comme étant «identifiable, procurant des avantages et pouvant faire l’objet d’un suivi ou d’un contrôle». En 2005, les normes IFRS commençaient à comptabiliser l’incorporel. Et en 2007, a été créée l’agence des actifs immatériels de l’Etat. Face aux actifs qui créent de la richesse, mais qui ne sont pas reconnus comptablement, nos experts-comptables, conseillers privilégiés de l’entreprise, ont du pain sur la planche. Il s’agit de distorsions auxquelles la recherche en matière comptable doit trouver des solutions. En dehors de la valorisation du concept, ils sont appelés à sensibiliser les acteurs à l’importance du capital immatériel, à sa valorisation et à sa sécurisation en vue d’assurer le développement de l’entreprise. Cet exercice de valorisation s’avère nécessaire parce qu’il permet d’évaluer les composantes des richesses, y compris le capital humain (innovation, recherche et développement, motivation), celui de confiance et le capital institutionnel (gouvernance, organisationnel, climat des affaires...). C’est un potentiel à valoriser pour en faire un levier de compétitivité et d’émergence pour notre pays. Aussi, l’information et l’innovation sont-elles deux dimensions importantes de l’actif immatériel qui restent difficiles à quantifier. Le problème est que l’entreprise ne dispose pas encore d’outils adaptés à cet actif et a du mal à définir ses frontières sans cesse mouvantes. La valeur d’une entreprise et son utilité sociétale ne devraient se limiter à sa valeur comptable. Il faut compléter la valeur comptable traditionnelle d’indicateurs de valeurs plus en phase avec les besoins réels du pilotage des entreprises.
S. Es-Siari